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La disposition est en toutes lettres dans le projet de loi de Finances 2016 qui vient d’être présenté devant les deux Chambres du Parlement. Il a été auparavant adopté en Conseil de ministres et en Conseil de gouvernement. Abdelilah Benkirane n’aurait rien vu venir. Ses équipes ne lui auraient fait aucune remontée. En somme, et c’est le plus grave, le projet de loi de Finances n’aurait pas été étudié, analysé et encore décortiqué par la Primature et moins par les spin doctors du chef du gouvernement.
Depuis, les réseaux sociaux se sont emparés de l’affaire. Les commentaires fusent et sont pour la plupart en faveur du ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime dont « le sérieux » et « l’intégrité » sont mis en avant.
Les forums de discussion ne sont pas en reste. Les internautes ont fait part de leur inquiétude face à l’incapacité d’un chef de gouvernement à lire un projet de loi de Finances et à en cerner les principales dispositions.
« Le PJD n'a pas à gérer les fonds réservés au monde rural. Le score réalisé par ce parti dans les campagnes n'incite pas à laisser cette gestion à Benkirane. Ils ne se sont jamais intéressés aux ruraux et ceux-ci leur ont rendu la politesse... », a par exemple posté ce facebooker.
Flash-back. Pour comprendre cet échange vif entre M. Benkirane et l’un de ses ministres qui n’a pas hésité à brandir sa démission, il faut cerner les enjeux de ce programme de développement du monde rural. Grâce à son enveloppe budgétaire de 55,8 milliards de dirhams, le fonds dédié à ce programme va permettre de déployer sur le terrain la stratégie de développement rural élaborée à partir d’une étude du ministère de l’Intérieur concernant 24 000 douars. Le département aux destinées duquel préside le tandem Mohamed Hassad et Cherki Drais a précisément listé les besoins « en termes d’infrastructures et de services sociaux de base ». Le projet est ambitieux. Etalé sur la période 2016-2022, il est prévu dans le projet de loi de Finances 2016 à travers un compte d’affectation spécial «Fonds pour le développement rural et des zones de montagne» qui a d’ailleurs été mis en place sur instructions Royales.
Les islamistes veulent rallier les populations rurales
Que s’est-il passé pour que le chef du gouvernement se rebiffe, change d’avis et crie au rapt de ses attributions ? A un an des élections législatives, l’aubaine est trop belle pour rallier les populations rurales et susciter un vote PJD dans ces zones où l’on ne vote pas « islamiste ». L’information du Fonds de développement rural dont l’ordonnateur n’est plus Abdelilah Benkirane mais Aziz Akhennouch est alors fuitée à un quotidien de la place chargé de faire le boulot, c'est-à-dire construire autour de la victimisation d’un chef de gouvernement dépouillé de ses prérogatives. L’article parle même de complot contre le chef du gouvernement et de manipulations dont les auteurs ne seraient autres que M. Akhennouch, le ministre des Finances et le directeur du Budget. Le ministre délégué au Budget, l’islamiste El Azami, est au passage égratigné : il est trop occupé par la gestion de Fès dont il est le nouveau maire et déserte son ministère.
La réaction du très discret ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime a été aussi ferme que bruyante. Et c’est exactement ce que n’attendaient pas le chef du gouvernement et ses troupes. Akhennouch publie un communiqué à la première personne où il explique par le menu détail que M. Benkirane avait non seulement été informé mais qu’il avait également donné son aval.
Il a en effet rencontré, dit-il, plusieurs fois le chef du gouvernement et demandé à ce que le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime puisse devenir ordonnateur du Fonds de développement rural afin de pouvoir gérer avec plus d’efficience la stratégie dont nous assurons le déploiement et la coordination sur le terrain. « L’avis favorable du chef du gouvernement a aussi été confirmé au ministre de l’Economie et des Finances qui s’est également déplacé pour discuter avec le chef du gouvernement du même sujet. La question a, par ailleurs, été soulevée au sein du Conseil de gouvernement lors de l’adoption de la loi de Finances », révèle le ministre de l’Agriculture qui conclut son communiqué par un cinglant sentiment de défiance. « Il devient difficile pour moi de concevoir une action au sein d’un gouvernement où la confiance est mise à mal et les accusations de «complot» ne suscitent aucune indignation », écrit ce ministre tout en mettant le doigt sur la difficulté de travailler avec un chef d’orchestre qui voit des complots partout et surtout au sein de sa propre équipe.