Les opérateurs continuent de subir les effets d’une croissance hors agriculture en net ralentissement, d’une demande atone et des restrictions budgétaires, notamment celles induites par les coupes drastiques opérées dans le budget d’investissement, mais aussi celles découlant de la loi sur les délais de paiement qui a pesé lourdement sur les trésoreries des entreprises.
Dans ce contexte, les constats dressés en la matière et à propos du degré de gravité de la situation divergent entre Bank Al-Maghrib (BAM), le Haut-commissariat au plan (HCP) et le Centre marocain de conjoncture (CMC).
Ils s’accordent néanmoins à affirmer que les chefs d’entreprise ont le moral au plus bas et que l’état du tissu industriel marocain se dégrade de plus en plus.
Les résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib dans l’industrie pour le mois d’août, publiée en fin de semaine, font ressortir une baisse de la production pour le deuxième mois consécutif.
Ainsi, le solde d’opinions s’est –il établi d’après cette source à -31 points en août contre -25 le mois précédent. «Cette baisse aurait concerné l’ensemble des branches, à l’exception de la branche agro-alimentaire où 48% des entreprises déclarent une hausse de l’activité contre 36% qui évoquent une baisse», précise la Banque centrale.
Dans ces conditions, BAM précise que le taux d’utilisation de l’appareil de production, les ventes, et les commandes sont en net recul. Dans le détail, elle indique que le taux d’utilisation des capacités a reculé de 6 points pour s’établir à 63% après 69% en juillet. Les ventes auraient été, pour leur part, en baisse par rapport au mois de juillet selon 45% des industriels. Quant aux nouvelles commandes, elles auraient stagné selon 43% des industriels et le niveau des carnets de commandes serait normal d’après 51% des entreprises et inférieur à la normale pour 30% d’entre elles. Des éléments qui n’ont pas manqué d’assombrir les prévisions des patrons, dont 51% anticipent une baisse des ventes pour les trois prochains mois.
Concernant l’avis du Centre marocain de conjoncture (CMC), qui vient de réaliser une enquête auprès des chefs d’entreprise sur la situation de l’industrie marocaine, les résultats sont plus décevants que ceux de BAM. Selon l’instance dirigée par Habib El Malki, plus de 60% des industriels sondés considèrent que l’état du tissu industriel s’est dégradé au cours des dernières années. Parmi les facteurs structurels qui ont eu une influence négative sur la situation du secteur, le climat des affaires est souligné par 60% des chefs d’entreprise interrogés. La fragilité du tissu productif national en est aussi un facteur explicatif. Celle-ci est relevée par 50% des participants à l’enquête. La rigidité du marché du travail ne ressort pas comme telle dans les résultats du sondage réalisé par le CMC.
Pour sa part, le HCP, n’y est pas allé par quatre chemins. Sa note d’information sur les résultats des enquêtes de conjoncture relatives aux réalisations du 2ème trimestre et aux pronostics pour le 3ème trimestre 2013, qu’il a rendu publics hier lundi, précise, tout de même, qu’il y a eu durant le deuxième trimestre un recul au niveau de plusieurs branches, notamment le BTP. Moins alarmante que les autres, l’enquête du HCP présage, pourtant, une baisse de l’activité du BTP et du secteur manufacturier.
Il est à souligner que depuis 2009, année du lancement du plan Emergence, l’industrie marocaine perd en moyenne 24.000 emplois par an.