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Je commence par ce qui a vraiment l’air d’une anecdote. Quelques jours avant la campagne électorale et lors d’une émission de radio ayant réuni autour de la même table les patrons du PJD et du PPS, Benkirane avait promis d’octroyer quelque chose comme sept strapontins ministériels à l’ancien Parti communiste si jamais le parti islamiste est classé premier suite au scrutin du 25 novembre.
Une double bizarrerie, sans doute !
Car d’un côté, on a l’impression que le gouvernement n’est qu’un gâteau à partager et que la taille du morceau qui reviendrait à chacun reste conditionnée par la générosité et l’humeur de celui qui obtient la majorité. Et d’un autre côté, ce n’est pas dans une émission de radio qu’on peut décider de l’organigramme d’un gouvernement. Lequel est censé refléter une harmonie idéologique plus ou moins réelle et tenir compte de plusieurs paramètres d’ordre légal et stratégique. Dans le cas d’espèce, aucune de ces conditions n’est réunie. Et non seulement les référentiels sont radicalement différents, mais le fait que islamistes et communistes se retrouvent dans le même gouvernement, cela échappe complètement aux concepts des sciences politiques modernes !
Le lendemain des élections, le PJD est déclaré officiellement gagnant. Ce n’était pas
imprévisible !
Par contre ce qui était imprévisible, c’est que Benkirane tienne absolument à son populisme et s’abstienne d’agir en homme d’Etat. Il semblait être tellement excité que ses déclarations manquaient de délicatesse envers même le Roi. Deux exemples me reviennent à l’esprit. Dans l’une de ses premières déclarations, il a dit que comme quoi il allait traiter directement avec le Roi sans passer par le Cabinet Royal. Or, ce dernier n’est pas une chambre de bonnes ni un bureau d’ordre, mais plutôt une institution qui joue un rôle très important dans le pilotage et la coordination entre les différentes institutions, et ce dans tous les régimes politiques du monde, qu’ils soient monarchiques ou républicains. Même dans les organisations tribales, les règles de protocole veulent qu’il y ait toujours des intermédiaires entre les sujets et le chef de la tribu.
En tout cas, Benkirane a fini par comprendre que cela n’était pas possible. Il a ainsi collaboré avec des conseillers du Roi pour la formation de son gouvernement !
Aussi, à peine sorti de la résidence Royale à Midelt, Benkirane a tout déballé à la presse. Et une rencontre ayant duré quelques minutes, il a pu en faire l’objet d’un marketing politique en faveur de son image. Il voulait sans doute se donner la réputation d’un mec capable d’informer le public même des discussions qu’il pourrait avoir avec le chef de l’Etat. Et afin de pousser cet opportunisme jusqu’au bout, la direction du PJD a commencé à parler d’une nouvelle ère marquée essentiellement par la transparence et la clarté. O.K, mais qu’en est-il des rencontres avec l’ambassadeur américain à Rabat comme l’a judicieusement fait remarquer le dirigeant socialiste Mohamed Boubekri ? Ils n’en parlent jamais. Pourtant, il s’agit des séances de travail qui durent assez longtemps et dont j’ignore la nature des questions débattues et des instructions données !
Tout le monde sait que la clarté ne figure pas sur la liste des valeurs défendues par les islamistes. Mais pour des raisons de marketing politicien, ils ont décidé de violer les normes de déontologie en matière des réunions présidées par le Roi et dont la communication ne peut être assurée que par son Cabinet ou par le ministère de la Maison Royale. C’est exactement ainsi que ça se passe dans les pays qui ont fait de la démocratie une philosophie pour leur vie publique. Bien évidemment, l’Etat ne saurait tolérer de tels dérapages et c’est la raison pour laquelle le fraîchement chef du gouvernement a été rappelé à l’ordre. Et on l’a vu se taire à propos non seulement des échanges avec le Roi mais aussi de l’état d’avancement des négociations sur le gouvernement en constitution !
Faudrait-il que je parle des autres promesses dont aucune n’a été tenue ? Celle de se contenter de 15 départements ministériels. Celle de se passer des anciens ministres et de ne nommer que des jeunes. Celle d’augmenter le SMIG à 3000 DH et le taux de croissance à 8%. Celle de garantir une représentativité respectable des femmes au sein du gouvernement ! Et j’en passe !
En une phrase, M.Benkirane est un as des promesses jetées en l’air !