Ce coup de filet a été mené dans dix-huit provinces du pays et a permis d'arrêter des policiers et des fonctionnaires, soupçonnés de "possession de documents militaires et de documents confidentiels", a précisé l'agence de presse de Dogan.
Le chef de l'Etat a déclaré la guerre à l'imam Gülen fin 2013, à la faveur d'un scandale de corruption retentissant qui a visé plusieurs de ses proches. M. Erdogan reproche à son ex-allié, qui dirige depuis les Etats-Unis un influent réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises, d'avoir bâti un "Etat parallèle" pour le renverser.
Depuis près de deux ans, l'homme fort du pays a multiplié les poursuites judiciaires et les purges contre les partisans de l'imam Gülen.
La semaine dernière, la police turque a pris d'assaut le siège de deux chaînes de télévision appartenant à une holding proche de M. Gülen visées par une décision judiciaire de mise sous tutelle. Ce raid spectaculaire a été largement dénoncé, en Turquie comme à l'étranger, comme une atteinte à la liberté de la presse.
Poursuivi pour tentative de coup d'Etat, M. Gülen doit être jugé début janvier par contumace devant un tribunal turc.
Cette opération intervient deux jours après la large victoire remportée dimanche aux élections législatives par le parti de M. Erdogan, qui a regagné la majorité absolue des sièges au Parlement perdue cinq mois plus tôt.
Le gouvernement islamo-conservateur turc a fermement rejeté mardi les critiques internationales formulées sur les atteintes à la liberté d'expression en Turquie pendant la campagne des élections législatives qu'il a remportées dimanche.
"Il n'y a pas de pressions sur les médias. Personne n'est forcé à se taire dans ce pays, ce n'est pas le cas", a affirmé le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan dans un entretien accordé à la chaîne d'information NTV.
Les Etats-Unis ont déploré lundi les "pressions" et les "intimidations" visant les médias durant la campagne.
Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont pour leur part reproché au régime du président Recep Tayyip Erdogan des "interventions dans l'autonomie éditoriale des médias".
Lundi encore, la police turque a arrêté deux responsables d'un magazine qui présentait en "une" de son dernier numéro la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan aux législatives comme "le début de la guerre civile en Turquie".
M. Akdogan a par contre justifié mardi les décisions de la justice contre ce qu'il a considéré comme des "écarts" à la loi. "Il ne peut y avoir de bouclier protégeant les médias, vous ne pouvez pas proférer des insultes", a-t-il jugé.
A la veille du scrutin législatif, une cinquantaine de médias internationaux, dont l'AFP, ont envoyé une lettre ouverte au président turc pour lui faire part de leur inquiétude quant aux atteintes à la liberté de la presse en Turquie.
La lettre cite une série d'incidents ces deux derniers mois, notamment deux attaques contre le siège du quotidien Hürriyet et l'assaut de la police contre le siège du groupe de presse d'opposition Koza Ipek Media, ainsi que d'autres poursuites et arrestations.