"Qu'un avion non identifié évoluant dans l'espace aérien turc ait été abattu n'était pas, et n'est pas, une mesure visant un pays en particulier", assure M. Davutoglu dans le quotidien britannique.
"La Turquie a agi, sur la base des règles d'engagement en vigueur, pour protéger l'intégrité de sa souveraineté territoriale", poursuit-il, ajoutant que des "discussions nécessaires" au règlement de la crise étaient en cours.
"Même si les mesures destinées à défendre notre territoire vont rester en place, la Turquie va travailler avec la Russie et nos alliés pour apaiser les tensions", assure le chef du gouvernement turc, qui appelle également à ne pas se tromper de conflit.
"La communauté internationale ne doit pas agir contre elle-même. Sinon, les seuls vainqueurs seront Daech (groupe Etat islamique) et le régime syrien".
L'aviation turque a abattu mardi un avion russe Su-24 qui revenait d'une mission de combat près de la frontière syrienne, provoquant une crise entre les deux pays, la Russie annonçant préparer des mesures de rétorsion économique contre Ankara.
La Turquie affirme que l'appareil était entré dans son espace aérien et qu'il a été averti "dix fois en cinq minutes", tandis que Moscou assure qu'il survolait le territoire syrien et n'a pas été mis en garde avant d'être touché.
Elle a fermement défendu jeudi son engagement "incontesté" contre les jihadistes en réponse aux accusations de complaisance lancées par la Russie, et exclu de s'excuser pour avoir abattu un de ses avions militaires à la frontière syrienne.
Lors d'un discours sur deux chaînes de télévision étrangères, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a catégoriquement nié que son pays laissait transiter ou bénéficiait des ventes de pétrole du groupe Etat islamique (EI).
"Ce sont des mensonges, ce sont des calomnies", a-t-il dit lors d'un entretien à France 24.
"Nous n'avons jamais, mais vraiment jamais eu ce genre de commerce avec des organisations terroristes", a poursuivi M. Erdogan, "il faut le prouver, et au moment où ils le prouveront, Tayyip Erdogan ne restera pas en poste ici".
Ankara et Moscou s'opposent depuis des années sur le dossier syrien. Les Turcs ont fait du départ de M. Assad la condition sine qua non de toute solution au conflit, alors que les Russes constituent, avec l'Iran, son dernier soutien.
Par ailleurs, Vladimir Poutine a demandé des "excuses claires" de la part d'Ankara après ce premier accroc dans l'intervention militaire lancée le 30 septembre par la Russie en Syrie. Mais son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que c'était à Moscou de s'excuser, affirmant en outre avoir tenté en vain de joindre le Kremlin, ce qu'a démenti le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
L'incident a mis à mal la stratégie de Vladimir Poutine, partisan d'une coalition internationale appuyant les armées syrienne et irakienne, et celle de François Hollande, favorable à une coalition "élargie" contre l'EI.