"Je n'ai été impliquée ni dans la préparation ni dans la commission" de ces assassinats commis entre les années 2000 et 2007, a affirmé Beate Zschäpe, 40 ans, lors de l'audience à Munich dans une déclaration écrite lue par ses avocats.
Elle brisait ainsi son silence après avoir refusé de s'exprimer sur les faits depuis le début du procès il y a deux ans et demi.
Beate Zschäpe s'est présentée en victime passive de ses deux anciens complices - aujourd'hui décédés - au sein du groupuscule néonazi Clandestinité national-socialiste (NSU), qui seuls auraient tout fomenté et ne l'auraient informée toujours qu'après coup de leurs méfaits.
"J'étais sidérée" face aux actes qu'ils commettaient, a-t-elle affirmé dans le texte lu par son avocat. Progressivement "j'ai pris conscience, que je vivais avec deux hommes pour qui la vie humaine n'avait pas de valeur", a-t-elle ajouté, en expliquant ne pas avoir eu le courage de les quitter.
"Je ne peux résumer mes sentiments qu'en disant que je me sentais rejetée" par les deux hommes, Uwe Böhnhardt (34 ans) et Uwe Mundlos (38 ans), dans le même temps "attirée" par Böhnhardt, dont elle affirme avoir été amoureuse, et pour cette raison "résignée au sort de vivre avec ces hommes". L'ancienne militante avait au préalable récusé sa première équipe d'avocats, qui lui conseillait de conserver le silence pour ne pas aggraver son cas, et opté pour d'autres défenseurs. Elle a toutefois pris des précautions en refusant de s'exprimer elle-même oralement et en se bornant à une déclaration écrite.
L'accusée est jugée depuis mai 2013 pour sa participation à cette série de dix meurtres, deux attentats à l'explosif contre des communautés étrangères et quinze braquages.
Elle est la seule rescapée du trio, les deux hommes ayant été retrouvés morts par balles par la police au moment où celle-ci venait les arrêter. Les enquêteurs pensent qu'ils se sont soit tous deux suicidés, soit que l'un deux a tué son complice avant de retourner l'arme contre lui-même.
Les huit victimes tuées par le groupuscule sont pour la plupart turques ou d'origine turque. Parmi elles figurent aussi une Grecque et une femme policier. Cette affaire a profondément bouleversé l'Allemagne car le trio a pu être actif en toute impunité pendant des années, jetant une lumière crue sur les défaillances des services de renseignement intérieur.