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Ce sommet mondial, qui se poursuivra jusqu'au 22 novembre, vise à évaluer les avancées réalisées en matière de réduction des impacts du changement climatique et à négocier les solutions les plus efficaces pour faire face à ce défi.
Le Maroc qui s’est engagé depuis 1992, de manière significative, dans la lutte contre les effets du changement climatique, prend part à ces travaux. C’est l’occasion pour les responsables marocains de défendre le bilan de notre pays, ses positions et ses attentes en tant que protagoniste qui ambitionne de devenir un acteur régional et international dans la transition écologique. Qu’en est-il donc de ce bilan marocain? Décryptage.
Continuité
Dans une présentation exposée devant les élus de la nation, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a indiqué qu’«en 2024, le pays a poursuivi la mise en œuvre de plusieurs initiatives stratégiques en accord avec ses engagements auprès de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique ». Le ministère de tutelle rapporte notamment « des avancées dans l'élaboration du cinquième rapport national biennal et de la stratégie de décarbonation à l’horizon 2050, qui définit une trajectoire vers une économie à faibles émissions de carbone, en complément d'une plateforme numérique MRV (Mesurage, Rapportage et Vérification) destinée à suivre l’application des Contributions déterminées au niveau national (CDN) et du projet de renforcement des capacités CBIT ».
En outre, la même source a expliqué que « la stratégie marocaine se décline également au niveau régional, avec la création de plans d'adaptation climatique pour les zones de Souss-Massa, Marrakech Tansift, l’Oriental, Béni Mellal-Khénifra et Draâ-Tafilalet. Parallèlement, des efforts sont déployés pour moderniser les systèmes d'information environnementaux à l'échelle nationale et régionale, notamment par le biais du Système national d'information sur l'environnement et le développement durable, qui permet aux partenaires de disposer de données actualisées sur l’état des ressources naturelles et environnementales du pays ».
Le renforcement de cette infrastructure de données s'accompagne, ajoute le ministère, « de travaux de comptabilisation de divers sous-comptes, notamment en matière de couverture des sols, de gestion des ressources en eau, de carbone, et d’infrastructures écosystémiques, soulignant une approche systémique de la gestion environnementale ».
Mobilisation
Sur le plan international, le Maroc s’est distingué par « la mobilisation de près de 37 millions de dollars au travers de la coopération internationale pour financer des projets environnementaux et climatiques. De plus, la diplomatie marocaine s’est intensifiée avec des partenariats stratégiques visant à consolider la position du pays en tant que leader climatique dans la région ».
En 2024, le Maroc a également présidé la sixième session de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement (UNEA 6) et a activé divers partenariats, dont un Mémorandum d'entente pour un partenariat vert avec l’Union européenne et un plan d’action environnemental avec les Etats-Unis (2024-2027).
« La signature d’accords de coopération avec la France, l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud et plusieurs pays africains témoigne de l’étendue de cette diplomatie verte. Le projet du gazoduc Nigeria-Maroc, en cours de discussion, illustre également l’ambition marocaine de renforcer l’intégration énergétique en Afrique de l’Ouest et de faciliter l'accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique par des infrastructures régionales », précise le document dudit ministère. Et d’annoncer que « l'année 2025 devrait poursuivre cet élan avec la finalisation de la cinquième communication nationale sur le changement climatique, le rapport biennal de transparence, et la mise en place d’un système de suivi de la mise en œuvre des CDN à travers le MRV. Ce suivi impliquera aussi des plans territoriaux d’adaptation au changement climatique, incluant notamment la région de Rabat-Salé-Kénitra. En outre, le ministère prévoit de publier un cinquième rapport exhaustif sur l’état de l’environnement au Maroc, incluant des données mises à jour sur le coût de la dégradation environnementale. Cela vise à sensibiliser davantage les acteurs et à inciter les décideurs à adopter des mesures concrètes pour réduire cette dégradation, répondant ainsi aux défis écologiques pressants auxquels le Maroc doit faire face ».
Défis
Pour plusieurs observateurs, « ces initiatives témoignent de l’ambition marocaine de se positionner en tant que modèle de résilience climatique et de gestion durable en Afrique du Nord ». Selon eux, et « à travers des engagements clairs, des plans d'action régionaux et des partenariats stratégiques, le Maroc souhaite établir une transition vers une économie sobre en carbone et durable. Cette vision, ancrée dans le long terme, vise à protéger les écosystèmes tout en répondant aux besoins de développement du pays ».
Cependant, ils estiment que « le Maroc doit relever des défis de taille pour concrétiser cette ambition. Le financement durable des projets reste un enjeu crucial : bien que le Maroc ait obtenu un soutien international, les ressources allouées demeurent insuffisantes pour financer pleinement les initiatives de décarbonation, d’adaptation et de préservation de la biodiversité à l’échelle nationale ».
Cela nécessite, soutiennent-ils, « une diversification des sources de financement, notamment via des partenariats publics-privés, l'accès à des fonds verts internationaux, et l'innovation dans les mécanismes de financement climatique, comme les obligations vertes ou les fonds de résilience. Par ailleurs, le Maroc est confronté à une forte pression internationale pour respecter ses engagements climatiques tout en stimulant la croissance économique et en renforçant la compétitivité de ses secteurs stratégiques ».
Failles
Sur le plan diplomatique, lesdits experts rappellent que « le Maroc a cherché à asseoir son influence en matière de transition énergétique et de développement durable en signant des accords avec divers pays et en jouant un rôle actif dans les forums internationaux. Une sorte de diplomatie proactive qui vise à faire du Maroc un acteur clé dans la définition de l’agenda climatique mondial et à renforcer la coopération Sud-Sud, notamment avec l'Afrique subsaharienne. Des projets comme le gazoduc Nigeria-Maroc, censé renforcer l'intégration énergétique régionale et la sécurité énergétique en Afrique de l'Ouest, illustrent cette ambition ».
Cependant, les experts estiment que « malgré ces initiatives louables, la diplomatie climatique marocaine révèle certaines failles qui compromettent son efficacité. D'une part, les engagements pris par le Maroc sur la scène internationale contrastent avec les défis internes auxquels il fait face, notamment en matière d'adaptation climatique. Les infrastructures vertes et les projets durables sont souvent confrontés à des obstacles structurels, tels qu'un manque de financement suffisant et des retards de mise en œuvre. Cette inadéquation entre les ambitions internationales et les réalisations nationales affaiblit la crédibilité du Maroc sur la scène climatique mondiale ».
Cohérence
De plus, « bien que le Maroc se positionne comme leader régional, sa diplomatie climatique pourrait être plus inclusive et équitable. Le focus sur des projets à grande échelle, comme les infrastructures énergétiques, tend à occulter les besoins des communautés les plus vulnérables au changement climatique. La lutte contre les inégalités socioéconomiques induites par la transition énergétique reste un défi majeur que la diplomatie marocaine n’a pas encore pleinement relevé ».
D’après ces experts, «pour que Maroc devienne un véritable catalyseur de changement et un exemple pour les autres pays en développement, il doit surmonter ces lacunes ». Et cela passe, selon eux, « par l'alignement de sa diplomatie climatique internationale avec une action locale cohérente et des projets concrets à impact direct sur les populations. En misant sur une approche plus transparente, inclusive et pragmatique, le Maroc pourrait jouer un rôle plus crédible et durable dans la lutte contre le changement climatique, tout en s’assurant que les ambitions de sa diplomatie climatique trouvent un écho dans les réalités domestiques ».
Hassan Bentaleb