Baisse du taux de criminalité et hausse du nombre d’affaires traitées par la police

Qu’en est-il de la nouvelle stratégie de lutte contre le crime initiée depuis peu par les pouvoirs publics casablancais ? Pour les services de police, la métropole affiche un bilan positif, si ce n'est dans la réalité, du moins à travers les statistiques.  Ainsi, les premiers mois de l’année en cours ont-ils enregistré le traitement de 121.806 affaires dont 107.102 résolues et 112.420 personnes interpellées en milieu urbain contre 90.674 à la même période de l’année précédente, soit une hausse de 14,38%, a indiqué Abdellah Essaid, de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).

Participant à une conférence organisée récemment à Rabat,  le chef du service préfectoral de la BNPJ de Casablanca a indiqué que les 112.420 affaires enregistrées regroupent des actes de suicide, de hooliganisme et autres. Quant aux crimes avec violence, il a précisé qu’ils ne représentent que  9,91% du total, soit 12.047 affaires dont 9.742 résolues et  9.959 personnes arrêtées.  

A ce propos, il a expliqué qu’il y a des mutations au niveau des modes et des lieux d’exécution des crimes. C’est le cas, par exemple des homicides qui sont de plus en plus commis à l’encontre des amis et des proches. Idem pour les viols. Ces mutations rendent difficile toute anticipation de la part des services policiers.  

Abdellah Essaid a révélé, par ailleurs, qu’une nette hausse des délits de détention d’armes blanches et de vente illicite d’alcool a été constatée ces trois dernières années. Ainsi, l’année 2013 a enregistré 9.259 affaires de détention d’armes blanches contre 4.166 en 2011.  Un accroissement  pareil a été constaté au niveau de la vente d’alcool. Le nombre d’affaires traitées est passé de 1.346 en 2011 à 1.633 en 2013.

Pourtant, l’intervenant a tenu à préciser que l’augmentation des affaires enregistrées ne signifiait pas  automatiquement qu’il y a augmentation du taux de criminalité qui ne dépasse pas aujourd’hui  7,2 pour 1.000 habitants. Des propos rassurants qui font écho à ceux qui ont été tenus le 16 mai dernier par Abdellatif Mouadib, préfet de police de la wilaya du Grand Casablanca.  Lui aussi a indiqué que ses services ont traité, depuis mai 2013, 84.683 affaires et interpellé 96.529 personnes, soit un taux de 88,62% d’affaires résolues.  En matière de crimes avec violence, ces services ont enregistré 20.542 affaires dont 16.011 résolues et 19.486 personnes arrêtées.  

Mais peut-on prendre ces statistiques pour argent comptant, eu égard au fait que le ministre de l’Intérieur a assuré et à plusieurs reprises que toutes les mesures de sécurité seront prises afin de renforcer la confiance en les services de sécurité et consolider davantage le sentiment de sécurité chez les citoyens. Ainsi, des dispositifs spéciaux ont-ils été mis sur pied et des patrouilles ont commencé à sillonner  les artères et les lieux de grande affluence pour prévenir la criminalité. Pourtant, la peur demeure de mise et paraît beaucoup plus répandue dans sa forme diffuse que concrète.  Elle existe encore dans les têtes et  les cœurs de bien des gens et  une campagne policière seule ne peut pas à elle seule la dissiper.