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Le président de l’Association des portés disparus au Polisario, Aguaï Dahi dont « l’ONG a publié un communiqué condamnant ce rapt et exprimant sa solidarité avec les familles des trois Européens enlevés de l’intérieur du QG du Polisario à Rabouni aux environs de Tindouf, n’y va pas par quatre chemins.
Dans une déclaration à Libé il a indiqué avoir la certitude que des responsables très hauts placés dans la pyramide de la direction du Polisario sont derrière l’opération.
D’après lui, le rapt était planifié avec la bénédiction et le soutien de la direction du mouvement. Les raisons qui sous-tendent cette forfaiture sont de deux ordres. Primo : le mouvement cherche à effrayer les Européens et à les pousser à déclarer cette zone comme dangereuse et éviter de s’y aventurer, mettant le Polisario à l’abri de tous regards curieux qui, sous la bannière humanitaire, pourraient découvrir les chemins tortueux que prennent les aides alimentaires internationales destinées aux réfugiés mais commercialisées dans les pays voisins. Secundo : l’aile du Polisario soutenant AQMI est devenue plus puissante que le mouvement lui-même. Aussi, ce rapt ne peut-il se passer sans la planification et la complicité de membres influents de la direction séparatiste. Pour mieux comprendre les raisons de sa certitude, Aguaï nous a précisé que les camps du Polisario sont répartis en quatre soi-disant wilayas. Celle dite de Laâyoune qui se situe à moins de trois kilomètres de Tindouf, est entourée de petites collines derrière lesquelles plusieurs bases militaires algériennes ont été installées, de façon à surveiller tout ce qui peut entrer ou sortir de ce camp.
Concernant la wilaya dite d’Aouesred située à 12 kilomètres de Tindouf, elle a été bâtie au creux d’un oued maintenu de part et d’autre sous la surveillance de plusieurs bases militaires algériennes.
Pour ce qui est de la wilaya dite de Smara située à 20 kilomètres de Rabouni et à moins de 35 kilomètres de Tindouf, son accès est, on ne peut, plus hermétique. La raison : la plus grande base militaire du Sud-ouest algérien abritant des blindés et des avions de type Mirages et F5 est située à 7 kilomètres à l’Est de cette wilaya.Quant à la wilaya dite de Dakhla, distante de 120 kilomètres de Rabouni et de 40 kilomètres de J’Bilatt, elle est située à proximité de la plus importante mine de fer de toute la région.
Tous ces camps sont donc étroitement surveillés par l’armée et les services parallèles algériens..
Pour ce qui est de la surveillance qui relève de la responsabilité de la milice du Polisario, elle est omniprésente puisqu’exercée partout, dans les tentes, les écoles, les dispensaires, les commerces, voire tous les lieux de rassemblement des populations. « Ce n’est un secret pour personne ; tous les ralliés peuvent le confirmer, notamment les anciens responsables du Polisario », s’est exclamé Aguaï Dahi en précisant qu’aucune opération ne peut être menée dans les camps en général et à Rabouni en particulier, sans la bénédiction et le soutien des hautes autorités du Polisario et sans que l’Algérie n’en ait été informée préalablement ou a posteriori. Ce que confirme le site Internet www.polisario-confidentiel.com, qui relate, pour sa part, une déclaration d’un membre influent de la tribu des R’guibate résidant dans les camps de Tindouf et affirmant qu’il s’agit d’un coup monté du Polisario.
