Autres articles
-
Imad El-Hafidi : Il est temps de reconnaître que nos aînés migrants sont des acteurs essentiels de notre société
-
Belguendouz Abdelkrim Les acteurs en charge du dossier des MRE sont souvent les mêmes, ce qui maintient une approche figée, sans innovation ni remise en question des méthodes utilisées
-
Naoufal Bouamri : Humaniser les sentences en créant une alternative à des sanctions qui se sont révélées incapables à elles seules d'avoir un effet dissuasif
-
Neil Colquhoun : «Nous avons largement surpassé les objectifs initiaux d’Epson au Maroc »
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
Comment évaluez-vous la situation actuelle du marché du travail au Maroc ?
Qu’il s’agisse de l’offre ou de la demande, des quantités ou de la qualité, des individus ou des organisations, d’hommes ou de femmes, jeunes et adultes, les bouleversements causés par la pandémie du Covid-19 ont remis au-devant de la scène les questionnements sur les fragilités et le devenir du marché du travail, lesquels se trouvent alimentés par des inquiétudes, incertitudes et réalités du terrain, mais ne s’imposent certainement pas avec la même acuité d’un plan à l’autre. Sur le plan de l’offre ou de la demande de travail, la pandémie est venue renforcer des déséquilibres qui ont longtemps existé à l’image du chômage, de l’inadéquation, y compris le sous-emploi, l’emploi dans le secteur informel et l’emploi vulnérable, du faible contenu de la croissance en emplois, de naissance d’une génération de jeunes nulle part ou NINI (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation professionnelle), etc. A titre d’indication, le HCP a rapporté que près de 590.000 emplois étaient détruits entre les deuxièmes trimestres de 2019 et 2020, soit un peu près de 5% des emplois, mais plus de la moitié des heures travaillées dans les secteurs hors-agriculture. Aussi, la population sous-employée a augmenté de plus de 360.000 actifs occupés au cours de cette période. Pour ce qui est des catégories de la population, la situation actuelle est marquée par des effets exacerbés pour les travailleurs de l’informel, les femmes, les jeunes et les mal payés. Les premiers se trouvent, aujourd’hui, sans protection sociale, devant un choix à double tranchant : continuer d’aller au travail et risquer de contracter et de diffuser le virus auprès des proches et dans la société, ou de rester chez soi et risquer de manquer les moyens de survie et de subsistance nécessaires. Avec les incertitudes qui prévalent aujourd’hui, sur les plans national et international, se pose la question de la pertinence de considérer la capacité de l’informel à répondre aux demandes d’emplois, d’une importante frange de la population, surtout urbaine. Dire que les travailleurs de l’informel se trouvent tous dans l’extrême vulnérabilité, c’est oublier la pluralité des situations et les diverses formes que prend l’économie informelle. Néanmoins, une grande partie de ces travailleurs reste exposée et risque d’augmenter le nombre des pauvres dans le Royaume, qui pourrait s’élever à plus d’un million de personnes selon les nouvelles estimations de la Banque mondiale. Pour ce qui est des femmes, il a été observé que cette catégorie subit de manière disproportionnée les répercussions de la crise du Covid-19, sur le marché du travail. Une première observation des répercussions de cette crise sur les femmes marocaines concerne le travail en danger. Celles-ci représentent, en effet, 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social (ONU-Femmes). Elles jouent, alors, un rôle disproportionné dans la réponse à la maladie. Outre le travail en danger, les femmes sont considérablement présentes dans des secteurs très touchés, y compris l’industrie qui compte pour un dixième des emplois féminins, le commerce qui totalise environ 5% des emplois féminins, ainsi que la restauration et hôtellerie dont 20% des effectifs sont de sexe féminin. A cela s’ajoute la contre-performance du secteur primaire, qui occupe 60% des femmes actives, 8 femmes sans diplôme sur 10 et le tiers des femmes ayant un diplôme moyen. Les retombées sur les femmes travailleuses risquent d’être amplifiées par la faible qualité de leurs emplois, car près de 80% ne bénéficient pas d’une couverture médicale et près du tiers travaillent pour de bas salaires. Concernant les jeunes, en plus des vulnérabilités traditionnelles, qui se matérialisent par leurs taux de chômage élevés (33,4% au deuxième trimestre de 2020 pour les 15-24 ans) et les barrières à l’entrée reflétées par la dominance du chômage de primo-insertion et une surreprésentation dans l’économie informelle, le Covid-19 apporte des défis supplémentaires, autant pour les jeunes chercheurs d’emplois que ceux ou celles en relation d’emplois, en particulier dans les domaines d’adaptation et d’apprentissage tout au long de la vie. Ce dernier ne devrait plus être pris pour un système auxiliaire, mais comme un système central qui s’impose vu les transformations continues des modes de production, de biens et services, qui touchent principalement les emplois des jeunes, mais également pour assurer une flexibilité-sécurité à même de favoriser un ajustement fluide des offres aux demandes et des minimas de protection sociale.
