-
Le CNDH annonce une série d'engagements au 1er Congrès sur les disparitions forcées à Genève
-
Plaidoyer du Maroc à Genève en faveur d’une ratification universelle de la Convention internationale sur les disparitions forcées
-
Abderrahim Chahid : Importance cruciale de la lutte contre l’épidémie à l’approche notamment de l’échéance de l’organisation du Mondial 2030 P
-
Interpellation d’un extrémiste partisan de l’organisation terroriste Daech
-
Nasser Bourita reçoit la DG de l'Agence de développement de l'UA
Le président de la commune rurale et marchand de voix a été condamné à 8 mois de prison avec sursis, à une amende de 80.000 DHS ainsi qu’à l’interdiction de se présenter aux élections pendant 10 ans, soit deux mandats. En première instance, la justice a dit son mot et tenté de réhabiliter la pratique électorale. « Ce verdict plaide en faveur de la transparence, la bonne gouvernance électorale. La sentence prononcée condamne clairement la corruption électorale et déclare la guerre à tous ceux qui tentent de dépraver la démocratie par des pratiques mafieuses qui ont très peu à voir avec l’engagement politique », indique un avocat de Khouribga, prompt à parler d’un procès exemplaire.
La crédibilité du
gouvernement en question
Pour cet homme de gauche, cette affaire ne devrait pas être circonscrite au seul volet juridique. « La dimension politique de cette condamnation ne devrait surtout pas être occultée. Parce qu’un membre du gouvernement Benkirane est au moins interpellé. C’est bien M. Haddad, le ministre du Tourisme, qui était au moment des faits tête de liste MP, cette liste pour laquelle les deux contrevenants à la loi ont appelé à voter moyennant contrepartie sonnante et trébuchante.
M. Haddad a effectivement été élu député de Khouribga. Nommé ministre, il a cédé sa place au deuxième de sa liste. Ce qui ne change rien au dossier. Ces personnes condamnées évoluaient bien dans son sillage. Et tout cela représente une tache noire dans le dossier de ce responsable gouvernemental. C’est véritablement la crédibilité de l’équipe gouvernementale dont le credo est l’assainissement qui est en jeu », affirme notre interlocuteur, fin connaisseur du microcosme politique de la province de Khouribga.
Si juridiquement l’affaire suit son cours, en attendant le procès en appel, elle est en tout cas loin d’être finie politiquement. Dans les rangs de l’opposition, de plus en plus de voix réclament l’ouverture d’une enquête. « Le gouvernement est dans l’obligation morale de le faire. C’est l’un de ses ministres qui est mis directement ou indirectement en cause après la condamnation de deux de ses proches. Tant qu’il n’y a pas enquête, il y aura toujours une odeur de soufre qui poursuivra Lahcen Haddad», soutient ce député de l’opposition.
Un test aussi pour le chef de gouvernement et leader du PJD qui a fait de la bonne gouvernance et de l’éthique dans la gestion de la chose publique un signe extérieur de son mandat. Beaucoup l’attendent déjà sur ce front se posant la question de savoir si Abdelilah Benkirane osera nettoyer les écuries d’Augias. « La présomption d’innocence est la règle dans un Etat de droit. Ministre ou pas, il n’y a aucune raison que M. Haddad n’en bénéficie pas. Les marchands de voix condamnés à Khouribga agissaient pour le compte de la liste harakie que présidait celui qui est devenu ministre du Tourisme. Etait-il au courant ? L’ont-ils fait à sa demande ? Ce sont là autant de questions auxquelles Lahcen Haddad doit impérativement répondre. C’est la crédibilité du gouvernement auquel il appartient qui est aujourd’hui menacée ! », s’exclame ce ténor de l’Union socialiste des forces populaires.
En ces temps de discours sur une justice juste, le gouvernement Benkirane n’avait pas besoin d’une telle affaire, plutôt embarrassante. Pris au piège de la solidarité gouvernementale –le Mouvement populaire est un membre important de la coalition gouvernementale- l’Exécutif pourra-t-il aller jusqu’au bout de ses ambitions de transparence et d’intégrité ?