Ayant demandé à garder l’anonymat de peur des représailles, il a avancé qu’avec le système de surveillance des camps de réfugiés de Tindouf mis en place par les services du redoutable Département de renseignement et de sécurité (DRS- service de renseignement militaire) algérien en coordination avec la direction du Polisario, il est pratiquement impossible à des étrangers circulant de plus à bord d’un véhicule de rentrer et de sortir inaperçus des camps. En plus, l’étendue désertique qui sépare la ville algérienne de Tindouf des frontières malienne et mauritanienne est hautement surveillée par l’armée algérienne et son aviation militaire. « Je vois mal comment un petit groupe de soi-disant terroristes d’Al Qaïda peut s’aventurer jusqu’au centre du camp de Rabouni, enlever trois étrangers et s’enfuir sans avoir à s’inquiéter», explique ce R’guibi qui est très proche des cercles du pouvoir. « Ce serait vraiment naïf, ajoute-t-il, de croire ceux qui disent que ce sont des terroristes d’Aqmi qui ont parcouru près de 2000 km en territoire algérien, pour s’introduire jusqu’au siège du Polisario à Rabouni, kidnapper trois ressortissants européens, et refaire le même chemin sans avoir été inquiétés». Selon lui, les trois humanitaires ont été enlevés par des mercenaires du Polisario pour être remis aux hommes d’Al Qaïda moyennant une forte somme d’argent. Les autorités algériennes ont reconnu officiellement l’enlèvement mais sans se prononcer sur ses circonstances et ses auteurs. Selon certaines sources, dès qu’ils ont appris la nouvelle, de hauts officiers du DRS ont débarqué à l’aube de dimanche dans les bureaux de Mohamed Abdelaziz et lui ont intimé l’ordre de résoudre dans les plus brefs délais cette affaire dans laquelle sont impliqués ses hommes. Pris de panique, le chef du Polisario a convoqué sur le champ ses hommes en charge de la sécurité dans les camps. Quelques heures plus tard, des dizaines de suspects dont des éléments de retour du front libyen, ont été arrêtés dans la journée de dimanche et conduits dans des lieux secrets pour interrogatoire. Abdelaziz a de même chargé plusieurs groupes d’élite de donner la chasse aux ravisseurs et de les intercepter avant qu’ils ne quittent le territoire algérien. Amés jusqu’aux dents, les hommes du Polisario se sont aussitôt lancés à bord de véhicules 4x4 sur les traces des ravisseurs qui ont pris la direction sud vers la frontière mauritanienne ou malienne. Pour notre interlocuteur, la version avancée à la hâte par de hauts responsables du Polisario, est tout simplement une histoire qui ne tient pas debout. Des sources informées à Nouakchott relayées par l’agence MAP ont indiqué, hier, que les services de sécurité mauritaniens considèrent que cet enlèvement est un simple règlement de comptes entre des éléments d’Aqmi et du Polisario.
Selon les mêmes sources, les renseignements algériens étaient au courant de cette opération dans ses aspects généraux, mais ils ont préféré fermer l’œil dès lors qu’elle leur permettrait de réaliser plusieurs objectifs qu’il était temps de faire fructifier.
L’opération devait ainsi permettre aux renseignements algériens de restructurer l’appareil sécuritaire du Polisario de sorte qu’il puisse être en phase avec les mutations que connaît la région en général, de reprendre le contrôle du camp Rabouni et des autres camps et d’éloigner ainsi la suspicion traditionnelle sur les liens de l’Algérie et du Polisario avec le terrorisme.
Le site d’information espagnol « enPrimicia » avait, pour sa part, précisé que « le déroulement de cette opération d’enlèvement et son exécution n’auraient pu aboutir sans une aide de l’intérieur » des camps du Polisario.
Le site a également attiré l’attention sur « le fait que les ravisseurs, vêtus d’uniformes militaires, aient pu pénétrer aisément dans des installations étroitement contrôlées par les milices du Polisario, à bord de véhicules tout terrain sans que personne ne leur prête attention ».
Citant des sources militaires algériennes, « enPrimicia » a soutenu que « le fait qu’ils ont pu enlever les trois travailleurs humanitaires sans rencontrer grande résistance (…) tout cela laisse penser que les auteurs de ce rapt, non encore revendiqué, ont pu bénéficier d’une aide d’éléments du Polisario ».
Selon le site d’information espagnol, le fait que les ravisseurs, qui se mouvaient avec grande aisance dans ce camp dit de Rabouni abritant le quartier général du Polisario, connaissaient dans le moindre détail le lieu de l’enlèvement, laisse entendre qu’ils comptaient avec un soutien de l’intérieur des camps, sachant que ces camps sont minutieusement surveillés par l’armée algérienne et les séparatistes.
Autre information qui laisse perplexe et étaie la thèse du coup monté, le Mali vient de démentir que les ressortissant européens enlevés dans les camps du Polisario se trouveraient sur son sol.
« Il n’y a aucune trace » au Mali des ressortissants espagnols et de l’Italienne enlevés, dimanche à Tindouf dans l’ouest de l’Algérie, a indiqué un ministre malien, démentant l’affirmation du Polisario selon laquelle ils auraient été emmenés dans ce pays par leurs ravisseurs.
« A ce jour, il n’y a aucune trace des otages européens dans le nord du Mali », a déclaré à l’AFP ce ministre sous couvert de l’anonymat.
« L’enlèvement des otages européens s’est opéré sur un territoire dont le Polisario dit avoir le contrôle. C’est donc sous (sa) responsabilité que les événements se sont déroulés », a-t-il conclu.