Comment est-ce que ce marché pourrait être relancé après la crise du Covid-19 ?
Je souligne, tout d’abord, que l’impact de cette crise sur l’activité est une variable latente dans le sens où il est tributaire, entre autres, de la durée du choc qui demeure incertaine. Il l’est aussi car le Covid-19 est déjà en train de réécrire l’avenir des appariements [c-à-d, des relations d’emploi] de différentes manières, à savoir : l’impact sur le comportement actuel et avenir des agents étant les incertitudes et les engagements, l’impact sur les chaînes de valeur mondiale et donc, entre autres, sur les coûts et l’emploi, l’impact sur les modes de collaboration entre entreprise et son environnement, notamment la décentralisation du lieu du travail, l’impact sur la culture des entreprises et la psychologie des organisations, en général, etc. Je souligne aussi que, dans de telles circonstances, le choc négatif sur le marché du travail peut revêtir un caractère hystérétique et le chômage, qui pourrait être en principe temporaire, pourrait persister. Plusieurs raisons soutiennent un prolongement de l’influence des chocs actuels sur les conditions futures du marché du travail. On note la capacité des entreprises à embaucher, la consolidation de leur situation financière et le recours aux stratégies de compression des coûts, notamment à travers l’adoption et la diffusion de nouvelles technologies ainsi que l’adoption de techniques fondées sur le capital et les meilleures pratiques, les rigidités structurelles qui empêchent une certaine fluidité entre l’offre et la demande, la perte en termes d’attractivité et d’employabilité des chômeurs de longue durée à cause de la dépréciation voire l’obsolescence de leurs compétences ou juste par manque de signalement, etc. Auquel cas, la pertinence des politiques de relance keynésiennes de la demande dépendra de la profondeur des changements que subiraient les structures de l’économie, des mutations des modes d’organisation de la production tant au niveau national qu’international, de la mise en place de réformes structurelles et leur effectivité et adaptabilité, mais aussi de la capacité d’adaptation des travailleurs. Ce qui est sûr, c’est que de telles politiques seraient incapables de remettre les pendules à zéro. Je précise, enfin, qu’en la présence d’incertitudes sur plus d’un plan, l’Etat ne peut laisser à la nature l’initiative de la reprise. Il doit, cependant, se porter garant de l’offre et de la demande à travers une politique budgétaire active et une politique monétaire conciliante, dans l’espoir de voir une reprise à l’international. Ceci serait en mesure de favoriser l’instauration d’un climat de confiance, qui est indispensable afin de faire inscrire les agents dans une marche de relance économique. Se pose, alors, la question du timing, qui reste essentiel pour l’efficacité des interventions.
Quel est le rôle des programmes de l’emploi dans la qualification et la reconversion professionnelle des jeunes et des actifs, notamment dans une conjoncture de crise sanitaire ?
