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Chiffres à l’appui, Mohamed Berrada a avancé que «pour les librairies, Casablanca abritait 73 pendant les années 1970, actuellement il n’y a que 8. Pour les maisons d’édition il y en a 22, 18 d’entre elles se concentrent sur l’axe Casa-Rabat. Ces dernières lorsqu’elles impriment des livres, le nombre d’exemplaire qu’elles en vendent oscille entre 2.000 et 3.000. Malgré cela, ils doivent attendre 3 ans pour vendre 1.000 copies». Sachant que le lectorat marocain est coulé dans le moule du bilinguisme, l’offre et la demande sont réparties entre deux langues, ce qui oblige l’éditeur à faire un double effort pour atteindre le seuil de rentabilité à même de lui permettre de pérenniser son entreprise.
En ce qui concerne les journaux, les diffuseurs distribuent en moyenne entre 300.000 et 320.000 exemplaires par jour.
Malgré nos avancées dans le domaine des libertés, nos voisins algériens où l’Etat monopolisait les imprimeries jusqu’en 1995, les tirages de la presse dépassent les 2.000.000 par jour.
« Peut-être que nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe, mais nous devons en comprendre le pourquoi. La première cause de cet état de fait est liée au problème de l’enseignement, qui se considère comme une base qui permet d’inculquer les premiers éléments de la culture aux jeunes. L’homme s’instruit pour se cultiver, développer les facultés de son esprit, le sens critique, le goût, et le jugement», s’interroge le fondateur de Sapress. Et d’ajouter : «Est-ce qu’on a une volonté de former un bon citoyen ? Quel est l’objectif visé de notre politique d’enseignement ?». Et de répondre : « Il s ‘agit de la principale cause du recul de la lecture. On cherche à former une tête bien pleine et non plus une tête bien faite. L’éducation d’un peuple est dans son école».
Nous avons vécu de longues années sans avoir une franche volonté d’avoir une bonne presse, une bonne édition, et une véritable éducation. Actuellement, il y a cette volonté, mais il y a toujours absence d’une politique scolaire qui fait aimer la lecture, un pouvoir d’achat faible, un taux d’analphabétisme important, etc. De plus, un journal est encore lu au Maroc par 8 personnes, donc un lectorat potentiel de deux millions et demi de personnes.
Ces problèmes ont trouvé solution dans d’autres pays. Premier remède, il faut cultiver l’amour de la lecture au sein de nos écoles. Jadis, on imposait aux lycéens de lire des ouvrages ou des œuvres, de faire des fiches de lecture et de les exposer devant leurs classes, s’est-il souvenu en notant que certaines villes ne disposent toujours pas de bibliothèques locales, et si elles existent, elles n’incitent pas les jeunes à lire, les instituts n’impriment pas des bulletins internes, etc. Il ne faut pas compromettre les efforts de certaines associations mais ils restent insuffisants. A la fin de son intervention, M. Berrada s’est étalé sur les nouvelles menaces qui planent sur l’édition et qui découlent notamment de la rareté du papier, surtout après les nouvelles lois écologiques mises en pratique dans les grands pays producteurs (Canada et pays scandinaves compris) et l’avènement de la lecture numérique. Sur ce point, il a fait référence à une citation de Bill Gates selon laquelle «en 2020, il n’y aura pas de presse papier dans le monde» en s’exclamant : «Maintenant le ballon n’est pas dans notre camp, il est dans le camp des responsables».
Cette conférence-débat a été animée par Hassan Habibi, professeur de communication à l’Université Hassan II et à l’Institut hôte qui a fait, à l’entame de cette rencontre, une brève présentation de ce pionnier du domaine de la diffusion en rappelant l’importance du travail entamé par lui et en expliquant le caractère primordial de la diffusion. «Un livre mal diffusé et mal distribué est un livre boiteux», a-t-il conclu.