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A l’évidence, les autorités locales de la ville n’aiment pas la musique. Et encore moins le rap, cette musique qui rassemble et fédère la nouvelle génération. Depuis 6 ans, l’Association «Droubna» organise tous les ans ce festival dédié à la musique rap. Le rendez-vous est devenu incontournable pour les jeunes de Khouribga et sa région. Les musiciens y convergent venant parfois de villes lointaines. «Ça, c’était avant l’élection du nouveau conseil municipal que président désormais les islamistes du PJD. La musique rap n’est pas exactement le genre qu’ils encouragent. Au contraire, et c’est cela le plus grave, ils ont décidé d’interdire cette manifestation musicale. C’est une atteinte grave aux libertés. C’est le droit à la culture qui est bafoué. Ces édiles veulent décider des goûts musicaux des citoyens, décider pour eux ce qu’ils doivent ou pas écouter comme musique », commente cet acteur culturel.
Comment en est-on arrivé là ? Et dans quelles circonstances, le conseil municipal d’une ville a-t-il pu prendre la décision inédite de détruire à coup de bulldozer la scène d’un festival ? Selon des sources bien informées, c’est la députée PJD de Khouribga et 4ème vice-présidente du conseil municipal de la ville qui en assume la lourde responsabilité. Sur sa décision, un bulldozer a été envoyé sur les lieux avec comme instruction de détruire la scène et le chapiteau du festival. L’argument est vite trouvé : la manifestation artistique n’a pas été autorisée. C’est un tout autre son de cloche que font entendre les organisateurs. Selon eux, une demande d’autorisation a bel et bien été déposée auprès des services du conseil municipal dont relève l’exploitation des espaces publics. Impossible de rencontrer la conseillère en charge du dossier qui n’est autre que la députée PJD de la ville. L’édile joue la montre : ni refus ni autorisation d’un festival qui a par ailleurs, assurent ceux de l’Association «Droubna», reçu l’autorisation du gouverneur.
Jeudi dernier, et sans le moindre avis ou sommation, l’œuvre de démolition a commencé sous l’œil satisfait et le regard jubilatoire de militants du PJD. L’image n’est pas sans rappeler celle de destruction des œuvres d’art et autres autodafés commis par les troupes de Daech.
A la faveur des dernières élections communales, la quasi majorité des villes est dirigée par les islamistes du PJD. Ce qui vient de se passer à Khouribga annonce en tout cas la couleur. Une couleur sombre où la culture, les cultures, n’ont pas leur place. Après l’interdiction d’un film qui n’a même pas été visionné par la commission de censure, la condamnation d’une chanteuse légèrement vêtue sur la scène de Mawazine, les oukazes prononcés contre les artistes, écrivains, cinéastes, poètes, hommes et femmes de théâtre qui portent haut la modernité ne feront que se multiplier. C’est en tout cas ce que craignent les défenseurs de l’art, qu’il soit «propre» ou pas.