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Ahmed Ghazali en informe immédiatement les Sages et met fin à la réunion. C’est la douche froide dans la grande salle qui abrite traditionnellement les travaux du conseil. Pourtant, depuis plusieurs semaines déjà, la HACA était dans l’œil du cyclone et l’étau se resserrait chaque jour davantage sur les responsables et gardiens du temple audiovisuel. L’affaire des nouveaux cahiers des charges de la SNRT et de 2M SOREAD élaborés par Mostafa El Khalfi, le ministre de la Communication, a fini par coûter leur place aux président et directeur général de la Haute Autorité. Après le coup d’Etat dans les médias audiovisuels publics à travers le contrôle direct du ministre El Khalfi, le débat a été largement alimenté par la célérité avec laquelle les Sages ont validé en 24 heures- ces nouveaux cahiers des charges en acceptant toutes les entorses faites au pluralisme culturel et linguistique que consacre la Constitution.
Très vite, les députés, et particulièrement ceux de l‘Union socialiste des forces populaires, ont soulevé la responsabilité de la HACA en direction de laquelle ils ont pointé un doigt accusateur. L’autorité régulatrice, expliquent-ils, n’a pas joué le rôle qui est le sien. Le CSCA a-t-il fonctionné en institution constitutionnelle ? A-t-il rempli jusqu’au bout sa mission en donnant son imprimatur aux cahiers des charges/grilles des programmes de M. El Khalfi ? « Non, répond cet ancien Sage. De tels cahiers des charges n’auraient jamais dû passer. Une raison parmi tant d’autres : la question du pluralisme linguistique largement remise en cause par la copie de l’actuel ministre de la Communication était suffisante pour que la HACA ne valide pas ces cahiers des charges».
Depuis l’audience Royale accordée au chef de gouvernement et au ministre d’Etat A. Baha, au sujet des cahiers des charges et au cours de laquelle le Souverain a rappelé aux membres du gouvernement «la nécessité de respecter la Constitution, laquelle exige explicitement le pluralisme linguistique, culturel et politique», les derniers sceptiques avaient enfin pris conscience de la faute politique de la Haute Autorité et ce en laissant bafouer et malmener les principes du pluralisme, de l’ouverture et de la diversité par le pouvoir exécutif.
Après le vif débat politique et sociétal suscité par les cahiers des charges de l’islamiste Mostafa El Khalfi, une commission ministérielle, présidée par N. Benbadallah, a été chargée de procéder à leur révision.
Amina Lamrini : un choix emblématique
C’est dans ce contexte qu’intervient le changement à la tête de la HACA. Les nominations d’Amina Lamrini El Ouahabi et de Jamal Eddine Naji, le nouveau tandem qui dirigera la Haute Autorité dont la crédibilité a été bien mise à mal après la très rapide imprimatur donnée aux cahiers des charges par qui toutes les polémiques sont arrivées. Le choix d’Amina Lamrini, une activiste dont le cœur bat à gauche, est emblématique. Mme Lamrini a été au cœur des combats en faveur des droits des femmes et de la dignité humaine. Cette militante des droits humains qui a été l’une des toutes premières femmes à siéger au bureau politique du PPS, est une démocrate convaincue, un esprit libre et indépendant, une avocate passionnée du pluralisme et de l’égalité. A ses côtés, Jamal Eddine Naji, cet homme de médias au long cours et avec qui elle a en partage un référentiel et des valeurs où démocratie, modernité et égalité sont les maîtres mots.
Au commencement, la Haute Autorité avait posé les jalons du libéralisme audiovisuel et initié les fondements du pluralisme. L’expérience des nouveaux cahiers des charges a montré les limites d’une équipe qui a très vite été remplacée. Une nouvelle page s’ouvre. Ceux et celles qui se sont inquiétés de la remise en cause du pluralisme linguistique et culturel et de l’indépendance des médias audiovisuels publics peuvent enfin respirer.