-
SM le Roi félicite M. Mark Rutte suite à sa nomination au poste de Secrétaire général de l’OTAN
-
Le rapport de Guterres met à mal les séparatistes et leurs commanditaires
-
Décision de la CJUE L’UE et les pays membres expriment leur attachement indéfectible au partenariat stratégique avec le Maroc
-
La politique de l'eau au Maroc: Défis et choix
-
Filomena Mascarenhas Tipote : Le Maroc a soutenu la Guinée-Bissau dès le début de sa lutte pour l’indépendance
« Il s’agit d’une fourgonnette transportant 56 personnes dont 10 femmes. L’accident a eu lieu le matin entre 7H00 et 8H00 », nous a indiqué Hassan Ammari, activiste à Alarm Phone.
Najib Bachiri, président de l’Association environnement et l’Homme, nous a indiqué, de son côté, que le dernier bilan de l’accident est de 19 décès dont une femme. 12 corps ont été transportés vers la morgue de Berkane, 6 vers Saïdia et 3 personnes ont été transportées vers le CHU d’Oujda. «L’une d’entre elles est décédée. Les autres, dont une femme enceinte, sont dans un état critique », nous a précisé Hassan Ammari. Et d’ajouter : « Le bilan aurait été plus lourd si le chauffeur de la fourgonnette n’avait pas ouvert la portière arrière du véhicule avant de prendre la fuite».
Selon Najib Bachiri, il s’agit bien de candidats à la migration irrégulière dont la grande majorité est composée d’Ivoiriens. « Il y a également des Maliens et des Congolais. Ils sont venus, pour la plupart, de Casablanca. L’un d’entre eux est venu d’Agadir. On a recueilli des témoignages de femmes affirmant qu’elles ont laissé leurs enfants chez des amis à Casablanca », nous a-t-il révélé. Et de poursuivre : « Leur destination était probablement Saïdia ou l’une des plages proches de la région et ce n’était donc pas Nador comme le laissent entendre certaines dépêches d’agence. Le fait qu’ils portaient tous des gilets de sauvetage atteste qu’ils étaient proches de leur point d’arrivée et Nador ne peut l’être puisque la distance entre les deux villes est longue. Ceci d’autant plus que cette route dispose d’un point de contrôle de la Gendarmerie Royale non loin de la localité de Ras El Ma». Hassan Ammari soutient la même hypothèse. Pour lui, cette fourgonnette a choisi cette route secondaire pour fuir les contrôles.
Pourtant, Najib Bachiri impute la responsabilité de cet accident au Bureau régional d’investissement agricole qui n’a pas jugé utile et urgent de mettre des garde-fous pour prévenir les risques de chute sur la route secondaire où se trouve le canal d’irrigation en question. « Le canal est invisible puisqu’il est situé sur un virage. Le chauffeur de la fourgonnette a probablement été surpris par l’existence de ce canal et sa manoeuvre impromptue a fait chavirer la fourgonnette. Ce n’est d’ailleurs pas le premier accident du genre survenu en cet endroit».
Pour Hassan Ammari, les décès des candidats à la migration irrégulière sont récurrents sur la route côtière. « Souvent, il y a une ou deux victimes. Mais, c’est la première fois qu’un accident avec un tel bilan se produit ». En fait, les routes terrestres empruntées par les migrants sont aussi meurtrières que le passage par la mer Méditerranée. Un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) daté de 2018 a recensé 1.386 décès sur le continent africain, contre 2.242 en mer faisant de l’Afrique le continent, de loin, le plus meurtrier pour cette catégorie de population. Des chiffres qui restent, cependant, selon l’OIM, incomplets et largement sous-estimés. Une sous-évaluation qui trouve son explication dans le manque de sources de remontées d’informations faute de sources officielles sur la mortalité durant la migration.
L’OIM a indiqué, en outre, que le nombre de morts sur le continent a décru ces deux dernières années, s’établissant en retrait par rapport aux 1.800 victimes de cette route terrestre en 2016, a rapporté le journal Le Monde.
Hassan Ammari estime à ce propos que le drame de Berkane révèle un changement de tactique chez les candidats à la migration. «Auparavant, ce furent les villes de Tanger, Nador et Al Hoceima qui constituaient les points de regroupement de ces candidats avant un éventuel départ vers l’Europe, mais avec l’accroissement des contrôles et la politique de l’éloignement vers le Sud du Maroc ou dans certains villes à l’intérieur du pays, tout a changé », nous a-t-il déclaré. Et de poursuivre que « les réseaux de trafic d’êtres humains ont certainement intégré cette nouvelle donne dans leur manière d’agir et tentent aujourd’hui de récupérer les personnes qui ont été refoulées vers le Sud. En fait, ce n’est pas par hasard que 56 personnes portant des gilets de sauvetage se soient trouvées entassées dans un véhicule de 15 places. Des passeurs ont tout organisé ».
Notre interlocuteur nous a souligné que l’accident en question est un effet pervers de l’approche sécuritaire de la question de la migration irrégulière au niveau du Nord du Maroc qui oblige les migrants, du fait d’une chasse accrue, à inventer d’autres manières pour aller vers l’Europe au risque d’y perdre la vie.
Pour élucider les circonstances de cet accident, une enquête a été ouverte par les autorités compétentes sous la supervision du Parquet compétent. Elle vise également à examiner les ramifications de l’organisation de cette tentative d’immigration irrégulière. Le ministère de l’Intérieur a indiqué à ce propos que les investigations étaient en cours pour arrêter le conducteur du véhicule qui est en fuite.