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Au Maroc, et les cancérologues sont prompts à le reconnaître, on revient de loin. Si le cancer continue d’être tabou, la prise en charge de la maladie est en constante évolution. Deux registres du cancer ont vu le jour à Rabat et à Casablanca mettant ainsi à jour des données épidémiologiques précises, rigoureuses et fiables, cruciales pour l’élaboration de stratégies de dépistages.
Chez nous, un homme sur sept et une femme sur huit âgés de 0 à 74 ans risquent d’être atteints d’un cancer. En 2020, le nombre de cancers va connaître une augmentation de 45% au Maroc. Ce sont les hommes qui en seront le plus touchés. Les personnes de sexe masculin affectées par cette pathologie vont subir une progression de 47% contre 43% pour les femmes.
A Rabat par exemple et selon les chiffres du registre, 2473 nouveaux cas de cancers ont été enregistrés entre 2006 et 2008. Les personnes qui ont découvert leur maladie durant cette période ont un âge moyen de 62 ans pour les hommes et de 54 ans pour les femmes. Dans la capitale –et c’est le cas à travers le Maroc- le cancer du poumon vient au premier rang chez les hommes (19%) suivi du cancer de la prostate (15,5). Le cancer du poumon est 10 fois plus fréquent chez l’homme que la femme. Son incidence chez le patient de sexe masculin augmente nettement avec l’âge et au moins la moitié des cas sont à des stades avancés au moment du diagnostic.
Pour le chirurgien cancérologue et membre du conseil du registre des cancers de Rabat, Abdelilah Souadka, un tel registre est un axe nodal dans l’action de lutte contre le cancer. En la matière, explique-t-il, le Maroc revient de loin. «Il faudra attendre l’engagement d’une Princesse dans la lutte contre le cancer pour que les choses, les perceptions, les priorités changent. Je suis prompt d’ailleurs à le dire: l’Association Lalla Salma de lutte contre le cancer a donné un coup de fouet salutaire à la prise en charge tant médicale qu’humaine de toutes ces personnes atteintes de cette maladie. Des centres anti-cancers ont été édifiés, des maisons ont ouvert leurs portes, une meilleure prise en charge est assurée, surtout en direction des plus démunis et ne jouissant d’aucune couverture médicale. Le cancer est enfin devenu problème de santé publique et, surtout, sa prise en charge inscrite au rang de priorité», soutient-il.
Ce qui reste à faire: Un centre pour chaque région
Et même si en termes de lutte contre le cancer le Maroc revient de loin, des problèmes majeurs continuent de se poser dans la prise en charge de cette maladie. Cet oncologue de la place évoque l’importance de la proximité pour venir à bout de ce fléau qu’est le cancer. « Sous l’impulsion de la Fondation Lalla Salma, des centres régionaux anti-cancer ont été construits. Ils ne sont pas suffisants. Des régions entières ne sont pas couvertes et échappent à la politique de lutte contre le cancer. Il s’agit de régions comme Tanger, le Sahara ou encore le Gharb. En fait, pour une prise en charge pérenne et efficace des malades atteints de cancers, il est important d’avoir un centre anti-cancer par région. Et un tel centre doit comprendre les trois armes thérapeutiques que sont la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. La proximité suppose également la consultation avancée dans chaque région avec le déplacement des médecins du centre dans les douars et les localités reculées et enclavées de la région à laquelle appartient le centre anti-cancer», propose ce médecin spécialiste.
La sensibilisation et l’information sont des piliers importants dans la guerre menée contre le cancer. De l’avis des blouses blanches mobilisées dans la lutte contre cette maladie, les campagnes de sensibilisation n’atteindront pleinement leur objectif que si elles touchent le milieu rural, les régions déshéritées, les zones désenclavées. «Dans ce sens, le diagnostic précoce doit être une priorité. Quant au dépistage, il faut surtout le développer dans les services de maternité en ce qui le cancer du col utérin qui est le deuxième cancer chez les Marocaines», déclare cet ancien de l’Institut national d’oncologie, (INO).
Reste enfin l’épineuse question de la thérapeutique. Au Maroc, la prise en charge du cancer est, soutiennent les cancérologues, confrontée à la pression du lobby pharmaceutique international. «Si les deux armes thérapeutiques que sont la chirurgie et la radiothérapie sont à notre portée, la chimiothérapie est malheureusement une affaire de lobbying de laboratoires pharmaceutiques internationaux», confie ce chimiothérapeute avant d’inviter les pouvoirs publics à réfléchir à ce que fait l’Inde en matière de génériques.