Abdelhadi Khairat : Il faut dire la vérité aux citoyens car ce sont eux qui vont payer la facture

Une rencontre organisée par l’Association Mohammedia de la presse et des médias


Mourad Tabet
Lundi 10 Février 2014

Abdelhadi Khairat : Il faut dire la vérité aux citoyens car ce sont eux qui vont payer la facture
Sans détours, ni circonlocutions inutiles, ni langue de bois, Abdelhadi Khairat, directeur responsable de «Libération» et d’«Al Ittihad Al Ichtiraki» a,  comme à son habitude, passé en revue les thèmes chauds de l’actualité lors d’une rencontre organisée, jeudi après-midi, par l’Association Mohammedia de la presse et des médias et animée par Sabah Bendaoud de la Radio nationale et Khalid Kiraoui de MFM.
«Nous vivons sous un gouvernement rétrograde». D’emblée, il a durement critiqué le gouvernement Benkirane. Au moment où le Maroc est considéré comme un partenaire pour la démocratie par l’Union européenne et comme un allié privilégié par les pays du Golfe, et qu’il s’est doté en juillet 2011 d’une Constitution plus avancée que celle de 1996, la politique initiée par l’actuel Exécutif «nous fait régresser», a-t-il déploré. Un seul exemple en atteste : la démarche rétrograde du gouvernement pour l’élaboration des lois organiques. 
Il a également critiqué le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui, selon lui, n’a pas mis fin à l’économie de rente, et qui «n’a pas un agenda clair en ce qui concerne les prochaines échéances». Et de préciser, à ce propos, que «ceux qui tirent les ficelles ne veulent pas lâcher prise». 
Au lieu de trouver des solutions radicales et globales aux multiples dossiers urgents, le gouvernement se contente de bricoler comme il le fait, par exemple, pour faire face à la situation «chaotique» des Caisses de retraite. Une commission nationale a été créée en 2004 pour trouver une solution à cette situation. Après plusieurs années de travail, elle a proposé, en 2009,  une vision qui a été rejetée, et l’on a confié cette tâche à un bureau d’étude international qui a proposé «une approche purement financière» et «a passé sous silence l’approche sociale» à laquelle tiennent les centrales syndicales.
Khairat a expliqué devant un parterre diversifié que le problème des Caisses de retraite au Maroc n’a rien à voir avec leurs semblables des pays occidentaux comme la France.  Il faut poser le problème dans son vrai contexte, car nos caisses ont été pillées. C’est un crime». Et par conséquent, l’approche adoptée pour le résoudre doit prendre en compte cette réalité et il faut, selon Khairat, associer les centrales syndicales quant à la recherche d’une solution au déficit des Caisses de retraite. «Il faut dire la vérité aux gens. Car ils ne connaissent pas la réalité des choses et ne savent pas qu’ils vont payer la facture. Malheureusement, au lieu de faire montre d’objectivité et de dire la vérité aux gens, certains médias versent dans le sensationnel», a-t-il regretté.
Le dirigeant ittihadi a également mis à nu les failles du système d’éducation. «Depuis toujours, on n’aborde pas les problèmes de fond et on se contente de parler seulement de la forme et des instruments de la formation», a-t-il déclaré en déplorant les approches politiques qui ont mené notre système d’éducation à la faillite.
Selon lui, la problématique de l’enseignement a été depuis toujours au centre des préoccupations de l’USFP. A titre d’illustration, il a cité l’apport de deux dirigeants ittihadis, à savoir l’intellectuel Mohamed Abed El Jabri et le sociologue Mohamed Guessous. «Ce dernier avait critiqué la politique de l’enseignement et ses propos ont été débattus lors d’un Conseil de gouvernement et probablement lors d’un Conseil des ministres … pour le châtier», a-t-il révélé. Et d’ajouter d’une façon catégorique :«L’USFP n’a jamais gardé le silence» face à la situation de ce secteur névralgique.  
Quant à la réforme fiscale, le dirigeant ittihadi a affirmé que l’administration fiscale manque terriblement de ressources humaines pour mener à bien sa mission principale, à savoir la collecte des impôts. « On perd énormément d’argent à cause de ce manque d’effectifs », a-t-il expliqué. Il a, en outre, mis le gouvernement au défi de présenter des statistiques exactes concernant l’assiette foncière afférente au secteur agricole. 
«La démocratie n’a qu’un sens et elle est indivisible. Elle peut prendre plusieurs formes, mais sa quintessence demeure unique», a-t-il tranché. Partant, il a appelé à l’élaboration d’une loi qui permette non seulement aux journalistes d’accéder à l’information mais également à tous les citoyens tout en prenant compte du fait que certains dossiers stratégiques ne peuvent être dévoilés qu’après des années comme cela se passe dans les pays démocratiques.
Abdelhadi Khairat a, par ailleurs, expliqué que la presse partisane a joué un rôle important durant les années de plomb. A cette époque, les partis de l’opposition, et à leur tête l’USFP, avaient besoin d’un organe pour faire passer leurs messages politiques, les médias publics étant tous contrôlés par l’Etat. Même si le Maroc a libéralisé le secteur de l’audiovisuel, le champ médiatique reste largement téléguidé. C’est pourquoi, pense-t-il, la raison d’être de la presse partisane est encore valable. «Quand le champ médiatique se libèrera, la presse partisane perdra sa raison d’être», a-t-il dit lors de cette rencontre au terme de laquelle, les dirigeants de l’Association Mohammedia de la presse et des médias ont offert un cadeau symbolique au dirigeant ittihadi. Et c’est l’ancien joueur international, Ahmed Faras, qui a eu l’honneur de le lui remettre.


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