Afghanistan, cette jeune génération qui forge le futur


AFP
Mardi 7 Mai 2013

Afghanistan, cette jeune génération qui forge le futur
Ils sont journalistes, artistes, politiciens et entrepreneurs... Ces jeunes Afghans modernes, émancipés sous une décennie de présence occidentale, construisent peu à peu leur pays que d’autres fuient, craignant un nouveau conflit.
A moins de deux ans du retrait des forces de l’Otan, que beaucoup voient comme synonyme d’un nouvel embrasement meurtrier, leur parcours, leur motivation et leur quête de progrès s’opposent aux stéréotypes de violence et d’intolérance qui collent toujours à un pays fragilisé par trois décennies de guerre.
“Cette génération a grandi dans les années 1980 et 1990. Elle a connu l’extrême-gauche et l’extrême-droite, le communisme et les talibans, l’émigration, les camps de réfugiés”, liste Omar Sharifi, un analyste de Kaboul.
Plus “conscientes” des évolutions mondiales, mieux “connectées” et surtout “beaucoup plus urbaines” selon M. Sharifi, ces nouvelles élites devront mener le changement dans un pays dont la moitié de la population a moins de 18 ans et 60% moins de 25.
“Je voue une passion à l’Afghanistan. Je l’aime. J’ai des responsabilités à son endroit.” A 29 ans, Jamshid Ibrahimi, qui reçoit l’AFP sur le toit d’un des onze immeubles bâtis par l’une de ses trois entreprises, a atteint son objectif : il est riche.
Avec 3.000 dollars en poche en 2003, les milliards distribués sans compter par la communauté internationale lui ont permis de mettre du beurre dans ses traditionnels épinards.
“Il n’était pas seulement question d’argent, assure-t-il pourtant. Je voulais aussi jouer un rôle dans la reconstruction de l’Afghanistan. Quand je construis mes appartements, je change le visage de Kaboul. Et surtout j’emploie des gens”, se félicite Jamshid, la barbe courte soignée et le costume distingué.
Alka Sadat, une documentariste récompensée à l’étranger, aspire aussi à faire quelque chose” pour les siens. Son oeuvre décrit “les problèmes de beaucoup de gens”, “la vie difficile des femmes afghanes”, “les attaques suicide”, raconte-t-elle.
“Quand je monte mes films, je deviens très triste, ma gorge s’assèche, je pleure. Je pense beaucoup à mes sujets. C’est terrible. Mais c’est mon travail”, observe Alka, volontaire.
Début mars, la réalisatrice de 25 ans a organisé à Herat, capitale de l’ouest afghan, un festival international du film de la femme, première manifestation du genre dans son pays.
Autre oeil de la société, et paradis de la jeunesse afghane, la télévision. Tolo news, première chaîne d’information en continu, brocarde à longueur d’année le landernau politique local. Ses présentateurs, jeunes imberbes aux cheveux gominés, arbitrent les débats entre potentats locaux plus âgés qu’eux.
“C’est le nouveau visage de l’Afghanistan. Ces gens sont plein d’énergie. Ils maîtrisent Internet, ils sont puissants. Si Tolo a tellement de succès, c’est parce qu’ils travaillent ici”, prétend leur rédacteur en chef, Sharif Hassanyar, 28 ans.
Malgré des intimidations et quelques exécutions de journalistes. La rue où se trouve Tolo news fourmille de gardes équipés de kalachnikov. “Nous sommes habitués à travailler dans ces conditions. Nous n’avons pas d’armes, de pistolets, seulement des mots”, estime Sharif.
Des mots, c’est aussi ce qu’utilise Shaharzad Akbar, 25 ans, la présidente du mouvement politique 1400 - comme l’année 1400 dans le calendrier persan, que suit l’Afghanistan, soit l’an 2021 -, un rassemblement plutôt élitiste de 250 personnes, généralement jeunes, qui souhaitent influencer le futur afghan.
“Nous faisons partie du nouvel Afghanistan, qui est en construction, lance-t-elle. Ces dix dernières années, une nouvelle génération d’Afghans a reçu une éducation aux standards internationaux. Ses membres sont capables, motivés. Ils veulent travailler pour leur pays.”
Mais dans un Afghanistan où tradition, aînesse et copinage sont valorisés, beaucoup peinent à trouver leur place.


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