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C’est une campagne anti-tomate marocaine qui est engagée par les professionnels du secteur des fruits et légumes en France et en Espagne depuis peu. Les producteurs entendent ainsi faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour ne pas valider l’accord. Angélique Delahay, présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes FNPL en France en est arrivée à déclarer «…annule(r) sa participation à la conférence internationale « Tomate du Maroc, les défis de demain » » (communiqué Légumes de France), organisée par l’Association des producteurs exportateurs de maraîchage et primeurs du Maroc (ASPEM), le 9 décembre dernier à Agadir. En réponse à « …cet acte irrévérencieux pour les producteurs maraîchers marocains… », les professionnels du secteur des fruits et légumes du Souss-Massa ont diffusé un communiqué dans lequel ils notent qu’avec la révision à la hausse des quotas des tomates, concombres et courgettes à l’exportation dans le cadre de l’accord Maroc/UE, les quantités restent « …très modestes même dans les produits importants comme la tomate », confie My Ahmed Zahidi, de l’ASPEM et dénonce « la propagande hispano-française (qui) manipule les chiffres ».
Le prétexte de la crise, qui touche aussi le producteur marocain, n’explique pas l’acharnement des lobbys espagnol et français qui maintiennent leur pression pour bloquer les exportations marocaines de tomates. L’accusation d’avoir des frais de personnel plus bas est vite rattrapée en réalité par les frais de transport, beaucoup plus importants engagés par les producteurs exportateurs marocains. Et les professionnels des fruits et légumes de renchérir que si l’on ajoute aux frais de transport, la cherté des produits intrants (engrais, pesticides, matériel de conditionnement…), importés d’Espagne et de France, on remarquera que le prix de revient de la tomate marocaine, très demandée sur les marchés internationaux, une fois arrivée en UE, ne diffère pas trop de celui de sa consoeur française et espagnole. La tomate marocaine ne concurrence pas la tomate de France qui bénéficie pourtant d’importantes subventions européennes.
Le Maroc est le premier exportateur de tomates vers l’UE, suivie de la Turquie et Israël. Pourtant, le volume de tonnage de ses exportations a tout juste atteint les 215.130 tonnes, l’actuelle campagne, soit -30% d’octobre à la mi-décembre par rapport à la même période de la campagne précédente (343 mille tonnes). En comparant les exportations en tomates, courgettes et concombres du Maroc et de l’Espagne de la campagne 2008, les spécialistes notent que les dernières augmentations en ces produits sont très insignifiantes par rapport aux quantités réalisées par les producteurs espagnols à la même période. (Maroc : Tomate : 343.681 tonnes contre 981.583 tonnes en Espagne ; concombre : 3604 tonnes contre 462.924 tonnes en Espagne et courgette : 49.266 tonnes contre 227001 tonnes en Espagne). Les producteurs-exportateurs espagnols ont totalisé l’équivalent de 4.038.243 tonnes d’exportations des principaux légumes en 2008. Pour augmenter ses exportations de tomates vers l’UE, le Maroc exporte sur deux contingents, celui de l’UE à 46.1 euros/100kg et celui de l’OMC dont le prix d’entrée varie selon la période d’exportation entre 52.6 euros du 1er juin au 30 septembre et 112.6 euros en avril. D’aucuns voient en cette volte-face des maraîchers français et espagnols une opportunité pour faire pression et obtenir des indemnisations du fonds européen. Faut-il rappeler que les producteurs maraîchers marocains sont concurrencés dans leur pays, la libéralisation du secteur agricole semble profiter beaucoup plus aux producteurs étrangers qui pratiquent la culture intensive qui appauvrit les terres, font diminuer davantage les ressources hydriques et écoulent plus facilement leurs productions. Au moment où les producteurs du terroir déposent le bilan, une centaine de producteurs, français et espagnols se sont délocalisés au Souss-Massa, les facilités accordées par l’Etat et une main-d’œuvre bon marché y sont pour quelque chose (coût de production dans les fruits et légumes est de 12 euros/heure en France et de 7 euros/heure en Espagne). La technique d’investissement en production à l’étranger semble donner beaucoup de satisfaction, puisque le processus se poursuit au Maroc mais aussi en Tunisie et au Sénégal. Facilités fiscales, main-d’œuvre moins chère que dans les pays d’origine, possibilités à l’export sans limites, ne sont-elles pas les meilleures garanties pour une bonne campagne agricole ? Aussi est-on amené à se demander qui concurrence qui ? La montée au créneau des agriculteurs français est en fait l’onde de choc des échauffourées du mois de février 2009 des agriculteurs espagnols qui s’en sont pris à la tomate marocaine, parce que pratiquant des prix bas et sans respect des quotas. La manigance a pour but de faire pression sur l’UE pour ne pas signer l’accord qui a donné une nouvelle impulsion aux exportations de la tomate marocaine et donc une nouvelle dynamique aux échanges Maroc/UE.