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Bassima Haqqaoui lance son prix et enterre l’égalitéL’excellence selon la ministre islamisteNarjis Rerhaye
Mardi 14 Octobre 2014
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Bassima Haqqaoui crée un prix de l’excellence pour la femme marocaine. Faut-il s’en féliciter ? Les activistes du mouvement féminin marocain préfèrent, elles, s’en inquiéter. Le référentiel de la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social ne fait que confirmer les craintes de celles investies dans le combat pour les droits des femmes. « Il ne faut pas perdre de vue que Bassima Haqqaoui n’a jamais condamné le viol et le suicide de la jeune Amina Filali, cette Larachoise mariée à son violeur. Il faut aussi se rappeler ce qu’est devenu le plan d’action des droits des femmes avec cette ministre islamiste. Elle lui a donné le nom très révélateur de « Ikram », une appellation renvoyant très clairement à une certaine forme d’aumône. Une manière de faire comprendre que les droits des Marocaines ne sont pas arrachés mais donnés au compte-goutte sous forme d’aumône. C’est toujours la même Bassima Haqqaoui qui a osé dire en direct d’une émission radiophonique que seuls les incultes ne vont pas à la mosquée pour accomplir les prières de « tarrawih ». Soyons clairs, la ministre de la Femme est loin d’être une moderniste ! », s’exclame cette membre de l’Association démocratique des femmes du Maroc. Il y a quelques jours donc, saisissant l’occasion de la Journée nationale des droits des femmes de ce pays qui est célébrée tous les 10 octobre, la ministre Haqqaoui a très officiellement lancé le Prix « Tamayuz ». Un prix d’excellence, a-t-elle expliqué, dédié aux femmes d’exception et qui met en avant la Marocaine. La meilleure d’entre elles toutes recevra, le 8 mars prochain, le prix d’une valeur de 180.000 DH. La belle affaire ! Question : A quelle femme marocaine cette responsable gouvernementale fait-elle référence ? Dans le milieu associatif féminin, l’interrogation n’en finit pas de se poser. « Bassima Haqqaoui appartient à un Exécutif qui s’emploie à multiplier les reculs en matière de droits des femmes. Plus que jamais, sous ce gouvernement, les acquis des Marocaines sont menacés. Le chef du gouvernement a proclamé sa conception du rôle de la femme marocaine dans la société : une procréatrice qui reste cloitrée à la maison pour élever les enfants. M. Benkirane a même comparé les femmes de ce pays à des lustres », rappelle cette activiste qui avait participé au sit-in devant le Parlement organisé pour dénoncer de tels propos. Chez les islamistes qui nous gouvernent, l’excellence se mesure-t-elle à la capacité d’éplucher des patates, langer son nouveau-né, éduquer ses enfants et tenir sa maison? «Un prix pourquoi faire? Pour que la femme marocaine reste à la maison éplucher les oignons? La féministe Doris Lessing écrivait à peu près ceci : les problèmes des femmes au foyer sentent l’oignon, aussi personne ne s’en approche ! », répond l’écrivaine Bouchra Boulouiz. Pour ce prix, la ministre de la Famille, de la Femme et du Développement social a formé un jury. Autant de faire-valoir à son inaction et qui ont choisi de servir de caution à la ministre du PJD défendant sa propre vision des droits des femmes et non une vision universelle. De l’Istiqlalienne (et anti-Chabat) Latifa Bennani-Smirès à Najib Guédira, l’ancien directeur de l’Agence de développement social dont le cœur bat en principe à gauche en passant par Fathia Bennis au destin féministe (tardif) et tout à fait opportun, tous ont accepté de participer à cette mauvaise comédie. L’excellence des Marocaines, ces hommes comme les autres, a été fort heureusement donnée à voir samedi 11 octobre par 2M. Et elle n’a rien à voir avec le projet de Bassima Haqqaoui. Pendant une heure, le JT de 13 heures de la télévision casablancaise a montré toutes ces Marocaines humbles et modestes, qui se battent pour faire vivre leurs familles. De l’ancienne prisonnière devenue boulangère, à la plongeuse vendeuse d’algues et toutes les autres, les journalistes de 2M ont sillonné le Maroc pour diffuser des tranches de vie de femmes en chefs de familles. Belle illustration du Maroc des femmes. Belle manière aussi de décliner le désormais célèbre «machi tria».
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