Comme je l’ai précisé, le choc négatif sur le marché du travail risque de prendre du temps. Ce qui veut dire que la vitesse de convergence des “outcomes” du marché du travail vers leurs niveaux d’avant Covid-19 risque d’être lente. Ceci peut renforcer le degré de gravité de certains phénomènes à l’image du chômage de longue durée, du chômage d’exclusion et de primo-insertion, du découragement, etc. L’employabilité, la dépréciation du capital humain, l’obsolescence des compétences, et autres défis relatifs à la qualité de la main-d’œuvre monteraient donc en surface. D’autre part, les mutations induites par le Covid-19 auraient certainement des répercussions sur les modes de collaboration entre entreprise et son environnement, mais également sur la pertinence des compétences des travailleurs. Aussi, l’essoufflement d’un modèle de croissance centré sur la demande intérieure, particulièrement les investissements publics et la concentration des échanges appellent aujourd’hui à la diversification, la transition, l’ouverture, et la productivité / compétitivité. Ceci place l’innovation, le professionnalisme et l’adaptabilité de la main-d’œuvre au centre de tout projet et toute tentative d’élaboration d’un nouveau modèle de croissance. Outre ces questions, la pandémie du coronavirus a mis en évidence la nécessité d’un modèle de flexisécurité adapté à la réalité des emplois au Maroc. Un élément central, pour ce faire, est la réussite d’un juste équilibre entre flexibilité du marché du travail, protection sociale, politiques actives du marché du travail et formation de la maind’œuvre, notamment sous le prisme d’apprentissage tout au long de la vie qui permet, entre autres, la mobilité et la reconversion Donc, il s’agit d’un rôle central qu’auraient la qualification et la reconversion professionnelle des jeunes et des actifs. Les programmes actifs d’emploi seraient appelés alors à dépasser leurs domaines habituels tant sur le plan des instruments et cibles que sur le plan d’échelle et de portée. Outre les programmes actifs d’emploi, l’enseignement et la formation professionnels doivent s’adapter dans le but d’améliorer la qualité et d’élargir les possibilités et modalités d’accès et de livraison. Ils doivent aussi être dotés d’une certaine flexibilité, qui devrait se matérialiser par l’existence de plusieurs voies d’entrée au cadre de qualification et de sortie.
Qu’il s’agisse de l’offre ou de la demande, des quantités ou de la qualité, des individus ou des organisations, d’hommes ou de femmes, jeunes et adultes, les bouleversements causés par la pandémie du Covid-19 ont remis au-devant de la scène les questionnements sur les fragilités et le devenir du marché du travail, lesquels se trouvent alimentés par des inquiétudes, incertitudes et réalités du terrain, mais ne s’imposent certainement pas avec la même acuité d’un plan à l’autre. Sur le plan de l’offre ou de la demande de travail, la pandémie est venue renforcer des déséquilibres qui ont longtemps existé à l’image du chômage, de l’inadéquation, y compris le sous-emploi, l’emploi dans le secteur informel et l’emploi vulnérable, du faible contenu de la croissance en emplois, de naissance d’une génération de jeunes nulle part ou NINI (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation professionnelle), etc. A titre d’indication, le HCP a rapporté que près de 590.000 emplois étaient détruits entre les deuxièmes trimestres de 2019 et 2020, soit un peu près de 5% des emplois, mais plus de la moitié des heures travaillées dans les secteurs hors-agriculture. Aussi, la population sous-employée a augmenté de plus de 360.000 actifs occupés au cours de cette période. Pour ce qui est des catégories de la population, la situation actuelle est marquée par des effets exacerbés pour les travailleurs de l’informel, les femmes, les jeunes et les mal payés. Les premiers se trouvent, aujourd’hui, sans protection sociale, devant un choix à double tranchant : continuer d’aller au travail et risquer de contracter et de diffuser le virus auprès des proches et dans la société, ou de rester chez soi et risquer de manquer les moyens de survie et de subsistance nécessaires. Avec les incertitudes qui prévalent aujourd’hui, sur les plans national et international, se pose la question de la pertinence de considérer la capacité de l’informel à répondre aux demandes d’emplois, d’une importante frange de la population, surtout urbaine. Dire que les travailleurs de l’informel se trouvent tous dans l’extrême vulnérabilité, c’est oublier la pluralité des situations et les diverses formes que prend l’économie informelle. Néanmoins, une grande partie de ces travailleurs reste exposée et risque d’augmenter le nombre des pauvres dans le Royaume, qui pourrait s’élever à plus d’un million de personnes selon les nouvelles estimations de la Banque mondiale. Pour ce qui est des femmes, il a été observé que cette catégorie