Cameron s'achemine vers des discussions difficiles à Bruxelles

41% des électeurs britanniques souhaitent quitter l'UE


Mercredi 16 Décembre 2015

David Cameron tentera de donner une impulsion décisive aux réformes qu'il exige de l'Union européenne (UE) lors d'un sommet à Bruxelles jeudi et vendredi, mais son projet de priver les citoyens européens de prestations sociales rencontre une vive opposition.  Le Premier ministre britannique a admis qu'il ne pensait plus voir ses demandes aboutir lors de ce sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, comme il l'espérait initialement - le président du Conseil européen Donald Tusk a dit tabler désormais sur un accord en février - afin de pouvoir organiser au plus tôt le référendum qu'il a promis sur l'appartenance du Royaume-Uni au club des 28. Et ce avant la date limite de fin 2017 qu'il s'est fixée.
 Selon un sondage publié lundi, 41% des électeurs britanniques souhaitent quitter l'UE, tandis que 42% veulent y rester, les autres étant indécis.  Si M. Cameron a fixé quatre axes de renégociation, la principale pomme de discorde semble résider dans celui censé lui permettre de ralentir l'immigration en provenance de l'UE, en particulier des pays de l'Est, qui atteint des niveaux records et constitue une préoccupation majeure des Britanniques, selon les sondages.
Ses partenaires, malgré une tournée destinée à les convaincre, ne veulent pas entendre parler de la privation pendant quatre ans des allocations pour les migrants, jugeant qu'elle remet en cause le principe d'égalité de traitement des ressortissants européens et, par extension, leur liberté de circulation.
 "Il y a des sujets sur lesquels nous ne sommes pas d'accord", a dit la semaine dernière la Première ministre polonaise Beata Szydlo, alors que le contingent d'immigrants polonais au Royaume-Uni est le plus important d'Europe - 850.000 selon l'Office national des statistiques britannique.
Face à cette résistance, M. Cameron, qui a déjà revu sa copie plusieurs fois, serait encore prêt à lâcher du lest, ont affirmé plusieurs journaux britanniques durant le week-end.
 Downing Street a démenti, mais les tabloïds n'étaient pas tendres lundi pour M. Cameron, accusé de capituler par le Daily Express qui parle d'"humiliation". "Montre-toi ferme, Dave", l'a admonesté le Daily Mail, tandis que le Sun estimait qu'il était en train de "quémander une autre solution (auprès de ses partenaires) pour faire reculer l'immigration".
 Dans les rangs eurosceptiques de son camp conservateur, la clémence n'était pas non plus de mise envers le Premier ministre, accusé de vouloir négocier a minima.
 Le maire de Londres Boris Johnson, qui ambitionne de succéder à M. Cameron à la tête du parti, a estimé que Bruxelles avait "claqué la porte au nez" de sa "modeste" proposition et qu'il y a urgence à "regagner le contrôle de nos frontières", dans le Daily Telegraph.
 Pour Owen Paterson, ex-ministre eurosceptique, le Royaume-Uni s'est vu promettre "un changement total" de sa relation avec l'UE par M. Cameron, qui semble aujourd'hui embarqué "sur un canot ballotté à la remorque du grand ferry" UE.
 Des responsables polonais ont appelé Londres à proposer des "solutions créatives" pour rapprocher les positions.
 Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond a estimé lundi que ces solutions alternatives devaient venir des partenaires européens.  "Nous avons très clairement signifié que si certains avaient d'autres idées efficaces sur ce dossier très important pour les Britanniques, nous sommes absolument prêts à les écouter, et nous sommes prêts à dialoguer", a-t-il dit.
Une possibilité pourrait résider dans un système de frein d'urgence, selon des sources diplomatiques à Bruxelles - une clause spéciale qui permettrait à la Grande-Bretagne de limiter l'immigration au cas où les services publics britanniques seraient débordés.
 Une alternative serait de priver les jeunes Britanniques des aides sociales, au même titre que les migrants, selon John Springford, du centre de réflexion Centre for European Reform.
 Thierry Chopin, directeur des études de la Fondation Robert Schuman, souligne toutefois que "la libre circulation a un impact plutôt limité sur les systèmes nationaux de sécurité sociale", et que se focaliser dessus constitue "un discours de nature populiste".
 Selon lui, les Britanniques devraient aussi se méfier d'"une deuxième ligne rouge", concernant cette fois leur volonté de supprimer le caractère obligatoire de l'adoption de la monnaie unique, qu'il estime "pas acceptable pour les autres Etats membres".


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