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A en croire certains témoignages, tout a commencé vers 18h00 après la fin du match opposant l'équipe de la ville contre le Mouloudia Club d'Oujda. Des supporters du Raja de Béni-Mellal ont rejoint le sit-in organisé par des militants du M20 à la Place El Amal et ont commencé à scander les slogans du Mouvement contre le despotisme et la prévarication. Mais, soudain les forces de l'ordre sont intervenues violement contre l'ensemble des protestataires qui n'ont pas mis longtemps à réagir.
Le sit-in s'est transformé alors en un affrontement généralisé qui a débouché sur les boulevards Ahmed El Hansali, FAR, Mohammed V et Place El Massira.
Selon certaines sources, des jets de pierres auraient eu lieu des deux côtés, une voiture aurait été renversée et une autre aurait été brûlée près de la préfecture de la ville. Une des routes menant à la Place El Amal aurait été bloquée par des barrages de pierres. D'autres sources ont confirmé que les vitrines d'une agence bancaire auraient été caillassées par des individus cagoulés.
Une autre version a indiqué que les supporters n'ont aucun lien avec ces incidents et que l'éclatement de ces violences a commencé lorsque des membres du M20 ont commencé à distribuer des tracts appelant à la participation à la marche du 19 février. La tension est montée d'un cran lorsque les forces de l'ordre ont arrêté deux d'entre eux.
Qui dit vrai? Qui dit faux? Difficile de se prononcer. Pourtant, les militants du M20 se déchargent de toute responsabilité dans l'éclatement de ces incidents et rassurent qu'ils ne se reproduiront pas en promettant une marche pacifique la semaine prochaine pour commémorer la création de leur mouvement. De fait, ce 20 février marquera deux anniversaires. Outre le premier relatif à la création du Mouvement marocain éponyme, ce sera également la Journée mondiale de la justice sociale. Née le 26 novembre 2007, celle-ci offre l'occasion à tous les Etats membres de l'ONU de mener des activités concrètes visant à promouvoir les buts et objectifs du Sommet mondial pour le développement social et ceux que l'Assemblée générale des Nations unies a arrêtés lors sa vingt-quatrième session extraordinaire. Elle leur offre aussi l'occasion de se remémorer le fait que la justice sociale est fondée sur l'égalité des droits pour tous les peuples et la possibilité pour tous les êtres humains sans discrimination de bénéficier du progrès économique et social partout dans le monde et que le fait de promouvoir la justice sociale ne consiste pas simplement à augmenter les revenus et à créer des emplois. C'est aussi une question de droits, de dignité et de liberté d'expression, ainsi que d'autonomie économique, sociale et politique.
Aujourd'hui, ce concept est confronté à de grands défis, y compris au Maroc. La pire crise économique mondiale des soixante dernières années qui a provoqué d'énormes perturbations économiques à travers le monde aura des retombées négatives sur notre pays. Le chômage y a atteint un niveau alarmant et celui des jeunes demeure particulièrement préoccupant. La plupart des emplois créés le sont dans le secteur informel et ils se caractérisent par de faibles rémunérations et de mauvaises conditions de travail. Les travailleurs pauvres ou en situation d'emploi vulnérable se multiplient. Le haut niveau d'insatisfaction sociale et le potentiel de troubles sociaux sont donc une source d'inquiétude d'autant plus grandissante qu'ils épousent souvent des demandes pressantes d'équité, de démocratie et de liberté.
Le Maroc qui s'est engagé résolument sur la voie des réformes tant constitutionnelles qu'institutionnelles dérogera-t-il, cette année et en dépit de la concordance des anniversaires, à son refus obstiné de conférer à cette date l'aura qui doit être la sienne ?