subit de manière disproportionnée les répercussions de la crise du Covid-19, sur le marché du travail. Une première observation des répercussions de cette crise sur les femmes marocaines concerne le travail en danger. Celles-ci représentent, en effet, 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social (ONU-Femmes). Elles jouent, alors, un rôle disproportionné dans la réponse à la maladie. Outre le travail en danger, les femmes sont considérablement présentes dans des secteurs très touchés, y compris l’industrie qui compte pour un dixième des emplois féminins, le commerce qui totalise environ 5% des emplois féminins, ainsi que la restauration et hôtellerie dont 20% des effectifs sont de sexe féminin. A cela s’ajoute la contre-performance du secteur primaire, qui occupe 60% des femmes actives, 8 femmes sans diplôme sur 10 et le tiers des femmes ayant un diplôme moyen. Les retombées sur les femmes travailleuses risquent d’être amplifiées par la faible qualité de leurs emplois, car près de 80% ne bénéficient pas d’une couverture médicale et près du tiers travaillent pour de bas salaires. Concernant les jeunes, en plus des vulnérabilités traditionnelles, qui se matérialisent par leurs taux de chômage élevés (33,4% au deuxième trimestre de 2020 pour les 15-24 ans) et les barrières à l’entrée reflétées par la dominance du chômage de primo-insertion et une surreprésentation dans l’économie informelle, le Covid-19 apporte des défis supplémentaires, autant pour les jeunes chercheurs d’emplois que ceux ou celles en relation d’emplois, en particulier dans les domaines d’adaptation et d’apprentissage tout au long de la vie. Ce dernier ne devrait plus être pris pour un système auxiliaire, mais comme un système central qui s’impose vu les transformations continues des modes de production, de biens et services, qui touchent principalement les emplois des jeunes, mais également pour assurer une flexibilité-sécurité à même de favoriser un ajustement fluide des offres aux demandes et des minimas de protection sociale.
Comment est-ce que ce marché pourrait être relancé après la crise du Covid-19 ?
Je souligne, tout d’abord, que l’impact de cette crise sur l’activité est une variable latente dans le sens où il est tributaire, entre autres, de la durée du choc qui demeure incertaine. Il l’est aussi car le Covid-19 est déjà en train de réécrire l’avenir des appariements [c-à-d, des relations d’emploi] de différentes manières, à savoir : l’impact sur le comportement actuel et avenir des agents étant les incertitudes et les engagements, l’impact sur les chaînes de valeur mondiale et donc, entre autres, sur les coûts et l’emploi, l’impact sur les modes de collaboration entre entreprise et son environnement, notamment la décentralisation du lieu du travail, l’impact sur la culture des entreprises et la psychologie des organisations, en général, etc. Je souligne aussi que, dans de telles circonstances, le choc négatif sur le marché du travail peut revêtir un caractère hystérétique et le chômage, qui pourrait être en principe temporaire, pourrait persister. Plusieurs raisons soutiennent un prolongement de l’influence des chocs actuels sur les conditions futures du marché du travail. On note la capacité des entreprises à embaucher, la consolidation de leur situation financière et le recours aux stratégies de compression des coûts, notamment à travers l’adoption et la diffusion de nouvelles technologies ainsi que l’adoption de techniques fondées sur le capital et les meilleures pratiques, les rigidités structurelles qui empêchent une certaine fluidité entre l’offre et la demande, la perte en termes d’attractivité et d’employabilité des chômeurs de longue durée à cause de la dépréciation voire l’obsolescence de leurs compétences ou juste par manque de signalement, etc. Auquel cas, la pertinence des politiques de relance keynésiennes de la demande dépendra de la profondeur des changements que subiraient les structures de l’économie, des mutations des modes d’organisation de la production tant au niveau national qu’international, de la mise en place de réformes structurelles et leur effectivité et adaptabilité, mais aussi de la capacité d’adaptation des travailleurs. Ce qui est sûr, c’est que de telles politiques seraient incapables de remettre les pendules à zéro. Je précise, enfin, qu’en la présence d’incertitudes sur plus d’un plan, l’Etat ne peut laisser à la nature l’initiative de la reprise. Il doit, cependant, se porter garant de l’offre et de la demande à travers une politique budgétaire active et une politique monétaire conciliante, dans l’espoir de voir une reprise à l’international. Ceci serait en mesure de favoriser l’instauration d’un climat de confiance, qui est indispensable afin de faire inscrire les agents dans une marche de relance économique. Se pose, alors, la question du timing, qui reste essentiel pour l’efficacité des interventions.
