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![Aux sources de la crise égyptienne Aux sources de la crise égyptienne](https://www.libe.ma/photo/art/default/5713616-8519461.jpg?v=1374490743)
Qu’est-ce qui a mené 17 millions d’égyptiens à gagner les places publiques à travers le pays et incité 22 millions d’entre eux à signer une dénonciation du président Mohammed Morsi ? Pourquoi le site web du mouvement égyptien à la base de la protestation, Tamarrod (rebelle), « demande que le président Morsi quitte ses fonctions le mardi 2 Juillet à 17 heures » et permette des élections anticipées, ou bien il fera face à la « désobéissance civile complète» ? Et pourquoi l’armée égyptienne a-t-elle donné à Morsi un ultimatum : résoudre la crise en 48 heures ou elle s’en chargera ?
Cette crise trouve ses racines dans les échecs économiques et politiques de l’administration Morsi ; échecs qui découlent d’un manque d’appréciation du rôle de la liberté individuelle, y compris la liberté économique, source indispensable de la prospérité.
Cinquante-cinq égyptiens ont été tués et 700 ont été blessés au cours de manifestations dans une violence peut-être exacerbée par le manque d’essence et d’autres produits de base, créant de longues files de consommateurs en colère. Les pénuries et les queues sont la preuve que les politiques de Morsi sont en conflit avec l’approche pro-marché et pro-liberté qui élève typiquement le niveau de vie.
Après la révolution qui a renversé le président Hosni Moubarak, la croissance économique a baissé à 2,2 pour cent pour l’exercice 2012, loin des 5,1 pour cent en 2009/2010. La croissance devait selon les prévisions tomber à 2 pour cent d’ici la fin juin. Par ailleurs, la livre égyptienne a perdu 12,5 pour cent de sa valeur par rapport au dollar américain.
La baisse de la croissance économique a aggravé le chômage et la pauvreté dans ce pays de 82,5 millions d’habitants. Plus de 3,3 millions de personnes, soit 13 pour cent d’égyptiens actifs (et le chiffre est en hausse) sont au chômage, et 46,4 pour cent des 20-24 ans ne peuvent pas trouver un emploi. 43 pour cent des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.
Pour aggraver les choses, le déficit budgétaire du gouvernement explose à 10,8 pour cent du PIB. Le manque à gagner rend plus difficile pour le gouvernement égyptien d’aider les plus pauvres durant ces moments difficiles.
Le ralentissement de l’économie est encore aggravé par la baisse des investissements étrangers, une baisse du tourisme, et l’instabilité politique générale.
Les raisons de cette catastrophe économique s’expliquent aisément par une accumulation de mauvaises politiques économiques, sans parler de la corruption pure et simple et le manque de compétitivité. Le Rapport sur la compétitivité mondiale classe l’Egypte 94ème sur 142 pays. De fortes subventions, par exemple, ont créé un système inefficace pour le transport du pain et de l’essence à travers le pays, créant des pénuries des deux produits et provoquant la colère des citoyens contre le gouvernement. Le président Morsi avait promis de résoudre le problème dans les 100 jours après sa prise de fonction, mais il ne l’a pas fait.
Il n’y a pas que de l’économie cependant. Les échecs politiques du gouvernement de M. Morsi constituent une autre raison de la situation précaire de l’Egypte. Presque toutes les personnes que Morsi a nommé ministres, gouverneurs et autres hauts fonctionnaires, venaient des Frères musulmans, aliénant ainsi ceux qui se méfient de la loi islamique. Il a également unilatéralement élargi ses pouvoirs, par exemple, en restreignant la liberté d’expression et de la presse.
Tout cela, ainsi que d’autres vexations économiques et politiques, a provoqué la perte de foi du peuple égyptien dans l’administration Morsi. La suite des évènements est difficile à prédire. Mais si le prochain gouvernement ne supprime pas les limitations à la liberté individuelle et à la libre entreprise, c’est à dire s’il ne déréglemente pas et ne réforme pas les subventions, il échouera.
et Dr Nouh El Harmouzi
Respectivement professeur d’économie à l’Université de Sohag en Egypte et professeur d’économie à l’Université
Ibn Toufail à Kénitra
Cette crise trouve ses racines dans les échecs économiques et politiques de l’administration Morsi ; échecs qui découlent d’un manque d’appréciation du rôle de la liberté individuelle, y compris la liberté économique, source indispensable de la prospérité.
Cinquante-cinq égyptiens ont été tués et 700 ont été blessés au cours de manifestations dans une violence peut-être exacerbée par le manque d’essence et d’autres produits de base, créant de longues files de consommateurs en colère. Les pénuries et les queues sont la preuve que les politiques de Morsi sont en conflit avec l’approche pro-marché et pro-liberté qui élève typiquement le niveau de vie.
Après la révolution qui a renversé le président Hosni Moubarak, la croissance économique a baissé à 2,2 pour cent pour l’exercice 2012, loin des 5,1 pour cent en 2009/2010. La croissance devait selon les prévisions tomber à 2 pour cent d’ici la fin juin. Par ailleurs, la livre égyptienne a perdu 12,5 pour cent de sa valeur par rapport au dollar américain.
La baisse de la croissance économique a aggravé le chômage et la pauvreté dans ce pays de 82,5 millions d’habitants. Plus de 3,3 millions de personnes, soit 13 pour cent d’égyptiens actifs (et le chiffre est en hausse) sont au chômage, et 46,4 pour cent des 20-24 ans ne peuvent pas trouver un emploi. 43 pour cent des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.
Pour aggraver les choses, le déficit budgétaire du gouvernement explose à 10,8 pour cent du PIB. Le manque à gagner rend plus difficile pour le gouvernement égyptien d’aider les plus pauvres durant ces moments difficiles.
Le ralentissement de l’économie est encore aggravé par la baisse des investissements étrangers, une baisse du tourisme, et l’instabilité politique générale.
Les raisons de cette catastrophe économique s’expliquent aisément par une accumulation de mauvaises politiques économiques, sans parler de la corruption pure et simple et le manque de compétitivité. Le Rapport sur la compétitivité mondiale classe l’Egypte 94ème sur 142 pays. De fortes subventions, par exemple, ont créé un système inefficace pour le transport du pain et de l’essence à travers le pays, créant des pénuries des deux produits et provoquant la colère des citoyens contre le gouvernement. Le président Morsi avait promis de résoudre le problème dans les 100 jours après sa prise de fonction, mais il ne l’a pas fait.
Il n’y a pas que de l’économie cependant. Les échecs politiques du gouvernement de M. Morsi constituent une autre raison de la situation précaire de l’Egypte. Presque toutes les personnes que Morsi a nommé ministres, gouverneurs et autres hauts fonctionnaires, venaient des Frères musulmans, aliénant ainsi ceux qui se méfient de la loi islamique. Il a également unilatéralement élargi ses pouvoirs, par exemple, en restreignant la liberté d’expression et de la presse.
Tout cela, ainsi que d’autres vexations économiques et politiques, a provoqué la perte de foi du peuple égyptien dans l’administration Morsi. La suite des évènements est difficile à prédire. Mais si le prochain gouvernement ne supprime pas les limitations à la liberté individuelle et à la libre entreprise, c’est à dire s’il ne déréglemente pas et ne réforme pas les subventions, il échouera.
et Dr Nouh El Harmouzi
Respectivement professeur d’économie à l’Université de Sohag en Egypte et professeur d’économie à l’Université
Ibn Toufail à Kénitra