Affaire de l’autobus englouti à Bouznika : Bras de fer entre la PJ et les ONG


Rida ADDAM
Samedi 8 Janvier 2011

Affaire de l’autobus englouti à Bouznika : Bras de fer entre la PJ et les ONG
Le drame des 29 passagers décédés de l’autocar englouti par les eaux à Bouznika défraie une fois de plus la chronique. Cette fois-ci le scandale est sérieux. Les ONG et la société civile locale et nationale accusent les autorités locales d’influencer l’enquête diligentée par la police judiciaire de la ville pour accuser le chauffeur de l’autocar et le ministère de l’Equipement et des  Transports. Ce qui a provoqué la grogne des familles, ONG et de la société civile. Ces derniers pour leur part accusent le Conseil de la ville et les services régionaux responsables de l’équipement et de l’aménagement d’être derrière ce drame qui a entraîné la mort de 29 employés. L’affaire qui risque d’éclater dans les jours à venir, est loin de répondre aux attentes  des familles qui réclament toujours que justice soit faite. Ainsi, le bras de fer entre ONG et officiels se poursuit sur les pages de deux rapports contradictoires : celui de la police judiciaire qui défend la thèse des officiels et celui des ONG qui les accuse. Eclairage.
Cette fin de semaine s’annonce bien chaude. Elle coïncide avec un événement symbolique d’une extrême importance pour la société civile nationale : c’est le 40ème jour du décès des 29 passagers de l’autocar emporté par les eaux, le 30 novembre dernier à Bouznika. Cette occasion, commémorée dans une ambiance très tendue marquée par la grogne des familles des victimes, de la société civile et des ONG, est loin d’être un événement à sous-estimer. Regroupées dans le cadre d’une «Association des familles des victimes de l’autocar englouti à Bouznika», les familles et les composantes de la société civile solidaire observent un sit-in dimanche à 16 heures sur les lieux du drame. L’association en profite pour faire entendre sa voix. Des milliers de personnes ont confirmé leur présence à cet événement qui inaugurera une série de manifestations à l’échelle nationale. Plusieurs ONG nationales ont exprimé leur solidarité avec les familles des victimes qui attendent toujours le résultat de l’enquête de la P.J qui traîne depuis 40 jours entre les bureaux du commissariat et les autres administrations, notamment la province de la ville. C’est ce qu’affirme M. Matlouf, militant associatif. D’après lui, «à partir de ce moment symbolique auquel des centaines d’associatifs et politiques ont affirmé leur participation, nous allons nous lancer dans une série de manifestations pour dénoncer le retard volontaire qui marque l’enquête diligentée par les services de la police judiciaire de Bouznika. Une manœuvre pour gagner davantage de temps dans l’intention de préparer un scénario qui innocente les vrais coupables dans cette affaire». De quoi s’agit-il réellement ? «Les intentions des autorités locales qui supervisent indirectement l’enquête de la police judiciaire sont claires dans ce sens : ils veulent orienter le cours de cette enquête pour imputer toute la responsabilité du drame au chauffeur de l’autocar et au ministère de l’Equipement et des transports. Ce qui n’est pas vrai», poursuit ce militant, furieux du déroulement des faits. Une déclaration qui ne ferait certainement pas le bonheur du gouverneur de la ville, du président de la commune de Bouznika et des responsables de la police judiciaire locale. Surtout que des politiques de la région partagent cette vision des choses. Pour leur part, des politiques de la région nous ont affirmé que l’enquête de la police judicaire aurait dévié du bon chemin. Comment? Et pour quelle raison ? Les différents représentants de la société civile qui se montre solidaire avec les familles des 29 victimes, ont leur mot à dire dans ce sens. Suite de la  première page

Ils sont unanimes sur le fait que les officiels de la ville cherchent à dévier les responsabilités dans ce drame pour ne pas les assumer. Et afin d’argumenter leurs positions dans cette affaire, une contre-enquête a été réalisée par une ONG locale. Quelques jours ont suffi à l’ONG pour rendre sa copie dont le résultat est choquant. En un mot : «La réalité est tout autre que celle des officiels. Sur le tas, les preuves sont concrètes et les responsabilités sont claires», déclare Matlouf. Selon le rapport de son ONG, «la responsabilité incombe à la municipalité de Bouznika et aux services responsables de l’équipement de la ville». Est-ce possible? «Evidemment. Le ministère de l’Equipement et du Transports ainsi que le chauffeur n’ont aucune responsabilité dans ce drame. Le chauffeur ne pouvait rien faire face aux torrents  qui ont envahi soudainement le pont. D’ailleurs, il n’était pas le seul à être surpris par les eaux. Les précipitations ont surpris tous les habitants, car c’est du jamais vécu dans cette région», argumente le militant associatif. «Les réelles causes de ce drame remontent à quelques kilomètres du pont. Plus précisément à côté du quartier Essalam sur la route de Benslimane», stipule ledit rapport qui fait allusion au grand chantier des deux résidences fraîchement construites sur cette partie de la ville. Parait-il, «la commune de Bouznika, les ingénieurs de la province et ceux de l’agence urbaine ont provoqué ce drame par négligence. Ce sont eux qui ont autorisé la construction des deux résidences d’Al Omrane et d’un groupe privé sur le cours d’un grand Oued. Pour ce faire, ils ont détourné les eaux vers un petit Oued qui passe sous le pont, lieu du drame. Sans cette initiative non mesurée de la part des responsables de la commune et des services d’équipement et d’aménagement de la ville, ce drame n’aurait jamais eu lieu. Ils n’ont pas prévu  en satisfaisant les caprices des deux promoteurs que des pluies diluviennes s’abattraient un jour sur la ville en y provoquant des torrents d’eau susceptibles de menacer des vies», précise le rapport. Ainsi, le document de l’ONG, qui récuse le scénario des officiels et de la PJ, inaugure le bras de fer prévu dans les jours à venir entre les deux parties. Des enquêtes administratives devraient être menées incessamment par les ministères concernés pour déterminer les manquements éventuels et les dérogations à la loi, opérés par des fonctionnaires et des élus. La justice, quant à elle, devra trancher en dernier ressort. Seule la justice tranchera dans cette affaire dont les victimes sont les 29 morts et leurs familles. «Ces dernières qui promettent de hausser le ton à partir de la semaine prochaine, s’inquiètent de la manière dont l’enquête de la PJ est orientée vers un scénario qui disculpe les vrais coupables pour accuser des innocents», conclut Matlouf.


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