Quel est le rôle des programmes de l’emploi dans la qualification et la reconversion professionnelle des jeunes et des actifs, notamment dans une conjoncture de crise sanitaire ?
Comme je l’ai précisé, le choc négatif sur le marché du travail risque de prendre du temps. Ce qui veut dire que la vitesse de convergence des “outcomes” du marché du travail vers leurs niveaux d’avant Covid-19 risque d’être lente. Ceci peut renforcer le degré de gravité de certains phénomènes à l’image du chômage de longue durée, du chômage d’exclusion et de primo-insertion, du découragement, etc. L’employabilité, la dépréciation du capital humain, l’obsolescence des compétences, et autres défis relatifs à la qualité de la main-d’œuvre monteraient donc en surface. D’autre part, les mutations induites par le Covid-19 auraient certainement des répercussions sur les modes de collaboration entre entreprise et son environnement, mais également sur la pertinence des compétences des travailleurs. Aussi, l’essoufflement d’un modèle de croissance centré sur la demande intérieure, particulièrement les investissements publics et la concentration des échanges appellent aujourd’hui à la diversification, la transition, l’ouverture, et la productivité / compétitivité. Ceci place l’innovation, le professionnalisme et l’adaptabilité de la main-d’œuvre au centre de tout projet et toute tentative d’élaboration d’un nouveau modèle de croissance. Outre ces questions, la pandémie du coronavirus a mis en évidence la nécessité d’un modèle de flexisécurité adapté à la réalité des emplois au Maroc. Un élément central, pour ce faire, est la réussite d’un juste équilibre entre flexibilité du marché du travail, protection sociale, politiques actives du marché du travail et formation de la maind’œuvre, notamment sous le prisme d’apprentissage tout au long de la vie qui permet, entre autres, la mobilité et la reconversion Donc, il s’agit d’un rôle central qu’auraient la qualification et la reconversion professionnelle des jeunes et des actifs. Les programmes actifs d’emploi seraient appelés alors à dépasser leurs domaines habituels tant sur le plan des instruments et cibles que sur le plan d’échelle et de portée. Outre les programmes actifs d’emploi, l’enseignement et la formation professionnels doivent s’adapter dans le but d’améliorer la qualité et d’élargir les possibilités et modalités d’accès et de livraison. Ils doivent aussi être dotés d’une certaine flexibilité, qui devrait se matérialiser par l’existence de plusieurs voies d’entrée au cadre de qualification et de sortie.
Quels sont les moyens à même de favoriser l’inclusion sociale des jeunes privés d’éducation et de formation ?
