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La nouvelle Constitution consacre la société civile en tant que force de proposition et partenaire à part entière des pouvoirs publics, a expliqué M. Aboudrar dans un entretien à la MAP, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de lutte contre la corruption (6 janvier).
Revenant sur le bilan 2015 en matière de lutte contre la corruption au Maroc, M. Aboudrar a indiqué que trois événements phares ont marqué l'année qui s'est achevée, à savoir la publication «tant attendue» du texte de l'Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption, créée par la Constitution de 2011 en remplacement de l'actuelle ICPC, le lancement par le ministère de la Justice et des Libertés du numéro vert pour dénoncer les actes de corruption à l'échelle nationale et l'adoption par le gouvernement de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.
Les objectifs, les moyens, les responsabilités et les délais sont maintenant clairs et les indicateurs d'évaluation fixés, a noté M. Aboudrar.
Commentant les mesures entreprises par le gouvernement, le responsable a souligné que celles-ci vont dans le bon sens, mais «faute d'une stratégie d'ensemble, les résultats,- quand il y en a,- sont difficilement mesurables».
Il a, à cet égard, rappelé que certains organismes commencent à faire de la publicité pour les sanctions prises (police, gendarmerie, magistrature), soulignant que cela devrait être systématisé. C'est par ailleurs un des rôles de l'Observatoire de la corruption, à mettre en place par la nouvelle Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption, a-t-il dit.
Le président de l'ICPC a également relevé que la stratégie nationale prévoit 239 mesures couvrant les différents aspects du phénomène et s'étale sur 10 ans, soulignant qu'il faudrait récupérer la confiance des citoyens ainsi que leur soutien.
Pour cela, a-t-il estimé, il est important de s'orienter vers eux à commencer par des actions les touchant directement.
A ce sujet, la stratégie accorde la priorité au renforcement des instruments de réception et de traitement des plaintes, à la simplification des procédures, à l'installation des caméras dans les lieux de travail, à l'amélioration du système d'accueil dans les administrations et à la sensibilisation.
Concernant les secteurs les plus touchés par la corruption, M. Aboudrar a indiqué que les enquêtes et les indices publiés reflètent l'ampleur du phénomène dans des secteurs tels la justice, la santé, la sécurité et les communes. Cela est dû au fait qu'ils sont en relation directe avec le public au sens large et gèrent chaque jour un flux considérable de citoyens, a-t-il fait savoir.
«Nous privilégions la systématisation de la cartographie des risques, seule à même d'aider à déceler et traiter les points les plus névralgiques, secteur par secteur», a-t-il indiqué.
Selon M. Aboudrar, pour remédier à cette situation, chacun des acteurs doit assumer ses responsabilités, y compris la société civile qui a un rôle important à jouer, notamment en matière de sensibilisation, vu son travail de proximité par nature ainsi que ses actions de plaidoyer, de suivi et d'évaluation des politiques publiques.