En 71 minutes, le film du réalisateur italien Antonio Spanò, sorti en 2021, embarque les spectateurs dans un voyage à travers la campagne congolaise, pour suivre le quotidien de quatre petits agriculteurs dans quatre provinces, dont les parcours se croisent: Eugénie, productrice de café, Biaba, agriculteur de riz, Augustin, éleveur et enfin Chantal et Colette, productrices d’huile de palme.
Se promenant à travers les champs verdoyants, la montagne et les plantations de riz et palmiers, la caméra s’engage sur les sentiers de ces paysans démunis qui gagnent leur pain à la sueur de leur front et qui font des mains et des pieds pour perpétuer cette tradition d’agriculture familiale devenue trop pénible et peu rentable.
La beauté de la nature et des paysages pittoresques, magnifiquement captés par la caméra, contraste fortement avec la misère de ces pauvres agriculteurs et leurs visages ridés brûlés par le soleil d’aplomb sous lequel ils passent le clair de leurs journées.
A la fin de l'une de ces journées de dur labeur, ils ne sont pas au bout de leurs peines. Après la récolte commence une autre galère: celle d’aller en ville pour vendre leur riz, lait, café ou huile de palme de première qualité, souvent à vil prix voire à perte, parce que les acheteurs se font rares par les temps qui courent, où le marché est envahi par les denrées importées.
Livrés à leur sort et pris en tenaille entre la commercialisation difficile de leur récolte et les taxes exorbitantes imposées par le gouvernement, certains de ces agriculteurs infortunés décident de s’organiser en associations ou coopératives pour chercher de meilleurs débouchés et rentabiliser leur production.
Le film s’achève sur cette note d’espoir, laissant entrevoir les germes d’un "éveil" de ces paysans qui font vivre une agriculture familiale dont dépendent 70% des Congolais, pour se prendre en charge et améliorer leurs conditions de vie.
Selon Adil Semmar, critique d’art et membre de l’équipe d’organisation du festival, le film aborde un sujet d’une grande importance pour le monde d’aujourd’hui où la faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire font des ravages. "Le documentaire tâche de répondre à la question suivante: pourquoi le Congo qui, grâce aux immenses richesses naturelles dont il regorge, peut nourrir la moitié du monde, n’arrive pas à le faire ?", a-t-il dit en présentant le film.
Dans une déclaration à la MAP, M. Semmar a indiqué que ce festival vient répondre à la rareté des événements entièrement consacrés au film documentaire africain dans le monde.
Cette première édition, qui coïncide avec la célébration de “Rabat, capitale africaine de la culture”, vise à mieux faire connaître le film africain au Maroc, à travers la projection d'une sélection de documentaires de plusieurs pays qui braquent l’objectif sur des cultures et des réalités différentes, a-t-il ajouté.
Organisée du 25 au 29 avril par le Centre Sijilmassa pour les études et les recherches audiovisuelles et l'Université Mohammed V de Rabat, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, la première édition de "Rabat'Doc Africa" a pour thème "Le film documentaire africain, un levier pour la créativité et le développement".
Le festival, qui entre dans le cadre des festivités "Rabat, ville lumière, capitale de la culture africaine 2022/2023", rend hommage, cette année, au réalisateur marocain Ahmed El Maânouni ainsi qu'au réalisateur et professeur de cinéma burkinabé, Konate Issiaka.
La sélection officielle du festival comprend huit films documentaires, choisis parmi les œuvres les plus distinguées et représentatives de l'Afrique d'aujourd'hui et des courants artistiques de l'expression cinématographique documentaire. Ces films représentent le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Burkina Faso et le Congo.