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il est très clair qu'il n'y a rien à reprocher au niveau des orientations générales du programme économique du PJD dans la mesure où, généralement celui-ci s’inscrit dans la continuité de la politique économique déjà en vigueur au Maroc depuis plus de 15 ans. Le PJD dans ce sens maintient une ligne libérale, tout en préservant les équilibres nécessaires au statu quo.
En revanche, les islamistes du PJD risquent fort de jouer toute leur crédibilité sur le terrain économique à la lumière de certaines mesures proposées qui restent dans le contexte actuel difficiles à concrétiser voire irréalisables.
Alors que le PJD propose un objectif de croissance ambitieux de l’ordre de 7%, le contexte autour de nous ne nous permettra de réaliser qu’un taux de 3,5% ou 4% dans le meilleurs des cas, ce qui reste très insuffisant pour faire baisser le chômage et la dette publique. Dans ce sens, le Fonds monétaire international (FMI) avait déjà en septembre dernier maintenu sa prédiction d'une croissance lente dans le monde à court terme autour de 4% en 2011 et en 2012. De plus, la situation chez notre principal partenaire économique, l’Europe en l’occurrence, est nettement morose avec une progression prévisible du PIB de 1,6% en 2011 (et non plus 2%) et 1,1% en 2012 (contre 1,7%) toujours selon le FMI.
Du côté du déficit budgétaire, actuellement à 6%, et que le PJD compte baisser, la tâche serait aussi très difficile. Il faut dire dans ce cadre que les finances publiques sont sous pression depuis la dernière crise économique mondiale, en raison de ce qu’a nécessité l’effort public de soutien aux entreprises en difficulté dans l’objectif de diminuer l’effet de la crise et préserver les emplois. A cela, on peut ajouter aussi les conséquences du dernier round du dialogue social qui a donné lieu à des engagements financiers supplémentaires annuels de l’Etat de l’ordre de 8 milliards et 600 millions de dirhams. Les marges de manœuvre susceptibles de réduire le déficit budgétaire restent donc très limitées pour le prochain gouvernement à part s’il engage une réforme profonde des systèmes de compensation et de retraite avec tout ce que cela implique comme coût politique en raison des suites impopulaires qu’une telle réforme impliquera.
Le PJD prévoit aussi de lutter contre le chômage et de créer 250.000 emplois par an. Cependant, ses propositions restent très vagues en la matière, et tournent autour du soutien à l’auto emploi et les facilitations pour l’insertion des jeunes dans le milieu de travail à travers une prise en charge partielle des charges sociales. Cela dit, le prochain gouvernement devrait relever le défi de l’accroissement de la pression accrue durant les cinq prochaines années sur le marché de travail, et ainsi faire face aux conséquences de la transition démographique que nous vivons actuellement.
La problématique de chômage, n’est pas à traiter dans son volet quantitatif seulement, mais nécessite une approche intégrée qui doit tenir compte à la fois, des besoins en terme de qualifications d’une part, et des équilibres nécessaires à préserver dans les relations de travail entre employeurs et employés en renforçant les filets de sécurité sociale en parallèle d’autre part.
Une autre proposition qui suscite beaucoup d’interrogations est celle qui consiste à augmenter le SMIG à 3000 DH, dans la mesure où le législateur impose à l’autorité gouvernementale de mener une négociation entre partenaires sociaux (patronat et syndicats) pour fixer un SMIG acceptable par tout le monde.
De ce fait, la décision d’augmenter le SMIG n’appartient pas exclusivement au gouvernement mais plutôt c’est le résultat de négociations collectives à caractère corporatiste. Parlant de conjoncture, et dans la situation de crise que nous vivons, une augmentation du SMIG aura deux effets pervers sur une économie comme la nôtre. Premièrement, on assistera à un basculement vers l’informel, et deuxièmement, le gouvernement favorisera l’éclosion du chômage à cause de la compression des effectifs employés par le secteur formel. Donc, l’augmentation du SMIG est une décision politique qui doit avoir comme corollaire économique, une amélioration de la productivité.
En somme, le PJD doit d’abord cohabiter avec la récession et la crise de la dette publique qui se généralisent au sein de l’Union européenne, en raison de perspectives de croissance faibles voire négatives
dans certains pays. Une aggravation donc de la situation de notre premier partenaire économique peut rapidement s’étendre au Maroc à travers une limitation des capacités de financement du déficit budgétaire et une baisse des IDE d’origine européenne. Cela implique de la part du PJD, un investissement dans la confiance vis-à-vis de nos partenaires européens pour maintenir la coopération à un niveau acceptable, sachant que le parti n’a pas vraiment de projet économique alternatif.
D’autre part, la corruption, la pauvreté et l’économie de rente constituent autant de défis internes que le PJD est appelé à relever, sinon il risque de décevoir…
* Economiste, professeur à l’Université Hassan II de Mohammedia