Bain de sang à Paris: la France visée par un "acte de guerre" revendiqué par l'EI

Six lieux d'attaque, du Stade de France au coeur de Paris


Libé
Samedi 14 Novembre 2015

Les attentats qui ont frappé Paris vendredi soir ont été menés en six lieux différents, faisant au moins 120 morts, selon les autorités.

Les attaques se sont déroulées près du prestigieux Stade de France, dans la banlieue nord de Paris, et dans l'Est parisien, aux bars très fréquentés le week-end, non loin de la place de la République où avaient convergé 1,5 million de personnes après les attentats de janvier.

- Bataclan: 82 morts -

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Plusieurs hommes armés à visage découvert font irruption et ouvrent le feu, aux cris de "Allah Akbar", dans la salle de spectacle du Bataclan où se produit le goupe de blues américain Eagles of Death Metal.

Une prise d'otages de près de trois heures a lieu. Au moins 82 personnes sont tuées.

"Je les ai clairement entendu dire aux otages +C'est la faute de Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie+. Ils ont aussi parlé de l'Irak", a raconté Pierre Janaszak, 35 ans, animateur radio et TV qui se trouvait dans la salle.

L'assaut a été lancé par la police peu avant 00H30 (23H30 GMT) et s'est terminé vers 01H00 (00H00 GMT).Les quatres assaillants sont morts, dont trois en actionnant leur ceinture d'explosifs.

- Stade de France: 4 morts -

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Simultanément, une première explosion se produit à 21H20 (20H20 GMT) aux abords du Stade de France où doit se dérouler la finale de l'Euro en juillet 2016. 

Le président français François Hollande, qui assistait à un match de football France-Allemagne, est immédiatement évacué, les entrées et sorties du stade sont bouclées.

Trois explosions retentissent au total autour de l'enceinte sportive. Une personne est morte, ainsi que trois kamikazes.

- Rue de Charonne: 18 morts -

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Dans l'est de Paris, rue de Charonne, 18 personnes ont péri dans une scène de guerre.

Un homme dit avoir entendu des tirs pendant "deux, trois minutes", "des rafales". "J'ai vu plusieurs corps à terre, ensanglantés", lâche-t-il. Selon lui, un café et un restaurant japonais ont été la cible des tirs, juste en face du foyer Palais de la femme.

- Rue Alibert: au moins 12 morts -

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Un peu plus au nord, une fusillade éclate à l'angle des rues Bichat et Alibert, sur la terrasse du restaurant Le Petit Cambodge. Bilan: au moins douze morts.

"C'était surréaliste, tout le monde était à terre, personne ne bougeait", a relaté une femme.

"C'était très calme, les gens ne comprenaient pas ce qui se passait. Une fille était portée par un jeune homme dans ses bras. Elle avait l'air morte", a-t-elle ajouté.



- Rue de la Fontaine au roi: au moins cinq morts -

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A quelques centaines de mètres du Bataclan, rue de la Fontaine au roi, la terrasse d'une pizzeria, La Casa Nostra, est visée. Cinq personnes sont abattues par plusieurs rafales d'une "mitrailleuse automatique", selon un témoin, Mathieu, 35 ans.

"Il y avait au moins cinq morts autour de moi, d'autres dans la rue, du sang partout. J'ai eu beaucoup de chance."

Un autre témoin raconte qu'il "a vu une Ford Focus noire qui tirait, puis plusieurs douilles par terre".



- Boulevard Voltaire: un mort -

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Une attaque a également eu lieu boulevard Voltaire, pas très loin du Bataclan. Le kamikaze est mort.

 Le groupe jihadiste Etat islamique a revendiqué samedi le carnage sans précédent perpétré à Paris, qualifié d"acte de guerre" par le président François Hollande et qui a provoqué un choc immense dans un pays déjà meurtri par des attentats jihadistes il y a 10 mois.


"Huit frères portant des ceintures explosives et armés de fusils d'assaut ont visé des sites choisis soigneusement au coeur de Paris", a écrit dans son communiqué de revendication le groupe jihadiste.

Peu avant cette revendication, le président français avait accusé l'organisation d'être derrière la série d'attaques qui ont fait au moins 128 morts et 250 blessés vendredi à Paris et en banlieue.

"Ce qui s'est produit hier, c'est un acte de guerre (...) un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, contre la France, contre les valeurs que nous défendons, contre ce que nous sommes", a déclaré François Hollande dans une allocution solennelle à l'issue d'un Conseil de défense à l'Elysée.

Daech est l'acronyme arabe du groupe EI, qui opère en Irak et en Syrie, et qui compte dans ses rangs des milliers d'étrangers, dont des centaines de Français. Paris, membre de la coalition internationale anti-EI, mène des frappes aériennes dans les deux pays.

