Aziz Akhennouch pêche-t-il en eaux troubles ?

Les choix opérés par le département de la pêche en matière de contrôle par satellite provoquent l’ire des professionnels


Hassan Bentaleb
Vendredi 1 Novembre 2013

Aziz Akhennouch pêche-t-il en eaux troubles ?
C’est aujourd’hui que s’achève le délai imparti aux patrons de pêche pour signer leurs contrats avec l’opérateur choisi par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime en vue d’opérationnaliser le projet VMS de localisation des pêcheries et de suivi des navires par satellite.
Une mesure qui provoque l’ire des professionnels du secteur, lesquels demandent la suspension de ce délai puisque des négociations sont en cours entre leurs représentants et un autre opérateur agréé par l’ANRT dont l’offre est plus alléchante que celle de la société choisie par le département d’Aziz Akhennouch. Certains professionnels accusent même ce dernier d’agir comme agent commercial de son opérateur au détriment de leurs intérêts.
« Tout laisse penser que cette affaire sent le soufre », nous a confié un patron de pêche sollicitant l’anonymat avant d’ajouter que « le déroulement de l’appel d’offres relatif aux offres de prix concernant les communications par satellite destinées au projet VMS et le timing de sa mise en œuvre laissent planer des doutes ».
Des suspicions qui nous ont été confirmées par le responsable d’une société concurrente de celle sur laquelle le ministre a jeté son dévolu en déclarant que s’il y a bien eu appel d'offres, son déroulement fait débat. «Nous sommes en train de mener une action légale contre le ministère pour lever le voile sur cette affaire», nous a affirmé notre source.   
Le timing de la mise en application de ce projet pose également problème puisqu’il coïncide avec le coup d’envoi de la saison de pêche  du poulpe. « Imaginez des professionnels mis au chômage technique depuis plus de deux mois, taraudés financièrement et moralement et qui doivent payer  des sommes colossales pour bénéficier de ce système de contrôle par satellite alors que le département a longtemps véhiculé l’idée que celui-ci serait gratuit. Mieux, des fonds européens ont même financé ce projet ».
En effet, ces patrons seront appelés à payer  7.000 DH hors taxe comme forfait global annuel, 2.500 DH HT pour les prestations des services de maintenance et 1,59 DH HT pour les messages supplémentaires. « Il faut donc compter trois à quatre millions de centimes par an hormis les  taxes et autres impôts», nous a indiqué notre source.   Des charges financières difficiles voire inconcevables à supporter puisque nombre de professionnels s’interrogent sur la nécessité d’adopter pareil projet à des coûts aussi exorbitants alors qu’il existe un autre système de contrôle par satellite gratuit nommé AIS et qui exige uniquement un équipement de l’ordre de 5.000 DH. Il s’agit du même système qui a été mis en place par le ministère de l’Equipement et du Transport pour le contrôle du trafic maritime de Tanger jusqu’au Sénégal. C’est aussi le même système qu’utilisent nombre de bateaux de pêche étrangers qui fréquentent les eaux du Sud du Maroc. 
«Ce système simple à utiliser via un site Internet  est accessible à tout le monde », nous a précisé notre source.
La décision d’Akhennouch est d’autant plus aberrante que la direction de la navigation relevant du ministère de l’Equipement et du Transport a créé en 2010 un centre de contrôle maritime doté du système AIS avec un budget de 50 millions de DH dont 32 pour l’achat des équipements.   
Pour les professionnels, la position du ministère des Pêches risque d’avoir des conséquences fâcheuses sur ce secteur déjà en effervescence  à cause de la conjoncture économique actuellement morose. Une situation qui risque de s’aggraver avec les nouvelles taxes  sur la valeur ajoutée prévues par le projet de loi de Finances et qui vont durement frapper les équipements maritimes. Pour ce faire, les professionnels du secteur demandent au ministère de revoir sa position et d’entamer un vrai dialogue.


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