"A l'instar de l'expérience internationale, BAM agit sur l'inflation à travers le canal de la distribution de crédit en essayant de ralentir la consommation et l’investissement. Tenant compte des projections économiques, BAM devrait en toute logique poursuivre son cap restrictif en 2023 afin d'assurer un retour de l'inflation vers son objectif de stabilité des prix", souligne AGR dans son dernier research report intitulé "BAM: le durcissement se poursuit face à la persistance de l'inflation".
Et de préciser que les tensions inflationnistes au Maroc sont alimentées par un double choc. "D'une part, les répercussions de la sécheresse, et d'autre part, la hausse des prix des matières premières à l’international, rapporte la MAP.
En effet, la composante alimentaire s'est appréciée de plus de 20% à fin février 2023. Cette dernière contribue à près du 1/3 au panier du consommateur marocain", explique AGR.
Dans son analyse, publiée à l'issue de la 1ère réunion de politique monétaire de BAM en 2023, AGR affirme que la Banque centrale demeure déterminée à agir contre la persistance des tensions inflationnistes au Maroc, rappelant que pour la 3ème fois consécutive depuis septembre 2022, l’institution décide de relever son taux directeur de 50 points de base (pbs) pour le porter à 3%, soit un plus haut niveau depuis 2014.
"Néanmoins, le niveau du taux actuel est inférieur de 40 pbs par rapport à la moyenne observée durant la période 2001-2012, soit de 3,40%. Cette situation permet aujourd’hui à BAM de disposer d’une certaine marge de manœuvre en matière de conduite de sa politique monétaire restrictive", ajoutent les analystes.
Par ailleurs, AGR souligne que la diffusion du durcissement monétaire de BAM vers la sphère réelle demeure contrastée. D’un côté, le coût de financement du Trésor intègre la normalisation des taux au Maroc avec une hausse généralisée de la courbe primaire. D’un autre côté, les taux débiteurs n’intègrent que partiellement la hausse du TD de 100 pbs en 2022. Ces derniers s’apprécient de seulement 26 pbs au T4-2022 à 4,50%. Pour leur part, les crédits à l’économie devraient afficher une hausse modérée de 4% en 2023.
Sur le plan monétaire, les besoins en liquidité du système bancaire devraient atteindre un record de 87 milliards de dirhams (MMDH) en 2023, en raison de la hausse continue de la circulation fiduciaire, prévoit AGR, relevant que cette tendance de fond est alimentée par un cycle long de faible rémunération de l’épargne nationale. En effet, les DAT (dépôts à terme) 6 mois et 12 mois s’établissent en 2022 à 2,24% et 2,67% en progression de seulement 5 pbs et 14 pbs respectivement en une année, fait savoir la même source.
Face à ce besoin, précise AGR, la Banque centrale continue de maintenir les TMP en ligne avec le TD à travers ses injections de liquidité via les avances à 7 jours et ses instruments à plus long terme, rappelant que BAM a opéré des rachats de BDT au T1-2023 pour près de 16 MMDH.