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Recul de la croissance, érosion des réserves de change, forte accélération des tensions inflationnistes, hausse du chômage et de la pauvreté et recrudescence des mouvements de grève et de protestation sociale. Telles sont en substance les prévisions, pour le moins sombres, que les deux institutions ont formulées pour l’économie algérienne à l’horizon 2020, rapporte la MAP.
Le constat est donc implacable : l’Algérie n’est pas assurée d’échapper à l’étranglement d’une crise financière, au demeurant fortement appréhendée par les spécialistes, mais que le gouvernement et le pouvoir ne semblent guère appréhender, tellement ils sont occupés par les tractations en cours des différents protagonistes en perspective de la prochaine présidentielle, avec l’éventualité d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, retenant ainsi en «otage» tout un peuple et son avenir.
A tort, d’ailleurs, puisque quelques semaines après le FMI qui, au mois de mars dernier, estimait que «les nouvelles mesures prises par le gouvernement risquent d’aggraver les déséquilibres économiques, accentuer les tensions inflationnistes et accélérer la perte de réserves de changes», c’est au tour de la Banque mondiale d’annoncer le mois dernier que «le pays se dirige droit vers une crise financière».
Ces prévisions se rejoignent pour conclure à des indices inquiétants quant aux finances du pays et, partant, aux situations économiques et sociales sur lesquelles elles auront forcément un impact direct. Ouvertement réticentes à l’égard du recours à la planche à billets, les institutions de Bretton Woods anticipent une inflation galopante dès l’année en cours, alors que l’analyse de son évolution pour les années à venir fait apparaître une courbe croissante, puisque, pour le FMI, le taux d’inflation passera de 8,1% en 2019 à 9% en 2020 et, pour la BM, il sera de 7,6% en 2019 et ira crescendo pour atteindre les 13,9% en 2023.
Mais ce qui fait encore plus peur aux Algériens, c’est que la Banque mondiale prévoit une croissance anémique en 2019 et 2020, des pronostics qui viennent ainsi jeter le doute sur les affirmations par trop optimistes d’un Premier ministre, Ahmed Ouyahia, plus que jamais sûr d’avoir orienté le pays sur la voie du développement économique, mais qui se perd dans l’enchevêtrement de ses déclarations contradictoires sur la situation économique du pays, tantôt «rassurante», tantôt «très pessimiste».
Et ce que Ouyahia présente comme une planche de salut, la planche à billets en l’occurrence, la BM et le FMI le perçoivent, au contraire, comme un facteur d’aggravation de la situation financière. Il s’agit là d’un élément aggravant puisque la crise y est déjà, sinon pourquoi recourir à l’impression de la monnaie sans contrepartie pour financer, entre autres, les projets d’infrastructures économiques. C’est ainsi que quoi que puisse conjecturer le Premier ministre, le financement non conventionnel et la création de monnaie sans contrepartie de valeur réelle ne peuvent que conduire à un phénomène d’inflation galopante, voire d’hyperinflation.
Il va sans dire que les inquiétantes perspectives globales de l’économie algérienne pour les quelques prochaines années laissent, par ailleurs, redouter une dangereuse aggravation de la crise sociale, d’autant que le chômage et la pauvreté ne cessent d’augmenter. Les nombreux mouvements de grèves et de protestations, observés dans différents secteurs, en sont d’ailleurs l’ultime manifestation.
Il n’en demeure pas moins que les prévisions du FMI et de la BM viennent surtout rappeler aux Algériens l’urgence impérieuse d’un changement de gouvernance politique, voire peut-être de tout un régime despotique, sans quoi le pays aura peu d’espoir d’échapper aux affres d’un scénario à «la vénézuélienne».