Le beau bébé d'un 1,96 m pour 94 kg, né à Trelawny dans le Nord de la Jamaïque, n'en finit plus de grandir en même temps que sa collection de trophées.
Sextuple champion olympique et sextuple champion du monde des 100, 200 et 4x100 m, recordman du monde sur ces trois distances, Bolt aura encore l'occasion de glaner deux autres titres mondiaux avant la clotûre le 18 août, sur le demi-tour de piste et le relais.
En cette année post-olympique, le roi du sprint réalise ses rêves de gosse en surfant sur sa classe, puisque ses adversaires sont au tapis sur blessure ou dopage. Mais pourra-t-il continuer ainsi ?
Depuis son éclosion aux Jeux de Pékin en 2008, Bolt promène partout son incroyable décontraction. Sur les affiches publicitaires qui ont fait de lui un homme riche (une vingtaine de millions de dollars de revenus par an), en bout de piste quand le public n'a d'yeux que pour lui, Bolt grimace, fait son signe de l'Eclair et gagne, toujours, à la fin.
L'autolégende proclamée, née pour le show, a toujours préféré la sueur des discothèques à celle de l'entraînement. DJ à ses heures, amoureux de la vie, Bolt a besoin de respirer autre chose que l'odeur surchauffée du tartan.
Bolt est la +Foudre+ tombée sur le monde de l'athlétisme, du pain béni pour ce sport et ses responsables.
Mais progressivement, derrière l'image marketing se dessinent les contours d'un génie précoce devenant homme mûr. La courbe du temps oblige le prodige à réfléchir.
Son discours se tourne désormais résolument vers Rio-2016, où il veut réaliser un +triple-triplé+, du jamais vu. Il parle d'héritage, de trace à laisser dans l'histoire, comme une traduction plus adulte dans sa volonté d'être une légende.
Alors Bolt agit en professionnel, gère son corps comme l'exige l'excellence. Et sait se mettre au travail quand il le faut, car il n'oublie pas qu'il en a besoin.
Le travail lui permet de gommer chaque jour le centimètre de différence - 1,4 exactement - entre sa jambe droite trop courte et sa gauche. Cette scoliose, ce déséquilibre du bassin dont il souffre depuis toujours, devait être un frein à sa longévité. On en rit encore.
L'an prochain, la saison 2014 n'offre aucun rendez-vous planétaire du même acabit que les JO ou les Mondiaux. Il pourrait être à l'affiche des nouveaux championnats du monde de relais début mai, ainsi qu'aux Jeux du Commonwealth à Glasgow du 23 juillet au 3 août, pour y combler la seule lacune de son prestigieux palmarès.
En 2015, avec les Mondiaux de Pékin, il pourra mettre en perspective les Jeux de Rio-2016, son objectif ultime.
Au pays du foot, et alors qu'il fêtera très exactement ses 30 ans au dernier soir de ces JO, il sera temps pour lui de raccrocher les pointes, pour chausser, peut-être, les crampons. "Je crois qu'après Rio je prendrai ma retraite simplement et je verrai si je suis bon au foot", a-t-il expliqué. Comme une reprise en mains de sa destinée par un nouveau rêve de gosse.