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Le Maroc, client historique de la France
En effet, le Maroc est un client historique de la France comme c’est le cas pour l’Algérie, l’Egypte ou encore la Chine, toujours très demandeuse de céréales pour nourrir son bétail. L’année dernière, le Maroc a énormément souffert de la sècheresse et s’est retrouvé beaucoup plus dépendant des importations françaises de blé. Ces achats ont presque été multipliés par dix dans les premiers mois de cette campagne en comparaison avec l’année précédente. La France a ainsi exporté 1,6 million de tonnes de blé vers le Maroc sur les 5 premiers mois de la campagne 2022/23 contre 0,14 million de tonnes seulement sur la campagne 2021/22.
A rappeler que la France est le 1er producteur européen et le 5ème producteur mondial de blé tendre. Elle produit chaque année 34 millions de tonnes de blé (2022) et exporte la moitié de cette production, vers l’Union européenne (50%) et des pays tiers. Le solde agricole français a établi, l’an dernier, un excédent historique de 4,8 milliards d’euros (3,9 milliards en 2021), deux fois et demie supérieur à sa moyenne entre 2000 et 2021, selon les douanes.
Selon le ministère de l’Economie, l’essentiel de cette amélioration est porté par le dynamisme des exportations de céréales : blé, maïs et orge. Les ventes de blé, qui ont presque doublé par rapport à 2021, expliquent à elles seules près des trois quarts de la hausse du solde agricole. A noter également que cette hausse a été liée à l’augmentation du prix du blé exporté (46%) ainsi qu’à un accroissement des volumes exportés (25%). Conséquence de la guerre en Ukraine, les cours des céréales, et notamment du blé, ont flambé, au printemps, à 400 € la tonne de blé tendre. Un plafond qui n’avait pas été atteint lors de la crise financière de 2007 (280 €/t). Mais les prix n'expliquent pas tout, la France a aussi augmenté ses volumes d'exportation. En particulier ceux du blé tendre : les exports ont fait un bond de 25% sur l’année civile, selon Intercéréales, l’interprofession des céréales françaises.
L’Ukraine et la Russie comme alternatives
L’Ukraine et la Russie représentent-elles une alternative durable au blé français et européen? Difficile de dire si ces marchés vont se pérenniser. Nombreux sont les spécialistes qui estiment que la réponse dépendra de la disponibilité du blé pour la prochaine campagne. Notamment dans un contexte d’incertitude sur un risque de ralentissement de l’activité économique mondiale, une probable prolongation des corridors humanitaires en zone mer Noire, un fort recul de l’euro face au dollar, une météo enfin tournée à la pluie (notamment en France).
Côté météorologie, on attend dans les plaines aux Etats-Unis des pluies plutôt modestes, sauf dans l’Oklahoma, et on note la persistance d’un déficit hydrique sur les principales zones de production. Même scénario en France et en Allemagne, avec des volumes d’eau toutefois plus importants annoncés cette semaine. Les températures devraient redevenir plus douces sur le Vieux Continent, au-dessus des normales de saison. Quelques précipitations et des températures au-dessus de la normale vont marquer la zone mer Noire. A souligner, cependant, que l’offre de céréales disponibles à l’international est plutôt abondante en ce moment.
Faire jouer la concurrence
Le Maroc a-t-il bien fait de jouer la concurrence ? Dans le monde, 15 pays seulement représentent 80% de la production mondiale de blé, dont la Chine, l’Inde et la Russie qui s’accaparent la moitié de la production, et seuls huit pays –dont la France- réalisent 80% de l’exportation mondiale de blé, selon Sébastien Abis, auteur de « Géopolitique du blé » tout en indiquant que les pays qui en possèdent ne se placent pas systématiquement dans une dynamique de coopération ou de solidarité. Ainsi, la Russie, qui produit entre 70 et 90 Mt de blé par an et en exporte la moitié, adopte « un comportement qui géopolitise le blé » afin d’asservir un certain nombre de pays, « c’est-à-dire que le blé est aussi une façon de faire chanter ces pays pour que sur d’autres sujets, ils se rangent derrière les logiques que le Kremlin veut développer au niveau de l’organisation de la planète», explique Sébastien Abis.
D’autant que les changements climatiques, que la France subit, menacent la production de blé et rebattent les cartes des régions productrices. «Les principales causes de la stagnation des rendements, observée depuis les années 90, sont l’augmentation du déficit hydrique pendant la montaison de la céréale et l’échaudage thermique au cours du remplissage des grains. Ces deux facteurs étant particulièrement craints par la profession agricole puisque les printemps et les étés devraient à l’avenir être de plus en plus chauds et secs », explique François Beauvais, chercheur postdoctoral à l’Université de Caen dans un entretien avec le site environnement-magazine.fr/.
Et de conclure : « Deux scénarios se profilent selon l’efficacité des politiques mises en œuvre pour réduire les gaz à effet de serre (GES). Si aucune politique climatique visant à limiter efficacement les émissions de GES à l’échelle internationale n’est véritablement mise en place et sans modification des dates de semis actuelles, les moissons seront plus précoces : d’ici 2041-2070, autour de la mi-juin pour les sites méridionaux et début juillet pour les sites les plus septentrionaux. Inversement, la limitation des émissions de GES permettrait de maintenir une situation proche de la situation actuelle ».
Hassan Bentaleb