Plus que pour briller, l’instrument est là pour dialoguer, illustrer, conforter, titiller, relayer, créer un décor propice à l’expression du chant. Une approche qui dispense de la virtuosité et des superlatifs. Soul Conversation est une relecture des premières musiques que j’ai écoutées : blues, soul, rock, folk … Elles chantaient l’espoir de lendemains meilleurs », explique le bluesman français Jean-Jacques Milteau.
Et d’ajouter : « Pour la première fois, la jeunesse du monde entier utilisait un langage commun pour exprimer un désir d’ouverture et de tolérance. On s’éloignait de la grande boucherie mondiale, on sortait de la colonisation et la société occidentale semblait assez riche pour venir en aide aux plus démunis, où qu’ils se trouvent : « Have Pity On Those Whose Chances Grow Thinner , For There Is No Hiding Place Against The Kingdoms Throne (Curtis Mayfield : People Get Ready)». Force est de constater qu’on a dû rater un embranchement depuis, mais « … The Darkest Hour Is Always Just Before The Dawn (David Crosby : Long Time Gone)», Soul Conversation s’offre un petit balayage d’horizon, une sorte de recherche de cap … «Is This The Way?» Les questions m’ont toujours paru plus essentielles que les réponses …», conclut-il Fou amoureux de son harmonica, Jean-Jacques Milteau la considère davantage comme une clé. Une clé qui «aura ouvert quelques portes à l’ex-gamin de la zone, né au mitan du XXe siècle aux confins de la Porte d’Italie», lit-on dans la présentation de ce concert. A son actif, le musicien compte plusieurs albums vendus à des millions d’exemplaires partout dans le monde. Il s’agit de «Blues Harp » (1989) «Explorer » (1991) «Live » (1992), «Routes » (1994) «Merci d’être venus » (1996) «Bastille Blues » (1999), «Memphis » (2001) «Blue 3rd» (2003) «Fragile» (2006), «Live, Hot n’Blue » (2007) et «Soul Conversation» (2008). Une discographie où Jean-Jacques Milteau affiche toutefois un amour précoce pour le blues et les musiques noires invitant ainsi sur ses enregistrements les incontournables voix du blues : Gil Scott Heron et Terry Callier, ainsi que Little Milton, N’Dambi ou Mighty Sam McClain. Dans la majorité de ses tubes, on note une dominante blues/soul désormais quasi-exclusive, un mélange de compositions originales et de reprises de standards, une intégration voire une mise en avant, ponctuelle ou récurrente, de musiciens et chanteurs blues américains, connus ou moins connus.