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Affaire Pogba : Les prévenus fixés sur leur sort le 19 décembre

Vendredi 6 Décembre 2024

Le tribunal correctionnel de Paris se prononcera le 19 décembre dans l'affaire impliquant le frère et les amis d'enfance de Paul Pogba, six prévenus dont la défense a demandé la relaxe jeudi, près de trois ans après la séquestration du footballeur en vue d'une extorsion d'argent.

La veille, le ministère public avait requis jusqu'à huit ans de prison pour les cinq amis d'enfance de l'ex-international, et 20.000 euros d'amende.
Envers Mathias, le grand frère de Paul, les magistrates avaient demandé un an de prison ferme aménagé sous bracelet électronique et une amende de 10.000 euros.

Les six prévenus étaient jugés pour leur implication dans ce que l'on a qualifié d'"affaire Pogba": du chantage, des pressions et en point d'orgue une séquestration en mars 2022 sous la menace d'armes à feu dans le but de soutirer 13 millions d'euros au milieu de terrain, qui évoluait à l'époque des faits à Manchester United puis à la Juventus Turin.
"Comment s'est opérée la bascule ?", a interrogé mercredi l'accusation, pour qui l'implication des amis d'enfance et du frère de l'ancien international ne fait aucun doute.

Pendant les trois heures de réquisitoire, les procureures ont évoqué la générosité de Paul Pogba, qui finance l'achat du restaurant de deux prévenus, effectue des virements de plusieurs milliers d'euros, ou encore offre 100.000 euros à chacun de ses amis proches et à ses frères pour leur anniversaire.
"Vous avez créé à son endroit une situation de dépendance financière" qui a "gangrené votre amitié", a dénoncé le ministère public.

Au dernier jour du procès, les avocats de la défense se sont levés tour à tour pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une enquête "bâclée" et des audiences biaisées par les "certitudes" du parquet.

"J'ai l'impression qu'on est dans un Cluedo inversé", a commencé Me Karim Morand-Lahouazi, avocat d'Adama C. "Au lieu de demander à chacun de mettre dans l'enveloppe le nom du coupable, l'arme et le lieu, on nous a dit d'entrée de jeu: c'est le colonel Moutarde avec un chandelier dans la bibliothèque".

"Tous les éléments disculpant les prévenus sont balayés", a renchéri la défense de Mamadou M., accusant cette fois le parquet d'avoir "imaginé un scénario de film d'action".
"Mais tout ça est très romancé", a souri Me Steve Ruben.

Pour la défense, la figure de Paul Pogba, "victime incontestée", aurait motivé des résultats rapides de la part des enquêteurs qui auraient négligé des pistes.

Egalement au coeur des plaidoiries: l'absence de Paul Pogba, principale partie civile.
"Il nous a beaucoup manqué à l'audience", souligne Me Ruben. "Oui, on a lu ses déclarations mais on aurait aimé avoir des réponses à nos interrogations parce qu'il a eu des propos évolutifs", explique l'avocat.
Le footballeur avait fait savoir au premier jour des débats qu'il ne souhaitait pas se présenter à l'audience.

"C'est son droit, évidemment. Mais il est difficile de désigner les coupables quand on ne vient pas répondre aux questions !", poursuit Me Morand-Lahouazi en se tournant vers l'avocate du champion du monde.
"On a jeté en pâture les amis d'enfance, on ne va pas trop chercher, parce que si Paul le dit c'est que c'est vrai...", conclut l'avocat.

"Comment pouvons-nous faire abstraction de la relation entre mon client et Paul Pogba ?", interroge Me Harir, l'avocat de Boubacar C., l'un des plus proches amis du footballeur.
 
Selon lui, l'accusation s'est trop focalisée sur les questions d'argent là où il fallait voir "une histoire sociale" de gamins de banlieue qui bénéficient de l'aide de leur copain qui a réussi.
"Il faut imaginer. On est dans un de ces grands ensembles de l'Île-de-France, la Renardière, dans un contexte modeste, voire la misère", rappelle l'avocat.

Appelé à la barre pour s'exprimer une dernière fois, Boubacar C. a eu un mot pour celui dont il a été le plus proche: "Paul sait qui il est pour moi, je le garderai toujours dans mon coeur".

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