Je veux, tout d’abord, dire que le poids de cette catégorie démographique, qui est la jeunesse en général, ainsi que le besoin de libérer l’Homme, conjugué à la crainte des faits et des conséquences, associée à la compression de ces choix, ont placé la “jeunesse” et son insertion au cœur des débats les plus animés entre économistes, politiciens, philosophes, et sociologues depuis les années soixante. Ces débats enseignent que l’expression “insertion des jeunes” couvre aussi bien des aspects économiques que non économiques, mais soulignent que les plus déterminants de ces aspects dans nos pays en développement sont : l’éducation et la formation, l’insertion professionnelle et l’accès aux services et aux espaces dédiés à la jeunesse. Le plein exercice d’une insertion dans les autres domaines de l’inclusion sociale est très tributaire des aspects précités. De plus, les études indiquent que l’inadéquation de ces aspects peut aboutir au développement de la méfiance, du désengagement civique et peut conduire à des troubles sociaux et à la violence. Il faut également souligner que l’éducation et la formation, qui font partie de ces aspects, sont des prérequis à l’égalité des chances et donc à la réduction des obstacles faisant face à l’inclusion des jeunes d’aujourd’hui et des générations futures. L’éducation et la formation professionnelle constituent aujourd’hui un axe central des politiques d’insertion, qu’il s’agit des pays développés ou en développement. Sous l’influence de l’expansion du capitalisme cognitif, et sur la base des recommandations des institutions nationales et internationales, elles se sont rapidement converties et développées en un instrument privilégié de lutte contre les situations d’exclusion, qui se manifeste particulièrement en termes de compression d’opportunités économique et non économiques offertes aux jeunes personnes non ou peu qualifiées. Un premier moyen pour favoriser l’inclusion sociale des jeunes privés d’éducation et de formation consisterait naturellement donc en la provision d’éducation et de formation, notamment via la mise en place de programmes de deuxième chance. Ces programmes peuvent être de grande utilité pour les jeunes qui ont manqué l’occasion de développer leur capital humain avant ou durant l’adolescence (Banque mondiale, 2006). Il s’agit principalement de programmes d’alphabétisation, d’apprentissage, de formation, de désintoxication, et de requalification des lauréats des établissements de l’éducation et de la formation. Malgré le fait que ces programmes peuvent ne pas conduire à une participation effective au marché du travail et à la vie en communauté, ils contribuent, néanmoins, à la consolidation des facteurs de conversion. D’autres moyens doivent avoir lieu au sein des systèmes éducatifs et de formation pour accroître l’adéquation de l’éducation au monde du travail, d’autres devront s’adresser aux sortants de ces systèmes afin de faciliter leur transition vers le marché du travail. Parmi les actions potentielles, je cite l’identification, à un stade avancé, de ceux qui peuvent être privés d’éducation et/ou de formation et ceux qui peuvent devenir NEETs. Cette dernière permettrait la mise en œuvre de mesures préventives dont le but est la prise en charge de leur cas avant leur désengagement. S’il est certes que de nombreuses dimensions entrent en jeu avant que les jeunes tombent dans de telles situations, il est prouvé que les mauvais résultats scolaires et les attitudes négatives envers la scolarité sont des plus pesants. Il s’agit, également, du renforcement du contenu éducatif en compétences et de la préparation des jeunes au marché du travail. Notons qu’à côté d’une éducation de base de bonne qualité, les systèmes éducatifs doivent fournir des opportunités d’enseignement technique et professionnel qui confèrent des compétences demandées par le marché du travail. On peut aussi parler de l’aide à la recherche du travail au profit des jeunes NEETs, dont l’objectif est de mieux connecter les jeunes à la recherche d’emplois avec les employeurs demandeurs de travail. Toutefois, les programmes d’aide à la recherche d’emplois ne sont efficaces que lorsque les emplois existent. Ils sont peu utiles dans un contexte de chômage de masse. Je rappelle, enfin, que d’autres moyens sont à envisager afin de favoriser le nonéconomique de l’insertion sociale, notamment le rôle de l’information. Il est essentiel de s’informer sur ces jeunes, mais aussi de les informer et les sensibiliser par rapport aux possibilités offertes d’insertion sociale.
