Bis repetita Les PNE se suivent et se ressemblent

Le ciel a fait son boulot, en attendant que les pouvoirs publics aient une visibilité et une stratégie optimales concernant les ressources hydriques


Libé
Lundi 19 Mars 2018

Le Maroc sera doté d’un nouveau plan national de l’eau (PNE) pour les trente prochaines années. Objectif : éviter au pays les problèmes dus à la pénurie de l’eau potable et d’irrigation. L’annonce a été faite par le chef de l’Exécutif lors du Conseil de gouvernement du 15 mars courant, ont rapporté plusieurs organes de presse. 
Mais s’agit-il vraiment d’un nouveau plan qui est en phase d’élaboration ?  Si oui, qu’en est-il  de celui présenté  en février 2015 par la Commission interministérielle de l’eau (CIE) présidée par  l’ex-chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et dont les grandes lignes ont été exposées par Charafat Afilal, ministre déléguée chargée de l’Eau ? Qu’en est-il également du Plan national eau mentionné dans le rapport du Conseil économique, social et environnemental sur la gouvernance par la gestion intégrée des ressources en eau au Maroc datant de 2014 ? Parle-t-on donc du même plan qui a évolué au cours des dernières années ? Ou s’agit-il plutôt d’une révision du PNE puisque celui-ci est établi pour une période d’au moins vingt (20) ans et peut faire l’objet de révisions périodiques tous les cinq ans, sauf en cas de circonstances exceptionnelles (exigeant une modification de son contenu avant cette période) ? Sachant que le PNE est élaboré par le département ministériel chargé de l’Eau sur la base des résultats et conclusions des plans directeurs d’aménagement des bassins hydrauliques (PDAIRE) et qu’il est approuvé par décret, après avis du Conseil supérieur de l’eau et du climat.
Autre question et non des moindres : pourquoi le Maroc cherche-t-il à élaborer une nouvelle feuille de route à l’horizon 2050 avec des objectifs ambitieux alors qu’il s’est doté en 2009 d’une stratégie nationale de l’eau (SNE) innovante et ambitieuse qui a permis à l’Etat d’avoir une feuille de route globale en matière de gestion des ressources en eau et des objectifs chiffrés à l’horizon 2030 ? Ceci d’autant plus que cette stratégie est basée sur la gestion de la demande et la valorisation des ressources en eau, la gestion et le développement de l’offre, la préservation et la protection des ressources en eau, la réduction de la vulnérabilité aux risques liés à l’eau, l’adaptation aux changements climatiques, la poursuite des réformes réglementaires et institutionnelles, la modernisation des systèmes d’information et le renforcement des moyens et des compétences. Des axes qui ressemblent à l’identique à ceux révélés par la ministre déléguée chargé de l’Eau en 2015 tout en précisant que la mise en œuvre du PNE requiert un investissement global de près de 220 milliards de DH et que les  mécanismes de financement des actions de ce plan reposeront aussi bien sur le renforcement des subventions publiques, l’accroissement de l’autofinancement du secteur de l’eau, que sur l’incitation et l’encouragement du secteur privé à investir dans le secteur de l’eau dans le cadre du partenariat public-privé.
Pourtant, s’agit-il d’un nouveau plan ou l’aboutissement de celui de 2015 ou s’agit-il d’une simple révision ? L’analyse du CESE concernant le processus de planification en matière de gestion d’eau a démontré quelques déficits relatifs notamment aux délais excessifs d’élaboration et de validation du Plan national de l’eau et des Plans de développement intégré des ressources en eau (PDAIRE) et l’insuffisance de convergence entre la SNE et des plans sectoriels de quelques secteurs productifs industriel et touristique ainsi que le  déphasage entre les dates de réalisation de quelques barrages et celles des équipements hydro-agricoles des périmètres irrigués situés en aval. Le problème concerne également le choix de sites de quelques barrages dans des zones vulnérables à l’érosion des sols des bassins versants engendrant l’envasement de leurs retenues et la réduction de leur capacité de stockage, et l’aménagement de zones industrielles dépourvues de stations d’épuration des eaux usées… 
De son côté, Baali Sghir, président de l'Association Eau et Energie nous a déclaré que la question de l’eau n’est pas un simple problème qu’on peut résoudre à court ou à moyen terme. Pour lui, il s’agit d’une question qui doit être examinée sur des décennies. «Qu’il y ait un plan national de l’eau ou non, ce n’est pas là la véritable question. Le vrai souci est de savoir si les pouvoirs publics ont de la visibilité par rapport aux ressources hydriques, leur mobilisation, la pollution /dépollution de ces ressources, la préservation des ressources sousterraines et celles stratégiques», nous a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Plusieurs efforts ont été consentis par notre pays en matière de gestion et de préservation des ressources en eau mais on doit les optimiser davantage notamment à travers la mise en œuvre de nos engagements internationaux pris dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Et cela exige de la visibilité au niveau des investissements et la mise en place d’actions d’accompagnement et de suivi ». 
Notre source estime que les dernières contestations déclenchées dans nombreux villes du Royaume à cause de ruptures d’approvisionnement en eau potable donnent matière à réfléchir à nos décideurs. «Ces controverses remettent en cause les efforts mis en place par l’Etat en termes d’infrastructures  et de moyens financiers y afférents et démontrent que le moindre problème conjecturel affecte l’effort en eau », nous a-t-elle précisé. 
Selon le président de l’AEE, la question de la gestion de l’eau au Maroc durera longtemps tant qu’il n’y a pas de coordination entre l’ensemble des départements chargés de gérer les ressources nationales en eau. «Il y a une mauvaise coordination entre les parties concernées comme en atteste le projet du barrage à Taounat et qui traîne depuis longtemps. En plus, notre interlocuteur estime qu’il faut régler le problème de diversification de l’offre par rapport à la demande. «Jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’Etat fixe les priorités au niveau de l’offre et exclut les attentes et les demandes de la population», a-t-il conclu.
 


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