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"L'Ukraine ne se rendra jamais", a clamé mercredi le président ukrainien devant le Congrès américain qui l'a acclamé debout à plusieurs reprises.
Comment ne pas penser au "Nous ne nous rendrons jamais", ("We shall never surrender") du Premier ministre britannique, dans l'un des plus célèbres discours de l'Histoire, le 4 juin 1940?
Bien des élus, responsables politiques et journalistes américains avaient, tout au long de la journée, souligné la parallèle entre la venue de Volodymyr Zelensky, peu avant Noël, et la visite il y a 81 ans de Winston Churchill, à la même période.
Hillary Clinton a ainsi loué sur Twitter le "courage churchillien" du chef d'Etat ukrainien, ajoutant: "Notre message doit être le même qu'alors: nous sommes avec vous."
En l'accueillant au Capitole, la patronne de la Chambre des représentants Nancy Pelosi avait convoqué le souvenir du discours qu'y avait prononcé le Premier ministre britannique.
Il avait "dit à l'époque que nous faisions le plus noble travail du monde, en défendant non seulement des foyers et des maisons mais la cause de la liberté dans tous les pays. C'est exactement ce que fait le peuple ukrainien", a-t-elle affirmé.
Comparaison n'est pas raison et la parallèle a bien sûr ses limites, sur la forme et sur le fond.
Winston Churchill s'était attardé trois semaines entre fin décembre 1941 et début janvier 1942, à l'invitation de Franklin D. Roosevelt.
Les historiens relatent que ce long séjour avait porté sur les nerfs de la Première dame Eleanor Roosevelt, qui goûtait peu les longues conversations nocturnes des deux hommes, dans les volutes de cigares et les vapeurs d'alcool.
Le personnel de la Maison Blanche, un rien surpris, s'était plié aux exigences de cet hôte déambulant parfois en pyjama et peignoir en soie: sherry avant le petit-déjeuner, champagne français au déjeuner, vieux brandy au coucher.
De telles excentricités sont impensables en 2022, dans un monde où les transports sont infiniment plus rapides, tandis que les échanges diplomatiques sont beaucoup plus policés et surtout soumis à des conditions de sécurité incomparablement plus sévères.
Le président ukrainien, pour quelques heures seulement à Washington, s'est contenté d'un entretien au coin de feu dans le Bureau oval, avant une conférence de presse conjointe avec Joe Biden.
Winston Churchill s'est risqué à traverser l'océan malgré la menace des sous-marins allemands, tandis que le voyage du chef d'Etat ukrainien, en avion, a été préparé dans le plus grand secret, et annoncé à la dernière minute.
Au Capitole, Volodymyr Zelensky aurait sans doute pu faire sien ce constat de Winston Churchill, peu après l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor.
"Nous faisons face à des puissances énormes. Elles sont acharnées, elles sont sans scrupules", avait dit le Premier ministre aux parlementaires américains, en référence à l'Allemagne nazie et à ses alliés, au premier rang desquels le Japon.
"Et nous voilà ensemble, à défendre tout ce qui est cher au coeur des hommes libres", avait aussi déclaré ce formidable orateur. Mais ici aussi, la comparaison s'arrête.
En arrivant aux Etats-Unis, Winston Churchill avait trouvé un pays ébranlé par l'attaque japonaise sur son propre sol, et entraîné dans un conflit international.
Rien de tel pour Volodymyr Zelensky. Joe Biden a certes répété qu'il soutiendrait l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra". Mais le président américain n'a aucune intention d'envoyer des troupes en Ukraine, et d'engager les Etats-Unis dans une guerre mondiale.