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gouvernement ne bouge pas face à la tension et à la colère
des citoyens qui
investissent
les rues
"Donnez-moi 10 milliards de dirhams dont 5 milliards de DH pour Amendis. Ce qui me permettrait d'annuler ce contrat et dire "au revoir" à Amendis". Pour son premier grand oral de cette (dernière) année législative, mardi 17 novembre devant la Chambre basse, Abdelilah Benkirane a été sommé de s’expliquer sur la crise «Amendis», cette société qui gère eau et électricité à Tanger.
Pas question donc pour le chef du gouvernement de rompre le contrat de gestion déléguée signée avec les Français d’Amendis. Le coût d’une résiliation en serait trop lourd, a fait savoir le chef du gouvernement lors de sa séance mensuelle d’interpellation relative aux questions de politique générale.
Si le gouvernement aux destinées duquel préside le leader des islamistes ne compte pas résilier le contrat avec Amendis, il a par contre l’intention de revoir les contrats signés entre les collectivités territoriales et cette société. A Rabat, Redal est également concernée par une telle «révision».
Les factures d’eau et d’électricité ont provoqué une crise sans précédent à Tanger et à Tétouan. Excédés de payer des sommes injustifiées sur une consommation d’eau et d’électricité calculée à l’aveuglette par la société délégataire, les citoyens ont organisé de nombreux mouvements de protestation durant plusieurs semaines. En filigrane, une crise sociale pointait à l’horizon. Plus grave encore, au conseil de la ville de Tanger, la gestion déléguée d’Amendis était devenue un enjeu de politique politicienne. Au grand désarroi des autorités locales qui avaient le fort sentiment d’avoir été abandonnées à leur sort par le gouvernement.
Alors que la crise atteignait des sommets, que des milliers de Tangérois manifestaient dans les rues et le mouvement dit des «bougies en lieu et place de l’électricité» prenait de plus en plus d’ampleur, il a fallu que le Roi Mohammed VI intervienne en personne pour que le chef du gouvernement s’intéresse enfin à la crise «Amendis», celle-là qui a failli se transformer en mouvement social.
C’est Abdelilah Benkirane himself qui l’a révélé mardi après-midi devant les députés en évoquant le coup de fil que lui a donné le Souverain à 6 heures du matin suite aux manifestations de Tanger. «Le Roi m’a reproché de ne pas avoir fait le nécessaire dans ce dossier», a déclaré le patron de l’Exécutif du haut de la tribune parlementaire. La suite de la déclaration-révélation est édifiante. «Je me suis rendu sur place avec Mohamed Hassad, ministre de l'Intérieur, pour engager avec responsabilité les discussions avec les autorités locales et Amendis", poursuivra-t-il en s’adressant à une opinion publique médusée.
C’est donc à la suite de l’appel téléphonique Royal qu’Abdelilah Benkirane s’est enfin déplacé à Tanger, accompagné du ministre de l’Intérieur, pour tenir réunion avec les autorités locales et les responsables d’Amendis.
«Une telle déclaration pose au moins un problème de gouvernance. Le chef du gouvernement ne réagit pas à l’ampleur de la crise provoquée par la surfacturation d’Amendis. Il ne bouge pas face à la tension et à la colère des citoyens qui investissent les rues. Il est impassible devant les surenchères politiciennes sur la question. Bref, il n’a pas pris conscience de la gravité de la situation qui pouvait déraper à n’importe quel moment. Il a fallu que le Roi l’appelle, d’abord pour lui reprocher cet immobilisme et ensuite pour lui demander de se rendre sur place pour trouver des solutions. Il est clair que nous sommes face à une défaillance grave d’un chef de gouvernement qui n’a pas su déployer une gestion de crise», commente ce député de l’Union socialiste des forces populaires.
"Depuis 30 ans, je n'ai cessé de dire chez moi à la maison qu'il faut mettre un terme à la consommation de 10 litres d'eau pour laver juste une cuillère", a lancé en chef de famille économe le chef de l’Exécutif dans l’Hémicycle. Les termes de la révision de la gestion déléguée peuvent attendre.