A Londres, les harceleurs ne sont plus seulement punis, mais soignés


Libé
Lundi 16 Janvier 2012

Cela commence souvent par des incidents mineurs, avant de virer au cauchemar, parfois même à l'agression ou au meurtre: le harcèlement fait chaque année des millions de victimes et un centre, unique en son genre, vient d'ouvrir ses portes à Londres pour soigner ceux qui s'y livrent. "Si nous traitons les harceleurs, nous sauverons des vies", explique le Dr Frank Farnham, psychiatre et cofondateur de la Clinique nationale pour le traitement du harcèlement, inaugurée en décembre.
"Il y a un vrai besoin d'un service national coordonné qui puisse proposer des conseils adaptés et des traitements" à ce comportement obsessionnel.
Une femme sur cinq et un homme sur dix seront, à divers degrés, victimes au cours de leur vie de harcèlement, souvent décrit comme une forme de "terrorisme psychologique" ou de "meurtre à petit feu", rappellent les fondateurs de cet établissement, le "premier de ce type au monde", assurent-ils.
Au départ, les harceleurs, souvent d'ex-conjoints, n'occasionnent que des désagréments limités, dont les victimes minimisent l'importance ou dont elles espèrent qu'ils vont bientôt s'arrêter: appels téléphoniques, envoi de mails, de textos ou cadeaux non désirés.
Mais certains poursuivent pendant des mois, parfois même des années, l'objet de leur obsession et les victimes finissent par "souffrir de toutes sortes de maux, anxiété, dépression ou stress post-traumatique", souligne le Dr Farnham. Quand le harcèlement ne débouche pas sur des agressions, des viols ou des crimes: cette pathologie est reconnue au Royaume-Uni comme une composante de plus des trois quarts des affaires de meurtres par d'ex-conjoints. "Dans ce pays, vous avez plus de chance d'être victime de harcèlement que d'une agression", confirme Alexis Bowater, ex-présentatrice de journaux télévisés devenue présidente d'une association de défense de victimes après avoir été elle-même la cible à plusieurs reprises de harceleurs et de menaces de mort. "Ce n'est pas un problème de vedettes. Cela touche des millions de personnes chaque année et il est très important que les autorités s'en occupent sérieusement très en amont" car "essayer d'anticiper le comportement d'un harceleur peut s'avérer une erreur fatale".
Les coupables sont souvent condamnés à des mesures d'éloignement ou à des peines courtes, mais jusqu'à présent, ils n'étaient pas soignés, sauf quand ils présentaient parallèlement des troubles mentaux.
Mais comme les agresseurs sexuels, ce sont souvent des récidivistes et sans traitement, ils recommenceront, explique-t-on au centre de soins. Or, "beaucoup d'entre eux peuvent être soignés", en associant thérapie comportementale et médicaments. La clinique, installée au cœur de l'hôpital Sainte-Anne dans le nord de Londres et chapeautée par le NHS, le service public de santé, va s'occuper de malades envoyés par la police, les tribunaux, les services de probation ou d'autres établissements de soins. Le traitement, qui peut durer plusieurs mois, sera à la charge de ces institutions.
Une avancée d'autant plus importante, aux yeux d'Alexis Bowater, qu'avec les nouvelles technologies, les harceleurs ont "de nouvelles armes dans leur arsenal": plus facile en effet "de traquer une victime sur la Toile que de la suivre dans la rue", comme le montre l'histoire de Matthew, un étudiant de Nottingham, relatée par son association.
Le jeune homme s'est retrouvé un jour la cible des menaces d'un internaute allemand obsédé par sa fiancée, "croisée" sur Facebook. De plus en plus pressant au fil des mois, le harceleur a fait à plusieurs reprises le déplacement depuis Francfort pour se rapprocher de la jeune femme. La troisième fois, il a tué Matthew à coups de couteau.
AFP


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