Benkirane a tout faux à propos de l’ONEE

La Cour des comptes a révélé ce que le chef du gouvernement n’a pas dit à propos de la situation financière de l'Office


Mohamed Taleb
Vendredi 23 Mai 2014

Benkirane a tout faux  à propos de l’ONEE
Au moment où le Premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, présentait un exposé mercredi devant les deux Chambres du Parlement réunies en séance plénière, dans lequel il avait mis à nu les dysfonctionnements dans la gestion des entreprises publiques, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, présidait une réunion interministérielle consacrée à l'examen de la situation financière en nette dégradation de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE).
Jettou ainsi commencé par formuler une remarque sous forme d’accusation : une partie des difficultés de cet office est issue du retard pris dans la programmation des investissements prévus au titre des années 2006 à 2012 qui n’ont été réalisés qu’à hauteur de 20%. Pis, ce dysfonctionnement grave a été occulté par le soutien du fuel par la Caisse de compensation. 
Ce qu’un communiqué rendu public par le département du chef du gouvernement, a essayé de noyer sous un argumentaire pour le moins partiellement infondé. En effet, il a  considéré  que la dégradation de la situation de cet Office est conséquente à plusieurs facteurs, en particulier les investissements colossaux engagés.
«Les motifs de cette dégradation résident particulièrement dans l'important volume des investissements engagés par l'ONEE face à la demande grandissante en eau potable et en électricité, l'assainissement liquide, la hausse des dépenses liées aux activités de production et de distribution de l'eau potable et de l'électricité ainsi qu'aux services d'assainissement liquide», indique ledit communiqué.  Ce qui équivaut à nous faire «prendre les vessies pour des lanternes» puisque le rapport de ladite Cour sorti en février dernier, épinglait, a contrario, le non engagement par l’Office des investissements prévus.
Les magistrats de la Cour y avaient non seulement indiqué que «seulement 20% ont été réalisés du programme de l'Office qui devait être de 394 MW en 2012», mais expliqué aussi  que «les retards cumulés ont coûté 46 MMDH à l’Etat», à cause des tergiversations du gouvernement. 
Tout en rappelant que la charge de la subvention au fuel destiné à l’ONEE a atteint plus de 7,2 milliards de DH en 2012, s’accaparant 13% du montant de la compensation, le rapport soulignait qu’elle était relativement limitée avant 2008, et qu’elle s’est accélérée principalement en raison du retard enregistré dans la réalisation du programme d’investissement de l’ONEE. 
«Faute de nouveaux investissements et suite au retard dans la réalisation des projets prévus dans le plan 2006-2012, cette solution d’appoint censée être utilisée uniquement pour répondre aux pics de la demande, est devenue une constante comme le montre l’augmentation des quantités consommées du fuel ONEE», indique le rapport.
Les experts de la Cour étaient allés plus loin en épinglant également les choix stratégiques de l’Exécutif. Une analyse comparée des coûts effectuée par ces experts a montré que la solution de recourir au fuel pour produire de l’électricité, bien qu’elle ait permis d’éviter des coupures, préjudiciables pour l’économie nationale, s’est avérée extrêmement coûteuse.
En effet, l’analyse a montré que le prix du kWh produit à partir du fuel spécial est trois fois plus élevé par rapport au charbon et plus de deux fois par rapport au gaz naturel. Le kWh produit par le fuel spécial coûte 2,06 DH contre 0,69 DH pour le kWh produit à partir du charbon. 
Ce qui démontre que le problème réside dans les choix stratégiques et de gouvernance adoptés par le management de cette entité publique. Pour preuve, la Cour des comptes indique qu’«hormis les centrales électriques JLEC 5 et 6 à Jorf Lasfar dont la livraison devrait intervenir en 2014 et celle de Safi prévue pour 2017, aucune nouvelle capacité de production liée au charbon ou au gaz n’est encore programmée ou en cours de réalisation». Et d’ajouter qu’un «projet de terminal gazier, prévu d’être implanté à Jorf Lasfar, reste au stade de la réflexion».


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