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Si les événements de Laâyoune -du sit- in dans la périphérie de la ville pour des revendications socio-économiques aux actes criminels et de vandalisme commis par des fauteurs de troubles sur fond de séparatisme- ont interpellé la classe politique, ils n'en posent pas moins la question de l'implantation des partis au Sahara. Sont-ils réellement implantés dans cette région du Maroc ? Peut-on valablement faire de la politique au Sahara ? Des idéologies s'y font-elles concurrence sur le terrain ? Les jeunes des provinces du Sud sont-ils encadrés et pris en charge par les politiques ? Dans le fracas des troubles survenus à Laâyoune, les questions n'en finissent pas de se bousculer.
Pour Mohamed Al Achaari, les partis n'ont jamais été vraiment présents dans les provinces du Sud. " Le travail politique qui y était mené était toujours une sorte de façade qui n'a rien à voir avec la population. On a beaucoup emprunté au système tribal pour faire de la politique moderne. Résultat, on a perdu sur les deux registres : pas vraiment de tribalisme et pas de véritable parti. La classe politique, les partis doivent aujourd'hui revoir leur relation à ce territoire national ".
D'un bout à l'autre de l'échiquier politique, on est prompt à admettre que l'approche sécuritaire en vigueur dans les provinces du Sud des décennies durant a exclu le politique de la région. " Il est vrai que l'approche sécuritaire a conforté les chefs de tribu et l'Etat leur a donné les moyens de perdurer. A cela, il est important d'ajouter que la situation de statu quo dans le dossier du Sahara constitue un frein au développement politique ", reconnaît Abdelouahed Souhaïl, membre du bureau politique du PPS. Ce dirigeant de gauche parle volontiers de la complexité de la situation. Les partis, explique-t-il, ont du mal là-bas à exister en dehors des liens tribaux. " Il ne faut pas perdre de vue qu'au Sahara, nous avons affaire à une société tribale et que derrière un élu, il y a toujours une tribu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de politique ".
Fait-on de la politique au Sahara ? Difficile de répondre à la question. Tous les partis mettent en avant la difficulté de faire de la politique dans les provinces sahariennes. " Au PJD, nous avons du mal à exister au Sahara. Nous y avons une représentation très limitée. Les blocages sont nombreux. Il y a un problème de moyens, un problème d'autorité. Dans les provinces du Sud, les habitants préfèrent s'adresser à l'autorité parce qu'ils croient que les politiques ne pourront rien pour eux. Et puis, il ne faut pas non plus cacher que souvent l'Etat appelle les partis pour applaudir ce qui se fait là-bas et non pas pour autre chose. Ce n'est pas le style du PJD ! " s'exclame Abdelilah Benkirane, le leader des islamistes du Parlement.
" On peut être Sahraoui et être de gauche ! "
L'approche sécuritaire a fait long feu et le Maroc est fort aujourd'hui d'un plan d'autonomie du Sahara défendu et soutenu à l'international. " Les premières approches dictées par un souci d'unité et de cohésion sont caduques. Nous avons un projet pour les provinces du Sud, un projet juste, cohérent et convaincant. Il a besoin d'une mobilisation réelle sur le terrain pour qu'il y ait adhésion ", fait valoir l'Usfpéiste Mohamed Al Achaari. Pour ce militant dont le cœur bat à gauche, les partis sont invités à revoir leur copie et l'approche politique et partisane revue et corrigée. " Il ne s'agit pas de construire des alliances superficielles. Il s'agit de s'adresser à la conscience des jeunes, des femmes, des hommes qui ne sont pas que des chioukhs de tribus. Il est important de les considérer comme des consciences culturelles, sociales, économiques et politiques. Il n'est pas normal qu'il n'y ait pas d'hommes ou de femmes de gauche ou de droite au Sahara. Il n'est pas normal que l'identité s'arrête au fait d'être Sahraoui. Parce qu'on peut être Sahraoui, libéral, socialiste ", fait-il remarquer.
Au PPS, on ne le cache pas : le parti a eu du mal à avoir une existence véritable dans les provinces du Sud. " Et comme les partis, la société civile existe mais elle a toujours du mal à s'imposer. Bien sûr, des hommes et des femmes de gauche et de droite existent mais le vote, lui, est toujours tribal ", relève Abdelouahed Souhaïl avant de conclure que le discours royal prononcé à l'occasion du 35ème anniversaire de la Marche Verte s'inscrit également dans le cadre de l'émergence de nouvelles élites, notamment au CORCAS.