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D’après le même communiqué, ni les associations de défense des droits des consommateurs ni le simple citoyen n’ont de pouvoir pour peser sur les prix vu que la loi en question stipule, selon cette ONG, « une liberté totale des prix devant un pouvoir d'achat qui s'appauvrit de plus en plus alors que devant cette liberté totale des prix, sans concurrence, le Conseil national de la concurrence brille par son absence ».
Une révision de la loi sera-t-elle la solution idéale ? « En fait, les prix ne se décrètent pas par un texte de loi. Notamment sur un marché qui fonctionne normalement et où il y a équilibre entre l'offre et la demande. Un marché concurrentiel idéal exige, entre autres, la transparence de l'information, qui doit être gratuitement disponible pour tous les agents », nous a expliqué Hicham Attouch, président du Forum des économistes marocains (FEM) avant de préciser que « c’est là que le bât blesse puisqu’il y a absence d’information au niveau du marché local. Seul le producteur détient l’information sur le coût et la valeur de ses produits et impose sa manière de fixer ses propres prix ».
Une asymétrie d’information qui n’a plus de raison d’être aujourd’hui, puisque le consommateur peut, via plusieurs canaux, dont les réseaux sociaux, arriver à savoir comment ces prix sont fixés. « A titre d’exemple, auparavant, il était difficile de s’informer sur le prix du pétrole en France, en Chine ou ailleurs. Le consommateur dispose aujourd’hui de cette possibilité grâce aux nouvelles technologies de l’information. Et c’est cet accès à l’information qui est à l’origine de la campagne de boycott menée depuis quelques jours contre certaines entreprises ». Une situation des plus complexes, selon notre source, puisque le Conseil de la concurrence qui aurait dû être un médiateur entre le consommateur et le producteur ne joue pas son rôle. En fait, la Constitution de 2011 a confié à cette institution la qualité "d’instance administrative indépendante chargée d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques".
A ce propos, ledit Conseil s’est doté d’un véritable pouvoir décisionnel en matière de concentrations et de pratiques anticoncurrentielles (ententes anticoncurrentielles et abus de position dominante, pratiques de prix abusivement bas). Il a également la possibilité de mener des enquêtes concernant les pratiques anticoncurrentielles, le contrôle des opérations de concentration économique et il est habilité à s’autosaisir, à prendre des mesures conservatoires et à prononcer des sanctions pécuniaires. «Ce rôle de contrôle a fait toujours partie de notre histoire et de notre héritage culturel. Je fais référence à l’institution de la Hisba destinée à vérifier la bonne application de la charia en matière commerciale», nous a affirmé Hicham Attouch. Et de poursuivre : «En résumé, nous nous trouvons face à une défaillance institutionnelle et c’est le consommateur qui paie les pots cassés. Mais, ce dernier est de plus en plus avisé et le producteur ne détient plus l’information seul. C’est le début d’un processus qui s’annonce irréversible».
Le président du FEM est catégorique. On ne peut pas parler d’un texte de loi relatif à la liberté des prix et de la concurrence sans la mise sur pied d’un marché qui fonctionne conformément à la loi de l’offre et de la demande, des institutions de régulation qui veillent à ce que le consommateur ne soit pas lésé et la possibilité de recours à la justice en cas de litige. L’ensemble de ces éléments n’existe pas et, du coup, la loi 104.12 n’est qu’un texte vide de sens », nous a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « L’Etat a procédé à la libéralisation de plusieurs secteurs sans mettre en place des garde-fous. Le producteur, en se cachant derrière plusieurs prétextes (sécheresse, augmentation de prix de pétrole…) augmente les prix de vente et même quand il ne peut se cacher derrière ces prétextes, il refuse de baisser ses prix. Au Maroc, les prix semblent avoir été fixés une fois pour toutes pour certains produits tels que les hydrocarbures, l’eau potable et le lait. On empêche même certains producteurs de vendre en deçà des prix du marché. Rappelons le cas d’une entreprise de Kénitra qui avait été fortement combattue pour avoir voulu vendre son lait à 3,10 DH le litre. Elle a même été empêchée de vendre ses produits dans les grandes surfaces. Il y a une pression forte de la part des entreprises meneuses qui imposent leur prix au marché ».
Notre interlocuteur pense que l’Etat est également responsable de l’augmentation des prix du fait de la pression fiscale. « Nous sommes parmi les pays les plus imposables au monde. Taxer des produits à 20%, cela induit un impact direct sur le prix final », nous a-t-il précisé. Et de conclure : « Le fardeau fiscal est lourd à tel point qu’un cadre moyen ne peut plus vivre dignement au Maroc alors qu’il participe avec d’autres à la pérennité du marché en consommant des biens et des services en quantité non négligeable. Trop de pression fiscale peut affecter la pérennité du marché ».