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Celui que les manifestants safiots appellent déjà «martyr de nos rêves pour un Maroc meilleur » est décédé quelques jours après la manifestation du 29 mai à laquelle il participait. Il aurait été violemment frappé par les forces de l’ordre.
Au terme d’une première mission d’observation menée vendredi 3 juin 2011 par « Alliance for freedom and dignity », basée en Belgique et Me Samira Gazzaz, avocate au barreau de Bruxelles, on en sait un peu plus sur ce qui se serait passé. Selon cette association, Kamal Ammari aurait été accosté par les forces de l’ordre, sur le chemin du retour, après la manifestation. « D’après les témoins, il est frappé par 7 policiers. Aucune partie de son corps n’est épargné, des coups de poing, des coups de pied. Les forces de l’ordre utilisent des matraques. Les témoins parlent d’une violence inouïe et gratuite », peut-on lire dans un pré-rapport de la mission d’observation de cette ONG internationale qui jette une lumière crue sur les nouvelles méthodes des « Aigles », ces policiers en moto qui circulent généralement en binôme.
Kamal Ammari ne sera conduit à l’hôpital Mohammed V que bien plus tard, sa famille craignant qu’il ne soit arrêté. Il y décédera jeudi 2 juin.
La nouvelle se propage comme une traînée de poudre alors qu’une seule et même question inquiète les citoyens : Kamal Ammari serait-il mort des suites des violences policières dont il aurait été victime ? Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Safi s’empresse d’ordonner l’autopsie du corps du défunt. Une commission médicale composée de trois médecins légistes est chargée de déterminer les causes du décès de cet activiste, licencié en physique.
Alors que la rue n’en finissait pas de gronder et que les obsèques de Kamal Ammari ont réuni des milliers de manifestants qui réclamaient que toute la vérité soit faite sur les circonstances de la mort de ce jeune Safiot, les résultats de l’autopsie tombent. L’activiste du 20 février serait mort des suites d’«une pneumopathie extensive avec anoxie cérébrale ». « Cette pneumopathie a aggravé les effets d’un traumatisme thoracique non compliqué et habituellement bénin et a entraîné la mort en l’absence d’un traitement précoce et adéquat », précise un communiqué du parquet général qui annonce, dans la foulée, l’ouverture d’une enquête approfondie, par la brigade nationale de la police judiciaire, pour déterminer les circonstances de ce décès.Que s’est-il exactement passé ce dimanche 29 mai ? Et comment Kamal Ammari a-t-il perdu la vie ? C’est ce que tentent de comprendre les activistes du « Médiateur pour la démocratie et les droits de l’Homme » et ceux de « l’Observatoire marocain des libertés publiques » qui ont conjointement mené une enquête minutieuse à Safi et qui, au lendemain de la mort de ce manifestant de Safi, avaient rendu public un communiqué pour « condamner toutes les formes de violence auxquels sont confrontés les manifestants, des violences qui peuvent mettre en péril le droit à la vie ». Khadija Marouazi, Kamal Lahbib, Hassan Semlali et Youssef Rouigrat ont passé trois jours dans cette ville et dans ses environs, organisé des séances d’audition et d’écoute de toutes les parties concernées –autorités, directeur de l’hôpital, membres de la famille, témoins, manifestants…-procédé à la collecte de documents (vidéos, communiqués, plaintes, etc) pour essayer d’établir la vérité sur le décès de Kamal Ammari. « Nous allons à présent recouper les différentes informations que nous avons pu recueillir avant de commencer la rédaction de notre rapport. Nous en présenterons les conclusions à l’opinion publique très vite, probablement en début de semaine prochaine, dans une conférence de presse », a déclaré à « Libération» Khadija Marouazi, la présidente du « Médiateur… ».
C’est un délai très court que s’est aussi imposé le Conseil national des droits de l’Homme aux destinées duquel préside le tandem Driss El Yazami et Mohamed Sebbar pour rendre ses conclusions. « Probablement d’ici la fin de cette semaine », nous a confié une source proche du Conseil. Il y a quelques jours, le CNDH avait dépêché une commission d’investigation et d’enquête à Safi, suite au décès de K. Ammari. Une commission composée de trois experts qui, quatre jours durant, ont rencontré et surtout écouté les différents protagonistes –à différents niveaux de responsabilités- de cette triste affaire.