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Ahmed Bouidi. Interpeller l’âme humaine

Vendredi 9 Septembre 2022

«Ce qui vient au monde sans rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Cette phrase de René Char sert de credo à l’artiste peintre Ahmed Bouidi. Et c’est justement pour semer le trouble dans l’esprit du spectateur qu’il s’attaque  à la tête d’homme où tout se cogite.

Diplômé de l’Ecole supérieure des Beaux-arts de Casablanca en 1993, cet artiste plasticien  est un passionné, touchant à moult domaines – pédagogue, acteur associatif et dramaturge - ce qui lui confère un avantage par rapport à bon nombre de ses pairs, à commencer par l’absence de clivage abstraction-figuration, d’où cette  tête d’homme intemporelle, flanquée d’un crâne pur qu’il réalise sans se lasser sur toutes les coutures,  sur différents supports et avec des  techniques diverses.

Il réussit en outre la belle prouesse de faire cohabiter des couleurs chaudes et froides recherchant de la sorte une nouvelle approche esthétique et plastique.  Le travail de Bouidi se caractérise par des gestes plus ou moins rapides,  et où la spontanéité n’a pas droit de cité. Ses toiles sont l’aboutissement d’un travail mûrement réfléchi, sans  le moindre détail superflu, ce qui dénote d’une extraordinaire maîtrise de l’instinct, une mobilisation organisée de l’intuition de cette œuvre en devenir.

Ahmed Bouidi interpelle l’âme humaine. Il renvoie par ses crânes rasés à la folie morbide, qu’il oppose à la folie humaine, consciente, laquelle amène le mortel, a priori doué d’intelligence et de liberté,  lorsqu’il est poussé par le désir de possession et de domination,  à opter pour le Mal. Et partant à commettre tous les crimes possibles et inimaginables, à tout pervertir.  Il va sans dire qu’avec la bombe atomique visant  à anéantir le genre humain, la folie du bipède avait atteint son paroxysme.  Une posture exécrable dénoncée par Heidegger : «La bombe atomique a explosé dans le cogito cartésien».

Dès lors l’être pensant n’est plus, cette bombe a fait voler en éclats sa faculté qui le distingue des autres créatures : son discernement.
Que dire, en outre, face à l’indifférence des humains et aussi de leur inaction quant  à la précarité, le dénuement et la misère de leurs semblables.   

Force est de constater que cette folie consciente vers laquelle tend l’esprit humain, trouve sa forme la plus absurde dans l’élevage industriel. Où l’animal, vivant jadis le plus naturellement possible dans des espaces ouverts, s’est vu désormais réduit à vivre enfermé dans des petits espaces où il n’en sort que pour les abattoirs.

L’artiste Ahmed Bouidi invite, par le truchement de ses réalisations, l’homme à se remettre en question afin de repenser sa relation à soi,  à son prochain mais également à tout être vivant. Ce qui passe manifestement par le développement et l’amélioration de l’âme humaine.

Abdelhak Kaiss
Critque d’Art

Libé

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