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Depuis quelque temps déjà, avec les développements intenses de la médiasphère, nous vivons une mutation inédite : nous passons de la société civile au spectacle sur la société civile. La semaine médiatique riche vécue par Madame Aicha Chenna, présidente de l’Association solidarité féminine nous offre en effet l’opportunité de réfléchir aux rapports entre discours social et sa représentation médiatique notamment via le média le plus puissant, le plus omniprésent, la télévision. Comment interpréter la forte médiatisation vécue par cette dame militante de la cause féminine habituée plutôt à l’action sur le terrain ? Comment a-t-elle géré son passage à l’antenne ? Sa cause est-elle sortie grandie de ces minutes de gloire ? Autrement dit Madame Chenna a-t-elle bien fait de suivre l’appel des sirènes médiatiques ? Comme en d’autres domaines, il n’y a pas de réponse tranchée, mais il y a débat et on peut dire d’emblée que ces passages répétés sur la télévision, notamment 2M, vont marquer le parcours de cette dame. Il y aura désormais un avant et un après. De toutes les manières, on ne sort pas indemne d’une télévision : une autre Madame Chenna est née le lendemain des « points sur les i ».
Bien sûr, il y a plusieurs niveaux d’analyse quand on aborde ce genre de débat. Il y a d’abord, « le point de vue naïf » qui va comptabiliser cette présence télévisuelle comme un acquis de l’information, comme une « victoire » de la société civile qui deviendrait subitement plus visible. C’est une démarche qui relève de l’âge de l’innocence médiatique, une innocence qui est pure illusion.
On oublie en effet qu’au-delà de cette visibilité, il y a un dispositif médiatique qui impose ses lois d’airain et finit par reconstruire un autre discours, celui de la mise en scène médiatique. Il y a deux composantes dans cette mécanique du dispositif : la visée d’information et la visée de captation et c’est celle-ci qui finit par modeler le discours. Faut-il rappeler qu’en termes discursifs, l’image télévisuelle est l’émanation d’une construction énonciative plurielle : il y a pluralités d’instances énonciatives ; en l’occurrence s’il y a le discours de Madame Chenna, il y avait simultanément le discours de la caméra, de la régie (montage et choix des images à passer), et celui de la diffusion et de sa forme finale de réception. Cette construction en bloc sémantique compact rend l’image télévisuelle peu appropriée pour discriminer, analyser et donc argumenter et expliquer. Cette volonté de captation (éviter que le récepteur zappe) implique un rapport à l’information déterminée non pas par une logique de vérité mais de séduire. Ceci se décline à travers toute une stratégie : le choix de l’invité, le choix des questions…Pourquoi par exemple la télévision n’a jamais pensé inviter Madame Chenna quand elle était une militante associative anonyme ? La hiérarchie des questions posées émanait également d’un souci permanent, celui de rester collé à une certaine actualité…la logique de la télévision est une logique implacable.