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Une enquête menée par le Haut commissariat au plan (HCP) entre juin 2009 et janvier 2010 auprès de 8.300 personnes de sexe féminin âgées de 18 à 65 ans résidant dans les différentes régions du Royaume, publiée en janvier mais passée inaperçue, a révélé les résultats suivants : 13% des femmes n’étaient pas libres de s’habiller selon leur choix, 8% contraintes de porter le voile, 22% obligées de l’enlever, 13,5% interdites de quitter leur foyer, 13.6% interdites de consulter un médecin homme, 27% contraintes de cesser de travailler et 27% interdites de rendre visite à leurs parents.
Ces discriminations seraient, selon le HCP, plus présentes dans les milieux pauvres, urbains et auprès des populations les plus vulnérables, du fait de la rareté des ressources, l’accès à ces dernières et leur répartition. Elles traduisent même, ajoute le HCP, une crise d’identité au sein d’une société en passage d’une société traditionnelle et conservatrice à une société moderne, fortement marquée par une suprématie masculine qui domine jalousement l’ensemble de la société en reléguant les femmes, malgré leur investissement grandissant de l’espace politique, à des rôles subalternes.
Mais que nous indiquent ces chiffres? Pour plusieurs activistes féministes, ces chiffres sonnent mal et révèlent que la place de la femme dans la société marocaine est plus que jamais interpellée. Et le débat sur la représentativité politique des femmes aux prochaines élections législatives est là pour nous le rappeler.
En effet, pour certaines d’elles, elles considèrent que malgré les évolutions politiques et institutionnelles, marquées par le renforcement des libertés publiques et des réformes importantes en cours, la progression vers l’établissement d’une société moderne, attribuant un rôle grandissant aux femmes reste un horizon insaisissable. Le poids des représentations patriarcales n’est pas levé et la femme vit encore -à quelques exceptions près- sous l’autorité patriarcale.
Car même si elle peut être, en apparence, affranchie des structures patri-lignagères, son rôle et sa fonction au sein de la famille sont hérités des représentations propres au système de valeurs patri-lignager qui impose toujours la supériorité et l’indépendance masculine, auxquelles la femme doit se soumettre sans discussion.
Le statut féminin fait encore l’objet d’une infériorisation psychologique et morale doublée d’une surveillance constante et méfiante, parfois coercitive.
Une problématique confirmée par le rapport sur « 50 ans de développement humain au Maroc» qui a indiqué que les changements en cours semblent connaître une évolution contradictoire qui renseigne sur l’acuité des défis et des enjeux auxquels est confronté le devenir du pays.
Cette évolution est marquée, selon le rapport, par autant d’avancées significatives que de retards et régressions qui menacent à terme la pérennité des acquis encore fragiles survenus cette dernière décennie. Ainsi, l’on assiste à une présence de plus en plus forte des femmes dans les organisations économiques modernes (entreprises, établissements publics, institutions d’éducation et de santé,...) avec un renforcement de la progression en direction des fonctions à responsabilités. Mais le revers de la médaille, précise le rapport, c’est un reflux quantitatif du salariat féminin en comparaison avec celui des hommes, avec un renforcement de la pauvreté chez la population féminine.
Pourtant, les féministes marocaines ne sont pas dupes. Elles ont la conviction qu’une authentique libération des contraintes subies par les femmes ne se fera pas, tant s’en faut, par le seul miracle de dispositions législatives et constitutionnelles. S’il est vrai que ces dernières ont pu marquer des avancées significatives dans la réduction des inégalités de droits et de fait dans les relations entre hommes et femmes, il n’en reste pas moins que leur pouvoir est limité par «une mentalité collective qui résiste parce qu’elle n’y est pas suffisamment préparée, du fait de l’existence de nombreuses ambiguïtés liées -peut-être davantage qu’ailleurs- à la notion centrale d’identité nationale et personnelle renvoyant à la question d’une modernité propre ».
En définitive, les Marocaines sont convaincues que la question des femmes cristallise l’ampleur de la crise de la société.