Après la destitution de Mansouri, un nouveau président pour le RNI : Les 100 jours de Mezouar, un test pour les réformateurs


Narjis Rerhaye
Lundi 25 Janvier 2010

Après la destitution de Mansouri, un nouveau président pour le RNI : Les 100 jours de Mezouar, un test pour les réformateurs
A Marrakech, ce samedi 23 janvier, et contre toute attente, il y a eu deux vedettes. Un peu comme si une star peut toujours en cacher une autre. Les militants du Rassemblement national des indépendants, réunis en conseil national pour destituer leur leader et acclamer leur nouveau président, en en ont fait l'apprentissage. Comme ils ont fait l'apprentissage, forcément douloureux, de la méthodologie démocratique.
Deux vedettes donc. D'un côté Salaheddine Mezouar, super-star des réformateurs au destin présidentiel et médiatique à souhait et de l'autre Rachid Sassi, un quadra militant de base, inconnu au bataillon, sorti de nulle part mais 20 ans de militantisme au compteur. Le premier est acclamé président, par la grâce d'un vote à main levée dans la foulée de la destitution, à main levée aussi, de Mustapha Mansouri. Le second s'est dressé, seul contre tous, pour réclamer la fin de l'ère du candidat unique, du zaïm incontesté et, surtout, de vraies élections avec bulletin et urnes transparentes. Face à un peu plus de 600 militants qui ont succombé à l'effet Mezouar-ici, à Marrakech, on a vu des «anciens» qui avaient complètement rompu avec les bleus, à l'image de l'ancien ministre Hassan Abbadi ou Abdelhafid Rouissi, ex-patron du groupe de presse Maroc-Soir, revenir au bercail - il y a eu un homme, et un seul, qui a élevé la voix pour que sa famille politique, le RNI, rompe avec les pratiques du passé et change vraiment pour de bon en élisant réellement et démocratiquement son leader. « Je vais me présenter. Je vais être candidat. Je sais que je n'ai aucune chance contre Mezouar. Mais je le fais au nom de la démocratie ».
Voici comment la leçon de démocratie est venue d'un simple militant, anonyme noyé dans la foule bleue, devenu poil à gratter de la grosse machine des réformateurs. Le président élu en fin de matinée par acclamation et un vote à main levée demandera à son tour des urnes, des bulletins de vote. « Je ne voudrais pas que l'on dise de moi un jour que j'ai été mal élu ». Certains appellent cela l'intelligence de l'instant…

Les voies impénétrables du bulletin secret

Au jeu de la démocratie, l'argentier du Royaume a obtenu 610 voix contre 8 voix pour Rachid Sassi, le militant lambda. 8 petites voix qui ont pourtant pesé de tout leur poids pour que le Rassemblement national des indépendants en quête de restructuration et de nouvelle identité ne renoue pas avec les vieux démons du candidat unique.  Et si la destitution de Mustapha Mansouri -son ombre n'en finira pas de planer au cours de ce conseil national- s'était faite à l'unanimité au cours du vote à main levée qui s’était déroulé ce même samedi aux environs de 13 heures, il n'en est pas exactement de même dès que la démocratie a été convoquée. 34 membres du conseil national ont en effet voté contre la destitution du successeur de Ahmed Osman. Les voies impénétrables du bulletin secret…
Mezouar président, que faut-il maintenant retenir de ce très long feuilleton «RNI contre RNI»? Le changement de présidence est-il un coup d'Etat blanc? La démocratie a-t-elle été convoquée pour des raisons réellement démocratiques? Sont-ce là des militants qui ont choisi de prendre en main leur destin et surtout de rebâtir un parti, le leur, qu'ils jugeaient en déshérence?
Les réformateurs, les clés du parti aujourd'hui en poche, ont en tout cas opté pour le principe de la majorité, un principe cher à la démocratie. L'écrasante majorité des membres du conseil national ainsi que l'ensemble des caciques du Bureau exécutif -les deux dernières grosses prises jusque-là acquises à Mansouri, le Tangérois Mohamed Bouhriz et le Rifain de Nador Abdelkader Salama ont été opérées samedi aux environs de 11 heures du matin- ont rallié les thèses du Mouvement des réformateurs. La tenue du conseil national s'est faite, elle,  dans la légalité et la légitimité les plus formelles. En plus d'une décision de justice arrachée jeudi 21 janvier rejetant l'interdiction de la convocation de cette instance, des huissiers de justice, postés à l'entrée du Palais des Congrès, à Marrakech, procédaient systématiquement à la vérification de l'identité des membres du conseil national. Histoire de démontrer que le temps du « Inzal » et autre parachutage de mauvais aloi est bel et bien révolu.

Un parti du libéralisme social est né

Changement de président, changement d'identité politique du RNI, ce parti que l'on présentait volontiers comme appartenant à la génération de la Marche Verte et prônant les idées de la social-démocratie. Des idées caduques pour les réformateurs qui ont proclamé le RNI comme un parti du libéralisme social. Des principes fondés sur l'économie de marché et la libre entreprise sur fond de valeurs de justice sociale. Une sorte de 5ème ou 6ème voie à la Salaheddine Mezouar qui est, il ne faut surtout pas l'oublier, ministre de l'Economie et des Finances. A cela, il convient d'ajouter le programme de réformes et de restructuration du Rassemblement annoncé par Mezouar dans son discours de pré-investiture, long de 33 pages. Cette formation politique veut donner corps à la régionalisation en s'organisant dans les régions. Des « Rabitate » ou fédérations vont être créées et portes et fenêtres seront ouvertes aux citoyens désireux de s'engager.
Sur l'échiquier politique, le RNI nouveau est plutôt à droite en se positionnant dans un pôle libéral où l'on retrouverait le Parti Authenticité et Modernité. Une logique de pôles que défendent jusqu'au bout les réformateurs constitués d'un pôle socialiste mené par l'USFP et un autre, conservateur, animé par le PJD et l'Istiqlal. Les échéances de 2012 se préparent dès aujourd'hui et le parti de Mezouar a bien l'intention de créer la surprise, surtout s'il fait alliance avec un PAM, machine de guerre électorale lors des communales de l'été dernier.
Reste que le RNI de Salaheddine Mezouar sacrifie aux slogans consommés jusqu'à l'usure. Les réformateurs crient haut et fort qu'ils s'inscrivent dans le projet démocratique et moderniste, une tarte à la crème adoptée par toutes les boutiques partisanes. C'est dire si les 100 premiers jours de Mezouar à la tête du RNI seront décisifs dans ce sens où il devra montrer sa capacité au changement…


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