Après la détention du président istiqlalien de l’arrondissement Youssoufia : Les questions de la classe politique


Narjis Rerhaye
Mardi 7 Juillet 2009

Après la détention du président istiqlalien de l’arrondissement Youssoufia : Les questions de la classe politique
La nouvelle est tombée dimanche comme un coup de tonnerre dans le ciel politique, forcément post-électoral. L’arrestation, dimanche 5 juillet 2009, du président du conseil de l’arrondissement de Youssoufia, Rabat, et sa mise en détention viennent poser une fois de plus la question de l’éthique électorale.
L’Istiqlalien Saïd Bayou qui  venait à peine d’être élu, la veille, président de l’arrondissement de Youssoufia, succédant à Omar Bahraoui, a passé sa première nuit en prison. Ainsi en a décidé  le Procureur général compétent à Rabat. L’élu indélicat  est poursuivi pour escroquerie et émission de chèques sans provision.
Dans le civil,  le tout nouveau  (éphémère?) président du conseil de l’arrondissement de Youssoufia est avocat. Il aurait escroqué plusieurs de ses clients dont il aurait détourné les dépôts au lieu de les consigner au greffe et faisait l’objet de plaintes. Pas moins de 14 mandats d’arrêt avaient été émis contre lui.
Comment cet édile, qui est même parvenu à se faire élire à la tête d’un arrondissement de la capitale,  a-t-il pu échapper à toute mise en examen et se présenter aux élections du 12 juin 2009 ? C’est la question que se pose, ce lundi matin,  Ismaïl Alaoui, le secrétaire général du PPS. « Comment les autorités ont-elles pu lui accorder les documents nécessaires à sa candidature sans que la police judiciaire ne bouge ? Faut-il mettre cela sur le compte d’une énième turpitude de l’Administration ? C’est en tout cas le problème qui se pose aujourd’hui ».
Le conseiller istiqlalien M. Ansari est prompt à répondre, code électoral à l’appui. La loi électorale, explique-t-il, ne permet l’interpellation et/ou l’arrestation d’un candidat qu’une fois le processus électoral achevé. « C’est ce qui a été fait avec M. Bayou. C’est au lendemain de son élection à la présidence du conseil de l’arrondissement de Youssoufia qu’il a été interpellé. Dans le cas d’espèce,  la réaction du Parquet est tout à fait correcte et conforme à la loi », soutient ce membre du comité exécutif de l’Istiqlal avant d’ajouter, en bon avocat, qu’«on ne peut pas interdire à un candidat de se présenter aux élections en l’absence d’un jugement définitif ».
Cette arrestation du président du conseil de l’arrondissement de Youssoufia, un quartier populaire de Rabat, soulève la problématique de la sociologie électorale en terre marocaine. Les candidats en élection sont-ils des personnes peu recommandables, souvent en délicatesse avec la justice ? Le système électoral marocain est-il en train de céder au grand banditisme et autres mafias ? Autant de questions qui jettent une lumière crue sur la crise de confiance que traverse le microcosme politique.
Quand les mafias font de l’entrisme
Le patron des anciens communistes, Ismaïl Alaoui, en est convaincu. L’arrestation de l’édile Bayou peut être interprétée comme un signal. « Il était temps de mettre le holà. On assistait à une décrépitude de la morale électorale et de la pratique politique. Maintenant d’autres signaux doivent suivre. La situation n’est pas rassurante. Des mafias sont en train de s’installer dans les institutions élues ».
Le dirigeant usfpéiste  Mohamed Al Achaari, lui, est plus circonspect et s’interdit de faire de l’arrestation de l’édile istiqlalien un exploit de l’Etat de droit. « Des chèques sans provision, on en voit tous les jours dans les sociétés modernes. La loi intervient, la justice fait son travail, le plus naturellement du monde. Je ne comprends pas que l’on fasse aujourd’hui une pyramide de cette arrestation et qu’on l’amplifie de cette manière. Toujours est-il, j’espère que justice sera rendue de manière sereine. Ce que j’ai vu pendant les dernières élections ne m’autorise pas à l’optimisme. J’ai vu déferler le banditisme et l’utilisation de l’argent sans que le système ne réagisse. Y a-t-il en fait un système pour voler au secours de notre démocratie qui est en train de se faire agresser par de telles pratiques ? En fait, après tout ce que j’ai vécu à l’occasion des communales, je suis plutôt désespéré car je ne vois aucune éthique. Et ce qui s’est passé avec l’arrestation de cet élu ne procède pas d’un réflexe sain et systématique.»
Enfin, du côté de l’Istiqlal, il n’y a pour l’heure aucune réaction officielle. La réunion hebdomadaire du comité exécutif du parti se tiendra mercredi, comme prévu. Le plus vieux parti marocain aurait-il adopté la position du très prudent « wait and see ».
Reste enfin l’avenir de l’arrondissement de Youssoufia. Selon la loi, si l’absence du président du conseil excède 2 mois, un nouveau bureau devra alors être constitué.


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