Je veux, tout d’abord, dire que le poids de cette catégorie démographique, qui est la jeunesse en général, ainsi que le besoin de libérer l’Homme, conjugué à la crainte des faits et des conséquences, associée à la compression de ces choix, ont placé la “jeunesse” et son insertion au cœur des débats les plus animés entre économistes, politiciens, philosophes, et sociologues depuis les années soixante. Ces débats enseignent que l’expression “insertion des jeunes” couvre aussi bien des aspects économiques que non économiques, mais soulignent que les plus déterminants de ces aspects dans nos pays en développement sont : l’éducation et la formation, l’insertion professionnelle et l’accès aux services et aux espaces dédiés à la jeunesse. Le plein exercice d’une insertion dans les autres domaines de l’inclusion sociale est très tributaire des aspects précités. De plus, les études indiquent que l’inadéquation de ces aspects peut aboutir au développement de la méfiance, du désengagement civique et peut conduire à des troubles sociaux et à la violence. Il faut également souligner que l’éducation et la formation, qui font partie de ces aspects, sont des prérequis à l’égalité des chances et donc à la réduction des obstacles faisant face à l’inclusion des jeunes d’aujourd’hui et des générations futures. L’éducation et la formation professionnelle constituent aujourd’hui un axe central des politiques d’insertion, qu’il s’agit des pays développés ou en développement. Sous l’influence de l’expansion du capitalisme cognitif, et sur la base des recommandations des institutions nationales et internationales, elles se sont rapidement converties et développées en un instrument privilégié de lutte contre les situations d’exclusion, qui se manifeste particulièrement en termes de compression d’opportunités économique et non économiques offertes aux jeunes personnes non ou peu qualifiées. Un premier moyen pour favoriser l’inclusion sociale des jeunes privés d’éducation et de formation consisterait naturellement donc en la provision d’éducation et de formation, notamment via la mise en place de programmes de deuxième chance. Ces programmes peuvent être de grande utilité pour les jeunes qui ont manqué l’occasion de développer leur capital humain avant ou durant l’adolescence (Banque mondiale, 2006). Il s’agit principalement de programmes d’alphabétisation, d’apprentissage, de formation, de désintoxication, et de requalification des lauréats des établissements de l’éducation et de la formation. Malgré le fait que ces programmes peuvent ne pas conduire à une participation effective au marché du travail et à la vie en communauté, ils contribuent, néanmoins, à la consolidation des facteurs de conversion. D’autres moyens doivent avoir lieu au sein des systèmes éducatifs et de formation pour accroître l’adéquation de l’éducation au monde du travail, d’autres devront s’adresser aux sortants de ces systèmes afin de faciliter leur transition vers le marché du travail. Parmi les actions potentielles, je cite l’identification, à un stade avancé, de ceux qui peuvent être privés d’éducation et/ou de formation et ceux qui peuvent devenir NEETs. Cette dernière permettrait la mise en œuvre de mesures préventives dont le but est la prise en charge de leur cas avant leur désengagement. S’il est certes que de nombreuses dimensions entrent en jeu avant que les jeunes tombent dans de telles situations, il est prouvé que les mauvais résultats scolaires et les attitudes négatives envers la scolarité sont des plus pesants. Il s’agit, également, du renforcement du contenu éducatif en compétences et de la préparation des jeunes au marché du travail. Notons qu’à côté d’une éducation de base de bonne qualité, les systèmes éducatifs doivent fournir des opportunités d’enseignement technique et professionnel qui confèrent des compétences demandées par le marché du travail. On peut aussi parler de l’aide à la recherche du travail au profit des jeunes NEETs, dont l’objectif est de mieux connecter les jeunes à la recherche d’emplois avec les employeurs demandeurs de travail. Toutefois, les programmes d’aide à la recherche d’emplois ne sont efficaces que lorsque les emplois existent. Ils sont peu utiles dans un contexte de chômage de masse. Je rappelle, enfin, que d’autres moyens sont à envisager afin de favoriser le nonéconomique de l’insertion sociale, notamment le rôle de l’information. Il est essentiel de s’informer sur ces jeunes, mais aussi de les informer et les sensibiliser par rapport aux possibilités offertes d’insertion sociale.