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l'Europe et l'Afrique. Il a aussi exprimé, en passant, le souhait d’accompagner dans leur développement les
entrepreneurs marocains, vœu qui fait partie de la mission assignée à sa direction de veille à la bonne exécution
des axes d’action adoptés par BERD-Maroc et qui englobe, entre autres, le soutien aux infrastructures
et aux marchés de capitaux…
Libé : Quel regard portez-vous sur la situation économique du Royaume, ainsi que ses perspectives d’avenir ?
Laurent Chabrier : Il faut dire que le Maroc occupe une place de choix, du fait qu’il est au centre de l’une des zones les plus importantes du trafic maritime mondial, eu égard notamment à l’intersection des grandes routes maritimes Nord/Sud et Est/Ouest. Aussi, la très grande proximité géographique de votre pays avec l'Europe (seulement 14 kilomètres, via l'Espagne) lui permet d’être une sorte de trait d'union naturel entre l'Europe et l'Afrique. S’y ajoute, dans la foulée, son appartenance à la «zone MENA-Afrique du Nord-Moyen-Orient», qui lui confère un ancrage particulier parmi les autres pays du pourtour méditerranéen…
Autre point positif à l’actif du Maroc, ses plans de développement récemment mis en place, en particulier par le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, mais aussi ceux mis en branle dans le secteur de l’énergie, sont très prometteurs. Ils ont, en effet, le mérite d’être globaux et inclusifs offrant des réponses cohérentes à des attentes de multiples parties. Toutefois, pour être « complet », certains secteurs dont la santé et l’éducation mériteraient la même attention.
Selon vous, pourquoi la BERD s'est-elle intéressée ces dernières années au Maroc ? Et, à votre avis, à quel niveau se positionne-t-il dans le processus d’émergence par rapport aux efforts entamés et par rapport aussi aux performances des pays émergents ?
En fait, il serait judicieux de rappeler quelques faits. Le Maroc comme la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie ont fait acte de candidature en mai 2011, lors du Sommet du G8 de Deauville pour devenir des pays d’opération. C’est-à-dire des pays dans lequel la BERD peut investir. Le Royaume, à l’instar de l’Egypte avait, cependant, une longueur d’avance dans la mesure où les deux étaient déjà actionnaires de la BERD, condition sine qua non de notre intervention dans un pays, et ce depuis la création de l’institution en 1991.
Pour mémoire, la requête conjointe de ces quatre pays était justifiée par un intérêt commun pour des modes d’intervention innovants. Ces derniers ont, ainsi, été développés pour répondre aux besoins de nos pays d’intervention avec un appui particulier au secteur privé et la mise en place d’outils de financement qui complètent ceux déjà disponibles sur les marchés financiers de chacun d’entre eux.
Si comme d’autres pays de la région, le Maroc a adopté une nouvelle Constitution et met en œuvre de multiples réformes qui supportent le processus d’émergence, sa stabilité politique et sa vision à long terme sont des atouts uniques dans cette région, et sont les gages de sa future réussite.
D’après votre opinion, quels sont les points forts de la BERD-Maroc ?
Notre principal discriminant est certainement notre présence locale, avec une équipe d’une vingtaine de personnes à Casablanca et une antenne à Tanger avant la fin de l’année. Cette implantation s’explique par notre souhait de travailler directement avec les entrepreneurs afin de les accompagner dans leur développement, ceci par le biais d’assistance technique ciblée et de financement. Cette expérience concrète et ce dialogue permanent avec le monde de l’entreprise marocaine nous aident aussi beaucoup dans la compréhension du besoin des entreprises et dans la mise en place de nos solutions de financement conjointes avec les banques commerciales ou les sociétés de microfinance.
Le troisième axe de votre stratégie a trait à l’infrastructure. Comment comptez-vous vous y prendre concrètement ?
Dans ce domaine, nous nous appuyons principalement sur l’expérience acquise dans nos pays d’opération. Un travail conjoint, avec les autorités marocaines en l’occurrence, nous permet d’adosser nos financements à des réformes qui permettent l’évolution graduelle d’un secteur vers le modèle de gouvernance souhaité. A titre exemple, nous travaillons avec l’ONEE, dans le cadre des projets d’électrification et de fourniture de l’eau en milieu rural, à la mise en place de comptes aux normes internationales pour la société, l’intention étant, à terme, de permettre à l’Office national de l'électricité et de l'eau potable de disposer de tous les moyens nécessaires à son autonomie financière.
En clair, il s’agit d’accompagner le développement pérenne et la commercialisation des services publics et de l’infrastructure en participant notamment au financement de projets d’énergie renouvelable, éoliens, solaires, biomasse, et de désalinisation…, en proposant, entre autres, des structures de financement innovantes, telles que le partage de risque ou le financement des projets d’infrastructure par le biais d’émission d’obligation en monnaie locale, et le tout en assistant les municipalités dans l’intégration de principes commerciaux et l’amélioration de leur service.
Avez-vous rencontré des obstacles depuis votre arrivée ? Si oui, de quelle sorte ?
Il faut dire qu’une partie de notre mission réside dans la mise en place d’un cadre intentionnel et administratif propice aux investissements. Ainsi, à titre d’exemple, nous nous sommes attaqués conjointement avec la SFI au chantier des sécurités et des hypothèques. Ceci afin de fluidifier et d’optimiser la valorisation du patrimoine des sociétés et ce faisant, leur permettre de s’endetter de façon plus rationnelle et à des conditions plus avantageuses. Les discussions sur ce sujet, certes complexes, comme d’autres, s’avèrent longues et freinent notre déploiement.
Bio Express
Diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole nationale supérieure des techniques avancées, Laurent Chabrier est directeur au Maroc à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Il est en charge de la supervision des opérations du bureau depuis son ouverture en février 2013. M. Chabrier a travaillé depuis plus de 15 ans à la BERD au sein de l'équipe énergie, comme ingénieur et financier, développant des projets dans la plupart des pays d'opération de la BERD. Avant de rejoindre la BERD, M. Chabrier a travaillé au sein du Groupe Alstom dans l'équipe en charge des fusions et acquisitions où il fut en charge de nombreux projets dans les secteurs de l'énergie et des transports. Il était membre du comité des risques de la société. Auparavant, il a également travaillé au sein de l'administration française pendant cinq ans.