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Pour le think tank britannique, MENAF: Le plan d’autonomie représente la proposition "la plus crédible et la plus largement approuvée"
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En application des Hautes Instructions Royales, des aides financières aux familles pour réhabiliter les habitations sinistrées
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Revoir la date de début de l’année fiscale, renforcer le contrôle des finances publiques par le Parlement…
Si aujourd’hui et après quarante ans, la jeunesse de l’USFP organise des rencontres en guise de commémoration, si de nombreux jeunes militants marocains affichent ses photos sur Facebook sans l’avoir connu, des photos légendées par des mots de reconnaissance, c’est que la mémoire populaire ne meurt jamais. C’est que l’histoire n‘oublie que les passagers et les voix mortes. La caravane des martyrs, elle, continue de creuser son bonhomme de chemin. Une caravane dans laquelle Omar Benjelloun occupe le rôle de leader, à côté d’autres icônes de ses camarades, notamment Mehdi Ben Barka et Abderrahim Bouabid. Idéologue de premier ordre pour toute une gauche et meneur d’homme infaillible, Benjelloun était connu comme étant la tête pensante du syndicalisme marocain.
A Tétouan, Guercif, Béni Mellal, Kénitra, Sidi Kacem… et dans plusieurs universités et instituts estudiantins, l’anniversaire de son assassinat ne passe pas inaperçu. Une mémoire vive qui persiste à lui rendre un vibrant hommage, pour toute la dynamique et l’énergie qu’il a pu enclencher chez tous ceux qui sont épris de liberté dans notre pays. Un rendez-vous annuel devenu, depuis l’instant où ses bourreaux ont pensé le faire taire, une fois pour toutes, une grand-messe des fidèles aux valeurs d’une patrie digne de ce sacrifice. Les semeurs de la peur et de la haine ne savaient pas que par là, ils étaient en train de planter d’autres roses éprises de lendemains meilleurs. Qu’un jeune de vingt ans, en 2015, scande des slogans au nom d’Omar ou arbore une banderole avec sa photo est un signe d’échec de ceux ayant voulu imposer le silence au peuple et ses fidèles défenseurs. Mais aussi, un signe de succès du grand projet d’un Maroc libre et démocratique.
Les agresseurs, une fois sortis de prison, par grâce Royale en janvier 2004, ne voulaient jamais reconnaître leur tord. Ils se sont tenus à la version «stupide» qui raconte qu’ils sont partis en conseillers à Omar Benjelloun, pour qu’il revienne sur «ses propos et ses pensées malséants». Les faits sont là, pourtant, l’on ne peut que se demander comment de prétendus conseillers approchent une personne munis de couteaux, de tournevis et de manivelle !? Les faux conseillers, et même à leur âge, savaient bien qu’ils étaient des tueurs, une mission commanditée.
bien avant le 16 mai
A Casablanca, là où Omar était l’ami sincère et fidèle des travailleurs et des démunis, les magouilles des services de renseignements du régime comme celles des obscurantistes se faisaient de plus en plus ressentir. Un 18 décembre 1975, les bourreaux passent à l’acte. Un vrai drame pour toute la classe ouvrière, pour les forces populaires et pour tout un peuple. L’assassinat est prémédité et le guet-apens est avéré. Le terrorisme au Maroc, ce n’est pas avec le 16 mai qu’il avait commencé !
Comment tout cela a-t-il eu lieu ? Tout prêtait à croire que c’était un simple après-midi et que l’inépuisable Omar Benjelloun allait accomplir ses tâches militantes quotidiennes, lui qui s’était entièrement voué à la mise sur pied des organisations militantes. Sortant de chez lui, il avait l’intention de monter son Renault 16. Les intentions du mal, de la terreur et de l’abject avaient décidé autrement. Deux hommes l’approchèrent doucement qu’il ne s’en douta de rien. Un bref échange verbal et des coups mortels. Omar Benjelloun est mort. L’enquête dévoile que les agresseurs ont usé d’un couteau, d’un tournevis, d’une manivelle, et d’autres petites armes blanches. Le petit corps de la grande âme était déjà sans force quand il commençait à subir les coups dans différentes parties du corps. Un assassinat politique venait d’être perpétré. Lui qui dérangeait beaucoup de parties connues et occultes allait continuer sa vie dans leurs dossiers, dans leur mémoire et dans leurs plans de carrière. Son nom les rattrape, alors qu’ils pensent même que tout le monde a oublié !
Les documents de l’enquête font savoir que l’un des deux assassins, Mostafa Khezzar, a été arrêté sur place par des citoyens de passage dans ce boulevard, baptisé aujourd’hui Al Massira Al Khadra. La police ne trouva pas de peine à arrêter son acolyte Ahmed Saâd. Tous les deux sont présentés comme étant des membres de la Chabiba Islamiya. L’on saura après que d’autres personnes politiquement hautement placées sont impliquées, dont Abdelkerim Al Khatib.
Le fondateur de l’actuel PJD avait été nommément cité dans un communiqué de la Chabiba Islamya (jeunesse islamique), mouvement d’Abdelkerim Moutiî. Les termes du communiqué, publié dans le numéro 143 daté du 8 au 15 octobre 1999, de l'hebdomadaire dirigé par Me Ziane, sont on ne peut plus clairs: M. El Khatib serait mouillé jusqu’au cou dans l'assassinat du leader de la gauche marocaine. Comment cela? Il aurait hébergé, pendant une année, le principal accusé impliqué dans l'assassinat d’Omar Benjelloun dans sa ferme située à proximité d’El Jadida.
Né en 1934 à Berguent ou encore Bergam comme l’appellent les gens aujourd’hui, village situé près de la cité ouvrière de Jerada, Omar Benjelloun est l’un des premiers ingénieurs marocains en télécommunications. Lui qui pouvait accomplir plusieurs tâches en même temps, avait décroché un diplôme en droit, en parallèle. Au sein de l’UNFP, formation de l’opposition, et bien qu’il ait des difficultés à convaincre tout le monde, il était respecté pour son abnégation et son dévouement militants. Tout le monde convient aujourd’hui à dire que la nouvelle version de l’UNFP est son œuvre. Car, détenu, il avait consacré son temps à peaufiner l’organisation, mais aussi l’idéologie du parti. Le rapport idéologique de 1975 reste toujours parmi les repères idéologiques de toute une gauche marocaine. Lui et l’autre orientaliste du parti, Mohamed Abed El Jabri, offriront aux congressistes de 1975 un document d’une rare cohérence et d’une grande valeur politique et idéologique. Lui qui a souffert de la bureaucratie syndicale au sein de la centrale UMT avait toujours pensé aux espaces syndicaux davantage libres et permissifs. De cette pensée et de cette action naîtront d’abord des secteurs quasiment autonomes et indépendants qui constitueront les noyaux de la future CDT en 1978, soit trois ans après son assassinat.