Cet acte "a été préparé, organisé, planifié de l'extérieur, avec des complicités intérieures", a accusé M. Hollande, qui a promis que la France serait "impitoyable", précisant qu'il s'adresserait lundi au Parlerment réuni en Congrès à Versailles, près de Paris, pour marquer la gravité de l'événement.

Le président a également décrété un deuil national de trois jours, au lendemain des pires attaques terroristes jamais perpétrées en France, avec en outre, pour la première fois, des actions kamikazes.

La France s'est réveillée samedi en état de sidération après la série d'attaques qui a visé des bars et une salle de concert, le Bataclan, dans l'est parisien, et les abords du Stade de France, en banlieue, où François Hollande assistait à un match de football amical France-Allemagne.

Ces attaques indiscriminées, sur six sites, principalement dans des endroits festifs de l'est parisien, ont été commises en quelques heures. Les huit assaillants sont morts dont sept en se faisant exploser.

Ces attentats interviennent dix mois après les attaques jihadistes contre des journalistes de Charlie Hebdo, des juifs et des policiers, qui avaient déjà provoqué un choc en France et un élan massif de solidarité dans le monde.



- 'Machine à tuer' -

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Des premiers témoignages de survivants avaient fait état d'assaillants ayant crié "Allah Akbar" ou ayant évoqué l'intervention de la France en Syrie. 

"C'était pas des personnes qui ont découvert hier le maniement des armes de guerre. C'était des hommes extrêmement déterminés, qui rechargeaient méthodiquement leurs fusils d'assaut. Sans états d'âme", a raconté Julien Pearce, un journaliste de la radio Europe 1, qui se trouvait au Bataclan et a décrit un des assaillants comme "une machine à tuer", qui "abattait méthodiquement les gens à terre".

L'ampleur de cette tragédie a semé l'effroi dans la capitale, à deux semaines de la conférence sur le climat de l'ONU à Paris (COP21), où sont attendus une centaine de dirigeants étrangers.

La justice a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste sur ces attaques, les plus meurtrières en Europe depuis les attentats islamistes de Madrid en mars 2004.

"La priorité, c'est d'identifier les corps, notamment ceux des terroristes, qui ont été pour la plupart pulvérisés lorsqu'ils se sont fait sauter", a expliqué une source policière à l'AFP.

La police a lancé samedi un appel à témoins auprès de la population pour "signaler toute information en relation avec les attentats de la nuit".

Aucune interpellation n'a été réalisée et les enquêteurs ont laissé entendre qu'ils ne recherchaient personne à ce stade.

Ils vont visionner "des heures d'images de vidéosurveillance pour déterminer les circonstances" des attentats, a souligné la source policière, ajoutant: "Une fois les terroristes identifiés, il s'agira de déterminer s'ils ont profité de complicités".

Quatre des assaillants sont morts au Bataclan, dont trois en actionnant une ceinture d'explosifs, le dernier étant tué lors de l'assaut des forces de l'ordre. Trois kamikazes sont morts au Stade de France, et un autre boulevard Voltaire dans le centre de Paris.

Au Bataclan, l'assaut des forces de l'ordre a été décidé "très vite parce qu'ils tuaient tout le monde", a confié une source proche de l'enquête.

"C'était sale dedans, une boucherie, des gens avec des balles dans la tête, des gens qui se sont fait tirer dessus alors qu'ils étaient à terre...", a témoigné un policier ayant participé à l'assaut.



- Etat d'urgence -

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L'état d'urgence, une mesure rarissime permettant notamment des restrictions importantes de circulation et des perquisitions, a été décrété par le président Hollande sur tout le territoire.

Dans la région parisienne, les établissements scolaires et universitaires ont été fermés samedi et les compétitions sportives suspendues ce week-end. Des grands magasins ont aussi fermé.

L'Elysée a annoncé la mobilisation de 1.500 militaires supplémentaires et le renforcement des contrôles aux frontières. Un nouveau conseil des ministres devait se réunir samedi après-midi.

Dans un mouvement d'unité nationale, les principaux partis ont annoncé la suspension de leur campagne en vue d'élections régionales prévues en décembre. Le chef de l'opposition de droite, Nicolas Sarkozy, a toutefois réclamé des "inflexions majeures" en matière de sécurité.

Les réactions de condamnation, unanimes des Etats-unis à la Russie, ont afflué du monde entier, où de nombreux monuments se sont parés de lumineuses couleurs bleu-blanc-rouge en signe de solidarité.

Le président iranien Hassan Rohani a reporté un voyage prévu lundi en France, tandis que la Belgique demandait à ses ressortissants d'éviter de se rendre à Paris.
 


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